Voilà déjà 10 ans que je vis en Italie et jusqu’à il y a encore 2-3 ans, lorsque l’on me demandait d’où je venais je disais “Paris”. Je viens du Val de Marne en fait, mais Paris au moins tout le monde connait. J’avais alors comme réponse « Oooooooh Paris ! Bellissimooooo » C’est certain que ça en jette plus que Villeneuve le Roi !
Et puis, il y a eu les incidents en banlieue il y a 5 ans dont la presse italienne a fait grand bruit et depuis le mot « banlieue » (dans le texte) est ressorti régulièrement à toutes les sauces.
En mai dernier, le ministre de l’intérieur Maroni a déclaré que l’Italie était « a rischio banlieue », banlieue d’ailleurs bien souvent écrit sans e final mais bon….. « Rischio banlieue », c’est quoi ça ??? Comme si la banlieue était une maladie, une gangrène ! Tout ça pour dire que depuis quelques temps lorsque l’on me demande d’où je viens, je dis que je viens de la banlieue parisienne et là j’ai des réactions bien différentes à celles que j’avais quand je disais « Paris ». On me dit « Ah la Banlieue !!! ». Ca ne fait plus classe comme avant mais ça impose le respect ! Les gens doivent s’imaginer que faire bruler les bagnoles est une tradition locale et du coup on fait gaffe. Va savoir ce que j’ai dans mon sac ! Ca fait beaucoup rire c’est clair mais à la longue ça m’agace aussi car pour moi, la banlieue c’est avant tout une enfance heureuse et l’école de la vie. C’est vrai que je n’ai pas grandi dans une cité et c’est pourquoi, j’ai certainement une certaine vision de la banlieue. C’était au début des années 70. On habitait ma mère et moi avec mes grands-parents dans un immeuble construit dans les années 30. On s’entassait dans un appartement minuscule sans salle de bain et on partageait les WC sur le palier avec une famille marocaine. Nos autres voisins étaient algériens, portugais ou encore italiens. En face, il y avait des jardins ouvriers, les portugais y faisaient griller des sardines qui parfumaient tout le quartier et les marocains y faisaient pousser de la menthe pour le thé. Pas loin dans les cités, il y avait une pharmacie tenu par un juif pied-noir qui avait une clientèle en grande partie algérienne car il parlait l’arabe. Tout le monde se parlait et vivait dans une bonne entente ou presque. Je n’ai que de bons souvenirs de cette époque et j’ai adoré grandir dans ce brassage de cultures. Je mangeais un jour chez, un jour chez l’autre et si aujourd’hui, je parle plusieurs langues étrangères et je cuisine des plats de tous les pays, je le dois à cette enfance pluriculturelle. Je me sens d’ailleurs chez moi partout où je vais.
Ma banlieue me manque. Quand je vois ce qu’elle est devenue, je ne regrette pas d’être partie mais cette mixité qui me manque, l’odeur de toutes ces cuisines et toutes ces nationalités qui vivent ensemble. Certes, les choses ont changées et j’ai certainement un souvenir très idyllique de la banlieue mais c’est au moins celui que je veux garder.