Le procès intenté en correctionnelle par Marine Le Pen à l’encontre des éditions Grasset, de Caroline Fourest et Fiametta Venner, a tourné, en l’absence de la plaignante, au déballage, par d’ex-responsables du Front national, du linge sale et des relents de cuisine de la famille du « chef ». La cheftaine louvette Marion Le Pen n’en sort pas grandie…

Caroline Fourest a beau être la bête noire de Riposte laïque et d’autres officines proches du FN, Christine Tasin et Pierre Cassen ne se sont pas bousculés pour faire état de l’audience de vendredi dernier devant la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris.

De même, Riposte laïque n’a pas vraiment commenté la sortie de Jean-Marie Le Pen voyant en sa fille une « petitebourgeoise » n’ayant pas plus de cal aux mains que lui-même.

Il faut dire que le roman familial truqué, déjà mis à mal, en 2011 (et maintes fois antérieurement), par le Marine Le Pen de Fourest et Venner a pris de nouveaux coups… du fait des dépositions d’anciens responsables du Front national.

Ce procès aurait dû se tenir avant les présidentielles et législatives, tous les subterfuges ont été employés par la partie civile (représentée par Me Wallerand de Saint-Just, seul présent) pour qu’il passe inaperçu ou presque.

On peut imaginer que le compte-rendu de Sophie Villeneuve sur le  blogue-notes de Caroline Fourest serait fort partiel et partial. Il n’en est rien (ou peu). Pour ne pas avoir à répondre personnellement, les plaignants (Marion Anne Perrine Le Pen, son père et son compagnon, Louis Aliot, l’un de ses deux ex-époux) ont préféré s’abstenir. Cette politique de la chaise vide a limité le déballage mais sans doute encouragé aussi l’expression de rancœurs qui ont réjoui la défense.

Amples confirmations

Grasset s’attendait à un procès et Me Dominique de Leusse avait très certainement conseillé aux auteures de ne pas trop s’attarder sur ce qu’elles ne pourraient très soigneusement étayer. D’anciens du FN s’en sont chargés sans pouvoir être réfutés.

Jean-Marie Le Pen avait fait de son père un pauvre pêcheur résistant « mort pour la France » alors qu’il n’en est rien, ou fort peu (c’est peut-être, mais non assurément, pour alimenter le marché noir qu’il périt en mer sur une mine qui ne le visait pas particulièrement). La réputation d’avocate de Marine Le Pen serait possiblement aussi usurpée que celle d’un Nicolas Sarkozy et le Pr Jean-Claude Martinez (droit, Assas) est venu s’en gausser en rappelant qu’en faculté, « on » avait su être indulgent avec elle, puis que son travail était suppléé par trois autres avocats. Étudiante très ordinaire, voire médiocre, elle ne serait pas plus une avocate brillante qu’un animal politique, ou alors elle évoquerait surtout « un teckel ».

Huguette Fatna, l’assistante parlementaire de Marine LP était surtout la nounou des trois enfants issus du premier ménage de son employeuse. Il n’est même pas sûr qu’elle ait accompagné Madame au Parlement européen les très rares fois où elle est allée émarger et récolter ses indemnités (soit 100 000 euros par an).

Le FN n’est certes pas le seul parti à recourir à des emplois fictifs mais Carl Lang confirmera les propos de J.-C. Martinez : le personnel de maison familial est rétribué par les contribuables. Bah, cet argent serait de toute façon dépensé et il n’est pas sûr que les ex-Sciences Po du FN soient plus brillants que la cheffe de file du parti lepéniste (beaucoup plus que « national »).

Pour Louis Aliot, les « Auvergnats » d’Hortefeux sont restés des « melons », terme fleurant bon son Algérie colonialiste, et il s’émeut que Jacques Bompard aille racoler leur clientèle électorale (en se faisant prendre en photo avec des représentants de « la population musulmane exogène », selon l’expression de J.-M. Le Pen, d’Orange ou du Vaucluse). L’expression serait récurrente dans sa bouche… au moins en privé ou en compagnie d’autres frontistes.

Passons sur la déposition de l’imprimeur Fernand Le Rachinel, qui s’est dit encore une fois spolié (la dette initiale était de sept millions d’euros) par la famille, le Canard enchaîné a maintes fois révélé les procédés, les intimidations.

Pierrette Le Pen confortée

Outrée par la manière dont elle avait été congédiée, Pierrette Lalanne, ex-épouse Le Pen, qui avait posé en soubrette dénudée dans un magazine masculin, s’était maintes fois exprimée dans la presse, évoquant des détails intimes mais aussi les fraudes fiscales courantes dont elle avait eu à connaître.

Le délibéré de cette affaire de presse, l’une des multiples estée par le FN ou les Le Pen, sera rendu en octobre, mais Caroline Fourest a conclu en estimant que si l’ouvrage était condamné sur un seul point « Marine Le Pen communiquera somme si elle avait fait condamner tout le livre. ». Un attendu pourrait suffire.

Ce jour, à cette heure, on consultera en vain les divers sites du FN pour trouver la version autorisée du compte rendu d’audience. Rappelons que les plaignants réclamaient 12 000 euros…

Certes, le FN a changé, ou plutôt, il a évolué. Mais avant-hier et hier samedi, à Milan, l’Alliance européenne des mouvements nationaux se réunissait. Aube dorée, la formation grecque dont certains membres se transforment en SA, en « chemises brunes » –  en fait, noires – était de la partie, de même que les formations hongroises les plus xénophobes, en sus du parti Jobbik.
Avant les campagnes électorales françaises, Marine Le Pen avait plaidé pour le retrait du FN de cette organisation. Louis Aliot, mardi 3 janvier dernier, assurait sur France Culture que le FN « avait rompu les liens avec le Jobbik ». Ce que démentait aussitôt Bruno Gollinisch, président de l’Alliance.

Le 8 juin 2011, Marine Le Pen déclarait, à Strasbourg (lors de l’une de ses rares visites), « je veux tourner le dos à l’ensemble des mouvements qui ne sont pas sur les mêmes grandes lignes que nous ou qui n’ont pas le sérieux nécessaire pour réfléchir avec nous. Je veux travailler avec des partis crédibles et de tout premier plan. ».

Vendredi dernier, Aube dorée adressait un ultimatum aux « immigrés clandestins » (en fait, à toute population « exogène » non européenne) dans le quotidien Ta Nea. Une « phalange mécanisée » et musclée de 40 motards tout de noir vêtus chasse les vendeurs ambulants et leur donne « une semaine » pour choisir entre valise et cercueil.
Pour partie, on les retrouve au coude à coude avec des militants FN à Milan. Mais il n’y a pas que les clandestins à faire l’objet de pressions musclées en Grèce… et ailleurs.

Il n’est pas du tout sûr que le propriétaire des restaurants lyonnais La Grange et Chez Louise, saccagés ce début juillet par un commando hurlant « La France aux Français » ait eu à affronter des militants du FN (ou d’Œuvre française)… Mohamed et son frère Hamid vont fermer leurs restaurants et il n’est pas du tout évident que leurs fournisseurs électeurs du FN en soient si ravis…

Mais Pierrette Le Pen considérait le FN et son fondateur « indécrottables ». Que Marine Le Pen soit une « petite bourgeoise » ou une « jeune fille bourgeoise » ou une « petite-bourgeoise » y change-t-il quelque chose ? On pourrait le souhaiter. On le constatera lors de la parution de sa prochaine biographie non autorisée…