Madagascar: la lutte de deux égos

Depuis le début de l'année 2009, Antananarivo, la capitale malgache, est le théâtre d'une crise politique majeure opposant le président du pays, Marc Ravalomanana, au jeune maire de la ville, Andry Rajoelina, élu en décembre 2007.

Rassemblés pour la première fois depuis le début de l'affrontement, entre le maire déchu de la capitale et le chef de l'Etat, les partisans du président ont réussi leur pari. Une trentaine de milliers de personnes se sont retrouvées, mardi 10 février, à l'appel du TIM (Tiako'i Madagasikara, "J'aime Madagascar"), le parti au pouvoir, pour réclamer l'arrestation d'Andry Rajoelina.

Pour le journal local, (La gazzette de la grande Ile), ce rassemblement pro-Ravalomanana n'est qu'une "contre-manifestation artificielle". Le journal d'opposition malgache souligne que "les manifestations de masse impressionnantes ont été l'apanage d'Andry Rajoelina, ce qui pourrait accréditer l'idée selon laquelle le pouvoir légitime est de son côté. Marc Ravalomanana se livre donc aujourd'hui à une contre-offensive pour indiquer que son maintien au pouvoir est souhaité par la 'population'.

Le souvenir de la dernière crise politique, qui en 2001 avait bloqué l'économie du pays pendant six mois, hante encore les esprits. «Il ne faut pas que cela recommence. Je veux juste pouvoir nourrir mes enfants», assure un homme qui se déclare sans étiquette. Il renvoie dos à dos maire et président. «À quoi cela sert de faire des massacres. L'un envoie le peuple. L'autre tire. C'est pareil. Il faut juste prier Dieu de nous aider.»

En coulisses, les négociations entre les deux parties ont débuté, mercredi 11 février, sous l'égide des Nations unies et des Eglises locales. Le dialogue sera difficile. Andry Rajoelina exige le départ du président, et compte annoncer la liste de son "gouvernement de transition" d'ici à la fin de la semaine.

Dans les différents incidents qui se sont succédés ce dernier mois, au moins 125 personnes ont perdu la vie, et plusieurs centaines ont été blessées. Chacune des parties se rejette la responsabilité de ces fusillades meurtrières et l'ouverture du dialogue est toujours compromise par le jusqu'au-boutisme des deux protagonistes.