la France a rendez-vous avec la démocratie.
Rassembler la gauche puis la France entière dans la justice.
C’est sous un tonner d’applaudissement que Martine Aubry a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle pour une France solidaire et juste. Je suis candidate à l’élection présidentielle dit-elle esquivant les primaires comme si, pour elle, elles n’existaient pas. Bien entendu, c’est voulu, les primaires c’est elle, c’est sa volonté, alors ne pas les prononcer n’est-ce pas se voir gagnante ou bien tout simplement négliger ses adversaires socialistes ? En fait, elle exprime sa légitimité de secrétaire nationale, être au dessus des autres, et se pose ainsi seule au PS à pouvoir combattre contre Sarkozy. Est-ce de la méprise pour ses adversaires, on pourrait le penser, et la question qui vient à l’esprit qu’elle sera sa position si elle venait malgré tout à ne pas être la gagnante de la primaire ne voulant y figurer ? Ira-t-elle à l’élection malgré cela, ou bien espère-t-elle le désistement des autres candidats ? On se refuse à penser qu’il puisse y avoir deux candidats socialistes à l’élection de 2012 !
Je veux rendre à la France sa force, sa dignité, sa sérénité, son unité. Je veux rendre à chacun le gout de l’avenir et l’envie d’un destin commun.
Comme on pouvait s’y attendre ses thèmes sont la fraternité, et la justice dans la république, et puis l’Europe ou elle reste dans la ligne de son père Jacques Delors.
La Dame des 35 heures qui ont mis à mal sa fraternité et lui ont valu l’égoïsme de nombreux salariés, le partage n’était pas leur motivation puisqu’il était générateur de sacrifice salariaux. Comme nous savons qu’elles furent rejetées et donnèrent à la droite un argumentaire qui lui permis de revenir au pouvoir pendant deux mandatures législatives et trois mandatures présidentielles. Cette longue traversée qu’elle subira meurtrie dans son amour de fraternité, ne l’a découragea pas et elle obtint, à la suite de son succès à la mairie de Lille lors des municipales en 2008, au Congrès de Reims une majorité contre Ségolène Royal bien que sa motion fut arrivée en tête, et qui fit, lors du vote des militants supposer une arnaque sur les 102 bulletins de vote sur 67.451 pour Martine Aubry. Le tout contre Ségolène par la gauche du parti avait fait son œuvre.
Nul ne met en doute la morale républicaine de Martine Aubry n’y ses compétences, elle fut plusieurs fois ministre et la dernière fois dans le gouvernement Jospin. Femme de gauche, autoritaire paraît-il, obstinée comme sa mère, qui n’hésite pas au paradoxe de combattre l’alliance avec les centristes pour ses compagnons et de l’accepter pour elle même à Lille avec le Modem et les Verts lors des municipales en 2008. Réélection dont on sait maintenant qu’elle lui permet, après le poste de secrétaire nationale, d’être candidate à l’élection présidentielle de 2012, bien qu’elle avait accepté dans le tout contre Ségolène Royal en 2008 de ne pas y être.
Je me suis donc trompé croyant qu’elle ne se présenterait pas, préférant le secrétariat national ou elle su maintenir les appétits des ténors socialistes et gagner haut la main les élections régionales de 2010. Un président socialiste se doit d’avoir un parti fort et uni ce qui impliquait qu’elle ne se présenterait pas. Elle hésita longtemps, le pacte DSK étant rompu, la voie était libre, et l’on est en droit de penser qu’elle ne s’est décidée qu’à la suite d’un lobbying des cadres de son parti. Jacques Delors son père refusa d’être candidat en son temps à la présidentielle, mais il à toujours pensé qu’en politique, elle était meilleure que lui disait-il en 2008 après son élection au Lille.
Pour la droite, c’est la caricature d’un parti qui n’évolue pas
L’allocution de Martine Aubry
Redresser la France, rassembler les Français dans la justice
Mes chers compatriotes,
J’ai souhaité aujourd’hui m’adresser à vous.
Dans moins d’un an a lieu l’élection présidentielle. La France a rendez-vous avec la démocratie, c’est-à-dire avec elle-même.
Notre pays subit de grands désordres, désordre économique, désordre budgétaire, désordre social, qui entraînent d’autres désordres dans les vies comme dans les lieux de vie. Un pouvoir enfermé dans ses certitudes, a touché à tout sans rien régler.
Je le dis : on ne peut pas innover, créer, soigner, éduquer, et soumettre ces nécessités vitales aux seules lois du marché. On ne peut pas critiquer le pouvoir financier, tout en le laissant continuer ses pratiques détestables. On ne peut pas protéger les Français en imposant les recettes libérales qui les fragilisent.
On ne gouverne pas en opposant les jeunes aux plus âgés, les travailleurs aux chômeurs, les Français aux étrangers. On ne préside pas la France sans porter haut ses valeurs et son identité, qui ont fait l’admiration du monde. Derrière l’apparence de l’énergie, trop souvent confondue avec l’agitation, ce pouvoir a surtout une réalité : une politique injuste exclusivement menée au profit des privilégiés.
Il est temps, il est grand temps que cela change vraiment.
Je veux rendre à la France sa force, sa sérénité, son unité.
Je veux redonner à chacun le goût de l’avenir et l’envie d’un destin en commun.
Aussi, j’ai décidé de proposer ma candidature à l’élection présidentielle.
