Faire incarner la « dame de fer » par Meryl Streep, hormis une certaine ressemblance physique, c’est plutôt gentil, tant la star américaine est l’image même de la douceur.  Justement, aux dires de plusieurs critiques, le film de Phyllida Lloyd est très complaisant envers un des personnages les plus détestés d’Angleterre. Grande performance de l’actrice qui lui vaudra peut-être un Oscar, mais pour dire quoi ? 

On est loin de l’admirable « The Queen » avec Helen Mirren qui montrait une reine d’Angleterre plus vraie que nature. La réalisatrice semble s’être efforcée de gommer le côté épouvantable et impitoyable de Margaret Thatcher. C’était une femme à poigne, tant vis-à-vis de l’IRA que contre l’Argentine dans l’affaire des Malouines. Pas de sentiments, dix grévistes de la faim irlandais sont morts, ne l’oublions pas ! Reagan, un autre chantre du libéralisme à tout crin, l’appelait avec admiration : « The best man in England » On aurait pu ajouter de façon triviale : « Elle en avait, la Maggie ! »

Réhabiliter Maggie Thatcher s’imposait-il ? Même si sa fin de vie est plutôt pénible et mérite de la compassion, on ne peut oublier celle qui fut chantée par Renaud. 

Bien peu de responsables politiques se réclament aujourd’hui de cette championne du libéralisme économique qui a étranglé les grèves des mineurs. Mais le film évoque à peine cet épisode. Celle à qui Mitterrand reprochait de ne savoir dire que non doit-elle être montrée sous son meilleur jour ? Même la reine d’Angleterre n’appréciait pas Maggie Thatcher qu’elle trouvait trop dure.

Peu de choses à sauver dans ce film, donc. Meryl Streep y réussit une imitation bluffante, mais en apparence seulement. Nous la montrer aujourd’hui diminuée et n’ayant plus toute sa raison n’a strictement aucun intérêt. Il y a sans doute quelques livres fort bien écrits et mieux documentés qui nous feront découvrir la vraie Margaret Thatcher. Pour ceux que ça intéresse bien entendu.