Le 29 mars, les électeurs mahorais sont appelés aux urnes pour un referendum. Ils doivent se prononcer sur le changement de statut de leur collectivité en département.

Collectivité d’outre-mer française depuis 1975, les mahorais ont toujours souhaités rester rattacher à la France et laissent peu d’illusions sur le résultat du scrutin : le "oui" va l’emporté largement. N’en déplaise à l’Union africaine (UA) qui estime l’île sous "occupation française" et qui a demandé le 4 février dernier l’arrêt du processus de départementalisation.

Mais à l’heure de la crise, à quel chantier incommensurable nous attaquons nous ?

A Mayotte tout reste à faire, à commencer par un état civil solide. En effet, l’Insee estime la population à 187 000 habitants, mais officieusement on parle de 250 000 ceci due aux faites que jusqu’ici les déclarations de naissances n’étaient pas obligatoires en mairie mais aussi  à l’immigration clandestine venue des îles voisines de l’archipel des Comores. Jusqu’à récemment, les Mahorais n’avait pas de noms de famille et ont dû en choisir un après la mise en place en 2001 d’une commission de révision de l’état civil chargée de reconstituer les actes manquants à partir des registres existants mais le retard est énorme et une bonne partie de la population n’aurait pas encore d’état civil fiable. De plus on estime le taux de chaumage entre 60 et 70 % et le nombre croissant de clandestins entraîne une explosion de travail au noir. Comment l’Etat va se sortir d’un tel problème ? «On ne peut pas renvoyer 50000 personnes ni en régulariser 50000. Il faudra procéder à des régularisations concertées avec la population» a déclaré Denis Robin, préfet de Mayotte en ajoutant «Il y aurait moins d'immigration clandestine si certains ne fournissaient pas du travail illégal aux sans-papiers». S’ajoute à cela, un mode de vie à changer : la population est musulmane à 98 % ce qui soulève le problème du droit coutumier : la polygamie ne sera plus tolérée, le mariage des femmes ne sera autorisé qu’à partir de 18 ans et plus à partir de 15, et enfin, les cadis (autorités religieuses musulmanes) ne rendrons plus la justice.  Un chantier immense, et une révolution culturelle s’annonce donc pour Mayotte, si elle souhaite bien devenir le 5° département d’outre-mer. 

 

Si le "oui" devait l’emporter, l’assemblée nationale et le Sénat devront se prononcer sur ce changement de statut et ce n’est qu’en 2011 que Mayotte sera officiellement un département français. En 2012 le RSA sera mis en place et correspondra à 25 % du montant métropolitain, et en 2014 Mayotte sera soumise au droit fiscal français…

Pour lutter contre l’immigration clandestine, le gouvernement a débloqué 88 millions d’euros pour relancer la coopération avec l’union des Comores avec comme projets un plan de modernisation de l’agriculture comorienne, ainsi que la rénovation et la modernisation d’une maternité sur l’île voisine d’Anjouan.

Cela sera-t-il suffisant ?