Je me suis réveillé avec une seule envie : me rendormir ! Il faut dire que j’étais bien tranquille au milieu de mes rêves, peinard sous la couette, l’esprit voyageur et le corps au repos.
Seulement voilà, le réveil ne m’a pas oublié. Sa maudite sonnerie s’est mise à jouer sa mauvaise musique à 4 heure 20 minutes et trente trois secondes du matin. J’étais sur le point de l’insulter, pire encore de le jeter par terre, après-tout il le méritait bien ce satané réveil.
Parce que lui, cet instrument de torture qui fait tic-tac à l’infini est toujours ponctuel. Pile poil à l’heure ! Ah, comme je lui en veux de sa précision et de son empressement à vouloir absolument m’obliger à ouvrir les yeux. On dirait que ça l’amuse de me réveiller en pleine nuit. Il ne pourrait pas, de temps en temps, oublié de sonner et m’oublier ?
Mais non, il est là, fidèle à son usage, sans âme, il trône comme un trophée sur ma table de chevet. Il se fait un malin plaisir de m’extirper de mon sommeil, à croire qu’il est jaloux de mon intimité dans les bras de Morphée. C’est le Maître du temps, mais quand-même il n’a pas le droit de faire ce qu’il veut de mes nuits. J’ai bien le droit de me réveiller comme bon il me semble, n’est-ce pas ?
Pire encore, Monsieur le Réveil n’hésite pas à sonner une deuxième fois. Quel toupet ! Il s’impose et m’impose de me lever, il m’ordonne, presque, de mettre fin à ma nuit et de commencer la matinée de bonne humeur. A cette heure-là, plus facile à dire qu’à faire ! Mais il insiste, et je dois obéir. Je n’ai pas vraiment le choix. Trente ans maintenant que je me lève aussi tôt pour aller travailler.
Je n’en peux plus de me lever si tôt, j’en ai marre, ras le bol et la soupière. Je suis fatigué, usé, lessivé et complètement vidé. Il va encore falloir que je tienne toute la journée. Dur, dur d’être un ouvrier ! Finalement, j’aimerais bien me réincarner en réveil matin. Juste pour voir comment c’est un mec au saut du lit, l’esprit vide, le corps déchiqueté et le regard hagard. Le voir comme lui il me voit tous les matins depuis toutes ces années. Abuser de mon autorité et sonner de ma belle sonnerie. Enfin quoi, inverser les rôles… au moins une fois dans ma vie.
Pauvre réveil, je fais un article désagréable sur toi. Et pourtant tu n’es même pas responsable, il faut bien l’avouer. Le coupable, c’est moi. Eh oui, puisque c’est moi qui tous les soirs, comme un imbécile, règle l’heure de la sonnerie. Pauvre dormeur que je suis!