DIABLE !

J’ai fini de lire, hier, pas bien tard, sans laisser à mon grognassou de service le temps de me dire, comme la veille de ce ton plaintif et si tant malheureux que nous connaissons tous "tu veux bien éteindre, s’il-te-plaît ?" (d’ailleurs, il m’arrive fréquemment de lui demander la même chose, ne soyons pas dans le camp des martyres, pas bien, ça, hein, Tristane ?)

Bref, ne nous emmêlons pas les pinceaux (cela vient, en fait, du japonais), J’AI TERMINÉ LA LECTURE DE : "j’ai oublié de la tuer", signé "Tristane Banon". Il est propre, en bon état, sans gribouillage, je l’ai payé 15 balles, je le revends vingt à qui le veut.  Tristane raconte l’enfance et l’adolescence de Flore, qui a été mise au jour en pleine nuit (le premier qui trouve ça drôle, je lui en colle pour 25 euros), confiée à une "salope" (citation) de nounou marocaine (ça sent son travailleur clandé.), par une maman qui lui a dit très vite qu’elle n’aimait pas les enfants. Encore une nana qui n’avait pas lu Dolto (remarquez, sur ses vieux jours, il paraît que Dolto a beaucoup regretté ses théories fumeuses. Moi, je les ai démolies en cinq minutes devant le tribunal des adoptions et ce qu’il en est ressorti, c’est que, non seulement, nos juges ont sans doute fait pipi d’urgence en sortant de là, mais que j’ai gagné mon adoption plénière. Non mais, c’était qui la chienne de mère, hein ? "Touche pas à ma gosse", la petite, là, qui afichait un souverain mépris pour ces bonnes femmes, attitude : "même pas peur ! J’ai ma mère!") Bref, Flore, vous y verrez qui vous voudrez, n’hésite pas à traiter sa mère de pute (ça ma choquée) et à déclarer qu’à onze ans elle s’envoyait en l’air avec un pote de douze, sous le toit de sa maman à lui, parce que les appartements "haussmaniens", c’est vraiment l’horreur et l’ennui et, qu’à treize, on n’avait plus rien à lui apprendre sur la capote et autres petites choses z’utiles. Toujours pleine de fric (ça me console d’être allée raisonner le percepteur des impôts au même âge pour lui démontrer que l’addition de maman était un peu salée, ces vautours innocents qui ne font qu’appliquer des "bââârêmes" et qui me voyait débarquer, mon dossier sous le bras, n’en croyant pas leurs yeux "quel âge avez-vous ? "Cela n’a aucun rapport"). Le soir, nous fêtions le raccourcissement et l’aménagement de la dette fiscale au restaurant du coin, "je le valais bien". Un "routier", parce que les "très grands", il a fallu que j’attende d’avoir la permission de sortir seule (et de maîtriser un peu les mecs, parce que, la main aux fesses, chez nous, pas question). Coton.

Bref, notre Flore est obligée vers 15  ans, d’aller donner des cours d’anglais dans le 9 e où ça grouillait, les Maghrébins, les Turcs…, encore (maintenant, on les a parqués vite fait en banlieue), occupant une petite chambre de bonne (c’est pas Haussman) au 6 e étage, d’où elle se fait larguer deux ans plus tard pour cause de déménagement de la famille. Logée, nourrie : fini. La mère veut bien la récupérer (attention, c’est légal), au fin fond de sa Normandie ou de sa Bretagne pas chère ("Grandeur et Décadence", ça vous dit ?) mais Flore veut rester avec ses copains et plus si affinités. Mais la maman n’a plus autant d’argent qu’ "avant" (Dominique, fallait lui faire une pension si, du moins, nous rétablissons les personnages comme c’est écrit, nous le suggèrent les derniers aveux de Tristane "maman fut la maîtresse de Strauss-Kahn", et même si vous n’êtes pas concerné. Faut partager, mon vieux, faut partager !). Et puis, zut, je serai, exceptionnellement plus polie (profitez-en) que Tristane, qui traite la mère de Flore, par Flore interposée, de "putain". Franchement, lisez, avec passion "le Petit Montagnard des Pyrénées", mais laissez tomber les poncifs plus éculés qu’une paire de pompes de 40 ans d’usage sans entretien, de la blonde Tristane. Maintenant, je sais ce que c’est qu’une "blonde". Celles que je fréquente sont intelligentes et jolies…

Mais mon standing m’interdit de garder ce torche-fesses embourgeoisé (et de la pire, la "coucheuse" à tous les coins de rue, la "soularde", autant  que d’avoir "sniffé" qui s’en vante, dans ma bibliothèque. Ici, personne ne "couche", personne ne "sniffe", boire… reconnaissons que c’est une autre affaire, l’autre soir, il est vrai que j’ai failli rejoindre mon lit, pas à quatre pattes, mais étalée par terre. La maladie me dit : "arrête, tu n’as plus les mêmes moyens". D’accord. La prochaine biture, je me la prendrai couchée…

Lisez Banon, si vous aimez le roman de Gare. Tiens, je vous la fais à cinquante euros, dernier prix, port inclus. Vous aimerez ce côté "Arlequin" (je n’en ai jamais lu, faut pas charrier). 50 euros, parce que je me suis donnée la peine de le lire. Et, comme je l’ai lu pour vous aussi, chaque lecteur (qui ne l’achète pas) me doit bien vingt balles… Et mon temps, alors.