Avec la nomination de Abbas El Fassi, le Roi a donné une légitimité aux résultats des élections, chose qu'on lui a reprochée lors de la nomination de Driss Jettou, le premièr ministre sortant, technocrate non élu et non partisan, certes, choisi suivant l'art 24 de la constitution mais on se demandait alors à quoi auront servi les élections si le premier ministre, qui va devoir mener la politique gouvernementale pendant les 5 prochaines années et qui devra présenter un programme, et, à son issue, défendre un bilan devant le parlement, n'est pas issudes urnes.
La nomination de Abbas El Fassi, Secrétaire Général de l’Istiqlal, est le résultat d'un processus démocratique que notre pays a entamé depuis de nombreuses années.
Mais un certain régionalisme arabe/berbère subsiste malgré l’évolution de la société marocaine. Ramener cependant le débat aux régionalismes de tous bords ne fera que le rabaisser. Tous les marocains, sans exception ont loué le travail accompli par Driss Jettou, un berbère, malgré les foudres qu'il a subies pendant les premières années de son mandat et les premiers à le féliciter n’étaient pas ceux de son clan.
Pour la première fois de son histoire, le Maroc a un premier ministre, certes nommé selon la constitution par Roi, mais vainqueur des élections législatives du 7 Septembre dernier. Si la personnalité de Abbas El Fassi est controversée, et qu'il traine, derrière lui et malgré lui, des casseroles sales dans une affaire d'escroquerie à grande échelle de faux contrats de travail de 30 000 jeunes marocains aux émirats et dans laquelle il s'est trouvé, à tort, impliqué alors qu'il était ministre de l'emploi ( on lui a reproché son manque de vigilance même s'il était couvert par des rapports positifs émanant des services du ministère des Affaires Etrangères et de ceux de l'Intérieur qui ont préparé les documents de voyage des contractants), il n'en demeure pas moins un homme d'Etat et un fin politicien.

Avocat de formation, ancien bâtonnier, ancien ministre de l'habitat, ancien ministre de l'artisanat et des affaires sociales, ancien ministre de l'emploi, ancien ambassadeur à Tunis, puis à Paris et enfin secrétaire général du parti de l'Isdtiqlal, il est le gendre du grand leader et fondateur du parti, Allal el Fassi. Sa dernière fonction de "ministre d'Etat" sans portefeuille lui a valu des critiques aussi bien au sein de sa propre formation qu'au sein des médias dits indépendants qui lui vouaient de l'inimitié pour ses activités à la fois protocolaires et floues.
La constitution du bloc AL KOUTLA ( le bloc réunissant al Istiqlal, les socialistes de l'USFP et les ex communistes du PPS ) et les engagements pris en commun à la veille des élections pour faire front au parti islamiste du PJD rendent les coalitions difficiles et complexes. En effet, l'Istiqlal, tout en étant proche socialement de la gauche qu'il a lui même enfantée, est proche idéologiquement du PJD sur les valeurs de l'Islam et sur la nécessité de moraliser la vie publique.
La question qui se pose est : qui du PJD ou de l'USFP sera dans l'opposition ?
Ce qui est certain est que l'USFP dans l'opposition donnera quelque crédit et un grain de sel au parlement et permettra de fondre le PJD dans la majorité en attendant 2012.