des retraites.

 

Non sans avoir murement réfléchit, mais devant l’évidence, et contre son aile gauche au parti socialiste, elle déclare le 17 janvier être ouverte au débat si le président de la République est prêt à travailler véritablement sur la base de principes justes, et pour concrétiser son ouverture elle admet la possibilité d’élargir l’âge de départ en retraite vers 61, voire 62 ans. A-t-elle consulté sa base ? Il semble que non puisque l’entrebâillement de la porte affaiblirait sa position d’après cette aille gauche.

Or, tous les observateurs disent qu’elle a bien joué, d’une part, elle montre un pragmatisme devant l’évidence de l’allongement de la durée de vie, ce qui n’est pas et de loin une prouesse, mais aussi, son parti, c’est à dire elle si elle venait aux commandes, ne pourrait faire autrement que de programmer soit une augmentation de l’âge ou de la période de cotisation, voire même l’augmentation des cotisations ou un panaché des trois. Une position dogmatique de maintien de l’âge de 60 ans dans ce débat sur les retraites serait contre productive pour le futur des socialistes en terme de crédibilité.

Elle s’aligne donc sur les réalistes, François Hollande, Bertrand Delanoë, pour Manuel Valls, c’est en faisant des propositions innovantes que nous deviendront crédibles aux Français. Il a retenu l’idée d’un grand débat national, un pacte entre pouvoir et opposition puisque cette question va se prolonger sur plusieurs gouvernements. Quand à Henri Emmanuelli qui n’a pas apprécié que Martine Aubry bouscule le dogme des 60 ans et Benoit Hamon porte parole, qui clame que le PS reste attaché à l’âge de départ à la retraite à 60 ans, la gauche du PS marque sa réprobation. Ce n’est «pas la position du PS que de reculer l’âge du départ à la retraite», a-t-il affirmé, laissant ouverte la porte à un débat et «une négociation avec les partenaires sociaux». De son côté, Razzy Hammadi, membre de la direction du PS, a déclaré à l’AFP «qu’une position en faveur de l’allongement de la durée de cotisation dans le cadre de la réforme des retraites n’engage ni le PS et son bureau national, ni ses militants qui n’ont à aucun moment été consultés», c’est donc un blocage de la parole de la secrétaire générale. Pour Claude Bartolonne président du Conseil général de la Seine Saint-Denis, il penche pour un débat honnête sur les retraites mettant en avant un allongement de la durée de cotisation. On voit que le PS ne s’est pas débarrassé de ses démons, une cohésion des ténors sur un sujet si important n’est pas encore à l’ordre du jour, mais les courants se sont mis en veilleuse pour ne laisser place qu’à des déclarations.

Pour d’autres, à gauche du parti, le pragmatisme serait celui de l’amélioration de la production et d’en répartir le fruit, mais aussi de régler le problème des jeunes avant de s’attaquer à l’âge de la retraite. En fait tous ont raison, il faudrait, c’est vrai, que nous ayons d’abord du travail, que le chômage soit inexistant ou presque que les charges sociales permettent le financement des retraites, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Mais, il est un paramètre que l’on ne maîtrise pas. C’est celui du nombre de salariés cotisants par rapport à celui des retraités quelques soient les régimes.

L’écart entre les deux évolue de telle sorte qu’il augmente chaque année en fonction de la durée de l’allongement de la vie et de la diminution du nombre de cotisants. Ce rapport s’exprime par le rapport actifs/retraités qui varie en fonction des régimes de retraite. Certains présentent une situation très défavorable, ouvriers de l’État, mines, salariés agricoles, SNCF, tandis que pour d’autres, notamment la fonction publique d’État une nette dégradation est à prévoir dans les années futures.

Pour les salariés du privé, ce rapport varie entre 1,434 pour la CNAVTS, à 1,612 pour le régime complémentaire ARRCO, et 1,549 pour la complémentaire des cadres AGIR, selon les données au premier juillet 2009. Grosso modo on peut dire globalement qu’il est de 1,53 actifs pour un retraité. Mais ce rapport n’est qu’un paramètre dès lors que l’on n’y associe pas les masses financières correspondantes. Or, le nombre de salariés au SMIC ne cesse de croître le blocage des salaires aidant, de sorte que le rapport des masses financières ne permet pas d’envisager pour les futurs retraités une retraite permettant de vivre décemment, il faudrait donc augmenter la durée de cotisation.

La loi du 21 août 2003 sur la réforme des retraites prévoit l’alignement des conditions d’accès à la retraite des fonctionnaires sur celles des salariés du régime général, ainsi que le passage progressif, pour l’ensemble des salariés, du nombre d’années de cotisation à 41 ans entre 2009 et 2012. C’est sur ce point que Martine Aubry veut probablement avoir son mot, d’une part, pour les salariés qui ont eu des conditions de travail pénibles et qui mériteraient de partir dès l’âge de 55 ans, et d’autre part pour ceux qui ont commencés la vie salariale très tôt. En effet, il serait injuste si la retraite au taux plein serait à 62 ans et qu’une personne ayant travaillé dès l’âge de 18 ans se trouve à cotiser 44 années. Mais également le problème des séniors qui sont mis en charge de la société à 56 ans est à débattre pour que des mesures soient prises afin qu’ils terminent leurs années de cotisation. Et là, Martine Aubry devrait s’engager pour que cesse cet abus, nous serions les seuls en Europe à agir de la sorte. Elle mettrait ainsi le gouvernement dans une alternative, on discute, on accepte l’augmentation de l’âge de la retraite, mais vous acceptez nos propositions.    

On peut en effet penser que cette ouverture n’est pas sans arrières pensées, et le donnant donnant de Ségolène Royal pourrait bien être son but. Si le gouvernement se comporte d’une façon dogmatique dans un refus de compromis et que de ce fait un accord républicain sur les retraites ne pourrait être obtenu, Martine Aubry pourra toujours faire valoir que la gauche socialiste, qu’elle représente, est pragmatique et en tirer les profits en termes d’électeurs pour 2012 ou elle apparaît de plus en plus présidentiable.

En fait, à la réunion du PS du 26 janvier, le bureau national a réaffirmé la nécessité de défendre l’âge de la retraite à 60 ans, ce qui montre que même la secrétaire générale du parti ne peut s’avancer sans son assentiment. Aurions-nous mal compris, ou bien se serait-elle mal exprimée. En fait, Martine Aubry ne remettait pas en cause l’âge de départ fixé en 1982 à 60 ans par le gouvernement de Pierre Mauroy de l’époque, mais à celui effectif qui intervient de plus en plus tard par suite des réformes intervenues depuis 1993, mais comment faire autrement ? On peut trouver que sa remise en cause sur une position politique déclarée montre son pragmatisme même lorsque l’on gère un grand parti, ce qui montre le coté démocratique de la politique du PS mais aussi la difficulté de se prononcer sur un sujet aussi sensible que celui des retraites. C’est donc un frein à toute liberté de parole, qui ne serait pas sans conséquence lors d’une campagne présidentielle ou il faut s’exprimer sans avoir le temps de consulter sa base.

C’est un gros handicap au parti socialiste.

Le dogme des 60 ans en fait n’est plus que pour faire plaisir à cette gauche qui s’y accroche sans tenir compte des réalités qui ont évoluées depuis 1982. C’est épisode marque bien la difficulté dans ce parti d’avoir un chef qui mette tout le monde d’accord par son pragmatisme et son aura dès lors que beaucoup peuvent prétendre incarner celle ou celui qui portera les couleurs de la gauche.