Les rencontres sportives sont toujours de véritables épreuves, des moments d’affrontements où les deux camps mettent toutes les chances de leur côté pour l’emporter. Un laps de temps teinté de frictions, d’animosité ou encore de suspens. Plus l’échéance arrive et plus la sentence prend forme. N’oublions pas que le sport reste un divertissement où peu importe le vainqueur ou le perdant, le public doit passer un bon moment.
Du bon temps, voilà ce qu’il a manqué aux supporters réunis pour le match opposant les équipes d’Al Ahli et d’Al Mosry à Port Saïd en Egypte. Aussitôt le coup de sifflet mettant un terme aux 90 minutes de la rencontre, marquant la victoire du club local, Al Mosry, sur la grande équipe cairote, Al Ahli, 3 buts à 1, retentit et, dans les gradins, se fut la furie.
Un débordement sans précédent, les spectateurs allant sur le terrain pour se battre mais cette fois, pour de vrai. Le bilan est tristement lourd, 74 morts, victimes d’écrasements et de lancers de projectiles et des milliers de blessés.
La ville balnéaire réputée pour ses plages reposantes et touristiques s’est transformée, un soir d’hiver, un terrible champ de bataille. En conséquence, tous les autres matchs de la première division égyptienne ont été suspendus. Mais que s’est-il réellement passé ?
Les ultras d’Al Ahli ont été perçus, durant la « révolution », comme des héros du changement, de la chute du régime tyrannique de Moubarak, une image lourde à porter dans certaines régions qui lui sont restées fidèles.
Il se pourrait donc, que derrière cette mortelle altercation entre partisans du ballon rond, il y ait une vengeance politique. Le rôle des forces de l’ordre jette un soupçon sur cette étrange affaire. Apparemment, les gardiens de la paix, déjà peu nombreux aux abords du stade, ont fait preuve d’un laxisme suspect, n’intervenant qu’à demi-mesure quand les premiers coups ont fusés.
Les adeptes d’Al Ahli accusent le Général Tantoui, chef du Conseil Suprême des forces armées d’avoir orchestré cette funeste mascarade. Les médisances à propos de l’Armée déferlent sur les réseaux sociaux tels Facebook, dont on sait qu’il a été d’une grande aide lors du Printemps Arabe. Certains alimentent même la rumeur en disant que des militaires se sont mêlés aux supporters pour attiser ce flot de violence.
Pourquoi l’Armée n’a pas tenté de séparer les émeutiers ? Est-ce un acte de vengeance contre les tombeurs de Moubarak ? Est-ce une manœuvre habile pour se faire désirer et se rendre inévitable au maintien de la sécurité ? La réponse n’émerge pas et les questions demeurent.
Toutefois, il faut relativiser car des matchs qui débordent cela arrive dans tous les pays, n’a-t-on pas vu des scènes absurdes lors des rencontres PSG-OM, des bancs détruits, des vitrines brisées lors des matchs Ajax-Feyenoord ou encore du sang coulant sur les visages des tifosi lors des derbys milanais. Ne cédons pas à la paranoïa et ne voyons pas des complots de tous les côtés, surtout que les supporters des deux clubs avaient prévus de faire cause commune contre les exactions de l’armée.