Entre un président expert dans l’art de l’exploitation des attentats, des panthéonisations, un tout petit peu moins dans celui du redressement de la barre et un ex président pris dans le collimateur de la justice qui nous joue sa dernière carte sous un nouveau patronyme, Marine fraîche et pimpante peut jubiler à son aise. Depuis qu’à force de persévérance, elle a réussi l’exploit de tripolariser la scène politique, la dame forte de ses succès sonnants et trébuchants ne chôme plus. Elle se bat sur tous les fronts : anti Bruxelles, anti austérité, anti islam, quitte à dire une chose et son contraire sans jamais ciller ! 

Ses soldats lui faisant office de pare choc sont à l’oeuvre tous azimuts surtout son inénarrable nièce parachutée qui, malgré un potentiel peu reluisant, semble comme dopée par l’inspiration que lui insuffle son référent intellectuel Renaud Camus, l’inventeur entre autres de l’affirmation choc :" cette société est la première de l’histoire de l’humanité à couvrir d’honneurs ceux qui la détruisent et de boue ceux qui la défendent". 

Comme un enivrant parfum de campagne flotte déjà dans l’Hexagone à plus de deux ans du scrutin. Il faut reconnaître que dans l’état actuel des choses où les crispations de la société française semblent avoir atteint leur point d’orgue avec les attentats de Charlie Hebdo, Marine trouve à profusion du grain à moudre. Notre personnalité politique de l’année se voit déjà en haut de l’affiche après un duel l’opposant à son rival potentiel Alain Juppé…

Après la Russie, la voilà qui prend l’initiative de se rendre au Caire pour y rencontrer la plus haute autorité sunnite d’Al Azhar, le grand imam Ahmed Al Tayeb alors qu’hier encore elle soutenait les élucubrations de Geert Wilders autour de Mein Kampf et du Coran, etc. Et c’est comme par hasard, escorté par le chantre de l’islamophobie Aymeric Chauprade en personne que l’auteur du récent parricide a accompli cette fameuse opération séduction. Celui-la même qui sous prétexte de faire oeuvre de salubrité publique n’a de cesse de crier à tue-tête que le danger qui menace la France n’est rien d’autre que "la cinquième colonne islamiste" .

En tailleur sombre et chemisier col ras du cou, sagement boutonné, anti-mode BHL, la blonde toute en sobriété s’est présentée devant le religieux. A l’en croire, l’entretien s’est avéré fructueux : "convergence de points de vue dans la lutte contre l’extrémisme". Chacun y aurait trouvé son compte. Entre l’imam qui tenait à corriger des opinions infondées sur l’islam et la candidate animée par l’ambition de combattre le salafisme et les courants radicaux. Le tout en quelques dizaines de minutes. On ne sait pas si devant une telle mascarade, on devrait rire ou alors pleurer à très chaudes larmes…