Pourquoi ne pas tomber amoureuse d’un homme marié… On dit souvent que l’amour ne se contrôle pas, mais il faut parfois se forcer à écouter sa raison. "Dans un couple, trois, c’est la foule !". Il est déjà difficile de gérer les problèmes du quotidien dans une vie à deux, si une tierce personne fait son apparition, l’un des protagoniste, voire deux, voire les trois vont inévitablement être blessés. Le plus souvent, c’est la maîtresse qui souffrira le plus, car il est rare qu’un homme quitte sa femme pour elle et même s’il le faisait, elle devra porter la culpabilité d’avoir brisé une famille… et se convaincre qu’elle ne se fera pas plaquer à son tour pour une "nouvelle Autre".

Statistiques déculpabilisantes… pour commencer !

En France, 39% des hommes et 25% des femmes AVOUENT avoir trompé leur partenaire au moins une fois. Sont donc exclus tous les vilains petit(e)s menteur(-se)s et ceux qui considèrent qu’absence de pénétration égal absence d’adultère… Aux Etats Unis, les chiffres sont hallucinants : après 5 ans de mariage, 72% des hommes et 70% des femmes déclarent avoir été, toujours au moins une fois, infidèles. On ne sait pas, en revanche, s’il s’agit de "coups d’un soir" ou de liaison durables.

Pourquoi on va voir l’herbe du jardin de la voisine

Gerard Leleu, médecin psychothérapeuthe, explique que s’il y a adultère ou envie d’adultère, c’est qu’il y a un manque dans le couple, que seul un(e) Autre peut combler. Il est évident que le partenaire habituel ne peut pas compléter son conjoint à 100%, quitte à être l’avocat du Diable, il est presque surhumain d’être monogame toute sa vie. Le Dr Leleu explique qu’il y a risque d’adultère : quand l’un mène une vie impossible à l’autre (pourquoi ? Manque de communication), quand l’un ou l’autre a besoin d’une tendresse devenue impossible voire ridicule face à la monotonie du couple et enfin quand l’épanouissement sexuel n’est plus au rendez-vous. On sait que l’homme cherche à semer ses graines quand la femme cherche la bonne personne avec qui procréer, il est donc biologiquement naturel qu’il y ait plus de maîtresses que d’amants. En outre, la femme aura souvent besoin d’aimer son amant, alors que l’homme peut se contenter de désirer sa maîtresse (mais tout ceci est à mettre au conditionnel : il est des femmes qui cumulent les aventures purement sexuelles et sans sentiment alors que des hommes, souvent très longtemps fidèles à leur femme, vont s’attacher amoureusement à celle qui fera pétiller leur train train…). Avec un nouveau partenaire, on redécouvre le monde, faire l’amour n’a plus le même goût, on fait des choses que souvent on ne fait plus avec son conjoint comme se tenir la main au cinéma ou passer une heure à se regarder dans les yeux, comme pour apprendre par coeur le visage de l’Autre…

Quand la maîtresse a encore le beau rôle…

Au début d’une liaison, elle a le meilleur de son nouvel amant. Pas encore de routine sexuelle, pas de blablas interminables sur sa journée au bureau, pas de belle-famille à supporter, ils se voient avec le plaisir de la nouveauté, l’excitation de l’interdit, ils font l’amour partout, se cachent dans des cafés sombres comme des adolescents, refont le monde, bref, c’est le bonheur.Nulle question de routine ou d’obligation, surtout quand les deux amants sont mariés chacun de leur côté. Si l’on met de côté cette morale judéo-chrétienne qui nous retient bien plus qu’on ne se l’avoue, c’est juste beau. "Deux étrangers qui se rencontrent lalala…", c’est niais mais c’est presque ça. On découvre la douceur d’une nouvelle peau, le goût de baisers tout neufs que l’on aimerait ne jamais arrêter, on caresse des boucles quand on a des cheveux raides à la maison (et réciproquement), on admire de nouvelles courbes, une nouvelle stature de statue grecque, on boit la couleur des yeux bleus de l’autre quand on va rentrer le soir et les planter dans des yeux noirs (et toujours réciproquement !!), on refait tout ce qu’on a oublié avec l’Elue, celle qui porte l’alliance, entrecroiser ses doigts, se frôler sa joue contre Sa joue, s’embrasser dans le cou, s’enivrer de l’odeur (pas du parfum, de l’odeur : phéromones, quand vous nous tenez !) de l’autre. L’idéal serait de s’arrêter là, de ne surtout pas céder à la tentation du sexe, hélas (vraiment hélas ?), le désir est trop fort et la question "Est-ce que si on l’avait fait on se ferait l’effet que l’on se fait ?" ne se posera plus jamais. On l’a fait. Souvent refait sur la lancée. C’était bon, c’était beau, c’était magique. On ose à peine se regarder. On a envie de recommencer. Une fois, dix fois, mille fois. Mais est-ce une si bonne idée ?

