Une femme de 94 ans a été jetée dehors par une maison de retraite. Inexcusable, indéfendable, ce scandale laisse présager un avenir bien sombre. Y sommes – nous préparés ?
J’aurai pu décider de m’insurger contre cette odieuse décision de la maison de retraite, jetant dehors une dame âgée de 94 ans. Une femme sans ressources et alors ? Une femme, dont les enfants refusent apparemment de contribuer à l’entretien de leur mère (et j’insiste lourdement sur le caractère hypothétique de cette affirmation qui fait florès dans les médias=) ? Une Femme de 94 ans, quelques jours après le début de la nouvelle année comme si il fallait coûte que coûte prouver que le « changement c’est maintenant ».
J’aurai pu dénoncer les gabegies de l’administration, dont personne ne parle et qui coûte bien plus de 40.000 euros par jour (nous sommes ici avec cette histoire à 40.000 € pour deux ans).
J’aurai pu dénoncer l’idiotie de notre société, où quelques heures de travail pour certains footballeurs auraient permis à cette dame âgée de 94 ans de passer une fin de vie heureuse et paisible.
J’aurai pu attaquer le nouveau citoyen russe, qu’est Gérard Depardieu en le remerciant au nom de la Dame pour sa belle preuve de générosité en contribuant comme il le fait à la solidarité nationale.
J’aurai pu dénoncer l’état lamentable dans lequel se trouve l’hôpital public, où les infirmières et autres personnels soignants ne peuvent même pas être payés pour les heures supplémentaires, qu’on leur impose de faire. Un compte épargne temps a certes été créé, mais c’est juste pour repousser à plus tard toutes décisions.
J’aurai pu verser une larme en attirant l’attention des grands groupes capitalistes. Ces derniers auraient ainsi pu se contenter de mousseux pendant quelques jours et recueillir les sommes dues en quelques minutes.
J’aurai pu m’insurger contre cette société, qui jette à la rue ces personnes âgées faute d’argent, alors que dans le même temps des hôpitaux publics se lancent dans l’opération de canidés (non, non ce n’ est pas une plaisanterie).
J’aurai pu aussi évoquer mon incompréhension face à notre pays, terre du terrible « J’accuse » et qui semble avoir tout oublié de l’injustice et de ses valeurs.
J’aurai enfin pu m’attaquer aux journalistes, qui une fois de plus démontrent que leur inspiration se trouve dans la très grande majorité des cas dans les multiples baromètres d’audience que dans une liste bien plus restreinte de sujets difficiles et lourds à traiter.
Oui, j’aurai pu tout cela et chaque point aurait pu alors faire l’objet d’une charge contre ce monde dans lequel nous vivons. Et si c’était ma mère ? Mais elle l’est déjà un peu. Je ne vous connais pas et pourtant me sens si proche de vous.
J’aimerai vous dire, que tous vos enfants (et bien évidemment, vous aurez compris que nous le sommes tous un peu) feront en sorte, que cela ne se reproduise plus.
J’aimerai vous dire, que nous allons nous battre pour que cela ne se reproduise plus et que nous serons vigilants à ce que les politiques ne soient pas les seuls décideurs en la matière.
J’aimerai vous dire que les combats de coqs des uns (Coppé-Fillon), les comptes en Suisse des autres, les vapeurs alcoolisées des derniers vont cesser pour faire face à une véritable solidarité vis-à-vis de nos aïeux.
J’aimerai vous dire, que nous sommes tous reconnaissants de ce que vous avez pu faire pour nous. Nous nous souvenons de cette enfance dorée non par les biens ou par l’argent, mais par l’insouciance et le bonheur simple de n’être qu’un enfant.
J’aimerai vous dire, que nous n’oublierons jamais tout l’amour, que vous nous avez porté.
Oui tout cela et bien plus encore, j’aimerai vous le dire. Mais même si nous sommes en pleine période des bonnes résolutions, autant vous l’avouez, j’ai moi – même du mal à y croire. Alors pour pouvoir vous réconforter et vous témoigner de tout mon soutien, il ne me reste plus qu’une chose à faire : Je vous embrasse tendrement et affectueusement.
Bien peu de choses en fait et pourtant,…2013 commence bien mal.