Il s’est auto-proclamé président de la république de Guinée, au lendemain de la mort de Lansana Conté. Dadis Camara va faire parler de lui pendant près d’un an, avant de s’éclipser de la plus triste des façons. Aujourd’hui où la Guinée marche dans la voie démocratique à travers d’inédites élections, on se demande bien où se trouve Dadis Camara. 

Tout ce qu’on sait, c’est qu’un véritable cafouillage s’est installé au CNDD (la formation politico-militaire créée par Dadis Camara) après les tueries du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Et que son aide de camp, Aboubacar Diakité l’aurait blessé à la tête avant de disparaître.

Après avoir été évacué au Maroc puis au Burkina Faso pour des soins, Dadis Camara n’a plus donné signe de vie jusqu’à ce qu’on annonce son retrait du pouvoir en janvier 2010. Et depuis, c’est un silence radio sur son actualité. 

Revenons sur son passage à la tête de la Guinée. Au début, son arrivée au pouvoir avait suscité l’espoir auprès du peuple guinéen qui a vite différencié Dadis des autres putschistes. Ancien directeur général des essences et lubrifiants des forces armées guinéennes, il va faire comprendre à la communauté nationale et internationale qu’il a pris le pouvoir pour le rendre à son peuple en le faisant profiter des richesses nationales.

Mais au fil du temps, les guinéens vont vite constater que leur cher président n’a rien de différent du putschiste classique. D’abord, le capitaine Dadis Camara se fait remarquer sur le plan international par son arrogance diplomatique et sur le plan national par sa non considération de l’opposition guinéenne. Ensuite, il adopte une attitude qui fait comprendre à tous que sa promesse de ne pas se présenter aux élections n’était que des paroles en l’air.

L’opposition guinéenne décida alors de montrer son mécontentement à une éventuelle candidature de Dadis Camara à travers un rassemblement de protestation au stade de Conakry le 28 septembre 2009. Malheureusement, plus de 150 personnes vont tomber sous les balles des "bérets rouges", les soldats de la garde républicaine dirigée par Aboubacar Diakité, également aide de camp de Dadis. On les accuse aussi d’avoir violé une centaine de femmes.

Ces tristes événements vont choquer le monde entier et le pouvoir de Dadis va se voir ainsi fragiliser. Jurant qu’il n’a jamais donné l’ordre de tirer sur les manifestants, les regards seront tournés vers Aboubacar Diakité.

Personne n’a connu la vérité sur cette sanglante journée jusqu’à ce que Dadis disparaisse de la scène politique après avoir reçu une balle à la tête. Il s’en est sorti après des soins au Maroc et serait ensuite arrivé au Burkina Faso. Et puis plus rien sur lui. Aucune apparition télévisée. Il a été carrément rangé aux oubliettes car personne ne parle de lui.

C’est à croire que les guinéens veulent tourner le dos à tout ce qui rappelle les moments où le désordre anti démocratique régnait. Aux urnes depuis dimanche pour les premières élections depuis l’indépendance du pays, acquise en 1958, ils aimeraient tout de même savoir ce que devient Dadis Camara.