La maîtresse ne sera jamais malheureuse si et seulement si…

En fait il existe trois grands types de femmes qui deviennent des maîtresses :
– la première n’a aucune envie de s’engager et trouve parfaitement son compte dans l’idée d’être l’Autre. Elle est persuadée de la véracité de tout ce qui est écrit ci-dessus, autrement dit qu’elle a le meilleur de l’homme interdit, il n’y a que le plaisir, la tendresse, la douceur des prémices… L’acte sexuel devient presque accessoire, voire anecdotique. C’est une sorte "d’amitié-amoureuse" chère aux ados, deux manques se complètent en toute honnêteté, chacun reste à sa place et personne n’est blessée, pas même l’épouse (sauf si elle découvre l’existence de celle qui n’est pourtant pas une rivale)…

– La deuxième est nettement plus inquiétante. Dotée d’un ego démesuré, elle cherche l’homme marié précisément parce qu’il appartient à une autre et ressent une sorte de toute puissance dans ce "vol". C’est ce type de profil qui est décrit dans "Liaison Fatale". Elle devient envahissante, à la limite de l’érotomanie, persuadée que sa proie est fou d’elle et quittera inévitablement sa femme pour lui revenir. Elle est de celles qui appelera au domicile de son amant, raccroche ou insulte si l’épouse décroche, enverra mille textos enflammés et ne laissant aucun doute sur une passion soi-disant partagée et, parfois douée, arrivera à ses fins. L’homme piégé sera rarement heureux…

– Enfin, il reste celle qui tombe par hasard sur un homme déjà pris mais n’en aura cure. Elle ne se contera pas d’instants volés comme la première mais ne ruinera pas la vie de son amant comme la deuxième. Son leitmotiv : "Je me fiche qu’il soit marié, il finira par m’aimer et refaire sa vie avec moi". Elle ne s’encombrera pas de principes à ses yeux dépassés et ne verra aucun inconvénient ni aucune immoralité à cet adultère, partant du principe qu’il n’est plus heureux dans ce ménage déjà mort (puisqu’elle est là !) alors qu’il le sera avec elle. Beaucoup plus fine que la "psychopathe", elle deviendra souvent la deuxième épouse…

Pourquoi certaines craquent

Elles sont amoureuses et ne vivent que par et pour leur amant. Se coupant souvent du monde (les copines mariées qui la jugent, les hommes qui la prennent pour une proie facile…), elle l’attend. Elle passe ses nuits seule, ses Noël, Jour de l’An, Saint Valentin, week ends sont autant de déceptions, elle ne comprend pas, malgré souvent des années à ce régime, qu’elle sera toujours la maîtresse, un divertissement pour lequel aucun homme ne mettrait son couple ou sa famille en péril. Parfois, elle lui fera un enfant dans le dos, persuadée que ce sera pour lui un déclic, toujours en vain. Ces femmes sont victimes d’elles-mêmes car le plus souvent, l’amant annonce tout de suite la couleur : il aime sa femme et ne la quittera pas. Elles passent à côté du bonheur, à côté d’hommes qui pourraient n’être qu’à elles, souvent à côté de la maternité car elles ne veulent pas d’enfant sans père. Elles sont plus à plaindre qu’à blâmer, elles ont souvent un coeur de midinettes et croient dur comme fer qu’il n’y a qu’un seul prince charmant et qu’il s’est trompé de femme.

En définitive, il faut bien comprendre que "la pièce en plus" dans un couple ne doit pas devenir "la pièce en trop". Sans porter de jugement sur l’adultère, on ne peut se permettre de faire des généralités et de condamner tout le monde en bloc. Il est des moments où l’on a juste besoin d’un peu d’air frais pour mieux revenir vers l’Elu(e), "voir ailleurs" est parfois salutaire.

Tout ce qu’on pourrait demander, c’est simplement de l’honnêteté de part et d’autre, décider de la teneur d’une relation et de s’y tenir. Mais se priver de belles choses quand la vie est si courte et parfois si triste, est-ce vraiment insulter la morale ?