Oui, la France connait des heures difficiles. Mais je suis résolue à me battre de toutes mes forces pour lui redonner avec vous un avenir. Il n’est pas de plus beau combat, il n’est pas de mission plus noble.
J’ai la conviction que face aux multiples défis de notre monde, une vision claire, une action cohérente et un langage de vérité permettront de récréer de la confiance, de redresser notre pays et de le rassembler dans la justice. La peur, le repli sur soi et le défaitisme : ce n’est pas la France!
Je vous le dis ici dans ma ville de Lille, capitale d’une grande région industrielle où rien n’a jamais été donné, où tout a été conquis par le courage des femmes et des hommes. Lille, terre d’hospitalité pour ceux venus d’ailleurs, qui contribuent aujourd’hui à notre prospérité. Lille, que j’aime tant, qui m’a tant donné et qui m’a tant appris.
Je vous le dis en m’appuyant sur ce que j’ai de plus cher, les valeurs transmises par ma famille : la morale, le sens de la justice et le goût des autres. Je puise ma force dans mes convictions de toujours, celles de la République et celles de la gauche. Pour moi, la liberté rime avec l’égalité, pour donner à chacune et chacun les moyens de construire sa vie. Pour moi, seule la fraternité permet une société apaisée où chacun donne le meilleur de lui-même aux autres. Pour moi, la laïcité est une valeur inestimable que nous devons protéger précieusement.
Je le dis aussi après trois années de travail à la tête du Parti Socialiste, confiante dans le grand projet du changement que nous avons préparé tous ensemble pour répondre à vos attentes et aux besoins du pays. J’ai vu, j’ai entendu, j’ai écouté, j’ai échangé avec beaucoup d’entre vous.
Les difficultés et même la colère sont là, mais le désir d’agir pour que notre pays retrouve un sens est puissant. Nul n’ignore la situation réelle de la France et la dureté de la crise. Nous aurons des efforts à réaliser, mais je m’y engage, ils seront justement répartis. On ne peut pas demander toujours plus à ceux qui ont peu et donner à ceux qui ont déjà tout. Tout ne sera évidemment pas possible tout de suite, mais nous reprendrons ensemble le chemin du progrès.
Je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous dire que je veux relever le défi d’une France innovante, compétitive et écologique.
Nous avons des ressources puissantes pour être dans le peloton de tête des nations. Nos ouvriers, nos employés, nos cadres, nos agriculteurs, nos entreprises, nos chercheurs, nos artistes, nos créateurs débordent de compétences, d’imagination et d’initiatives. Nos jeunes sont énergiques et créatifs. Il faut leur faire confiance et leur donner les moyens de leur autonomie.
Nous avons tous les atouts pour réussir dans la compétition mondiale en bâtissant, dans une France conquérante, un nouveau modèle économique, social et écologique, qui donnera à la France une génération d’avance.
Je veux aussi restaurer la justice associée à la promesse républicaine.
Les Français doivent pouvoir vivre de leur travail, avec des emplois qui valorisent et permettent de progresser. Les jeunes doivent pouvoir faire des projets de vie et de travail. Les parents doivent pouvoir éduquer et protéger leurs enfants.
Chacun doit avoir accès aux soins et à un logement digne. Nos anciens ont droit à une retraite décente et à une prise en charge de la perte d’autonomie par la solidarité nationale. La sécurité qui est un droit essentiel, doit être assurée : le gouvernement utilise l’insécurité pour faire peur, moi je veux la combattre. Nous nous appuierons sur des services publics rénovés, attentifs à chacun, et sur une fiscalité juste.
Je vous promets de nouvelles conquêtes. L’égalité des droits pour tous, et d’abord entre les femmes et les hommes, doit enfin devenir une réalité. La culture doit être mise en avant pour nous inspirer, nous faire grandir et nous réunir.
Je veux enfin que notre pays retrouve toute sa voix dans le monde.
La France ! Notre France, avec une diplomatie et une défense respectées, doit œuvrer pour la paix, la démocratie et la prospérité du monde!
Et aussi pour l’Europe ! Vous le savez bien, l’Europe est pour moi un combat de toujours. Mais je veux une nouvelle Europe, une Europe qui produit et qui protège, une Europe qui fait respecter de nouvelles règles dans le commerce international, une Europe forte et en même temps solidaire.
Redonner à la France son poids et sa voix, rassembler dans la justice, tout cela sera possible grâce à un vrai souffle démocratique : une présidente qui préside, un gouvernement qui gouverne, un parlement renforcé et respecté, l’indépendance de la justice et des médias assurée, des syndicats et des associations au cœur du changement, une nouvelle décentralisation réelle et démocratique. Il faut oser la démocratie jusqu’au bout, comme nous le faisons avec nos primaires citoyennes !
Mes chers compatriotes de la métropole et des Outremers,
Nous rêvons d’un véritable changement au profit de tous, un changement où les mots se transforment en actes.
Je suis enthousiaste à l’idée d’aller à votre rencontre.
Je veux plus que tout rassembler, rassembler aujourd’hui les femmes et les hommes de gauche, les écologistes et les humanistes, pour que demain en 2012 nous puissions rassembler les Français et la nation toute entière.
Avec votre soutien, avec votre confiance, je prends aujourd’hui devant vous l’engagement de la victoire en 2012.
Vive la République !
Vive la France !
Martine Aubry