Suite de : L’Uturuncu, stratovolcan ou supervolcan bolivien 1ière Partie.
Les centres de déformation dans les Andes occidentales.
C’est une communication, « A survey of volcano deformation in the central Andes using InSAR : Evidence for deep, slow inflation », faite, en 2001, à la « Réunion d’automne de l’American Geophysical Union », par Matthew E. Pritchard et Mark Simons, professeurs de Géophysique à l’Institut de Technologie de Californie, – ouCaltech(1)-, Passadena, rapportée par le Smithsonian Astrophysical Observatory et la NASA Astrophysics Data System, suivie par la publication, dans la revue Nature, N° 418, le 11 Juillet 2002, d’un article de 4 pages, « A satellite geodetic survey of large-scale deformation of volcanic centres in the Central Andes », qui a déclenché, dans les milieux universitairex américains, ce qu’Andrea Mustain, Rédacteur au OurAmazingPlanet, qualifie de « show » intitulé « Les Experts en Géologie. »
En effet, depuis début 2002, les géologues se pressent par dizaines et affluent vers cette « étrangeté naturelle ». En véritable cohorte, tous lorgnant le même objectif « être le premier à percer le mystère », ils se transforment en détectives pour « étudier » le scénario parfait de l’énigmatique « gonflement, avec une rapidité étonnante » qui affecte la zone crustale d’un volcan du Sud-Ouest de la Bolivie, l’Ituruncu, et inondent la presse scientifique spécialisée d’articles qui, bien que soumis à relecture, ressassent, les auteurs s’y entre-citant dans les bibliographies adjointes, chacun y rajoutant parcimonieusement un petit détail ou un soupçon d’hypothèse, ressassent, inlassablement, les mêmes données initiales pour en conclure à l’identique « Ce que nous essayons de faire, c’est de comprendre pourquoi il y a cette inflation rapide et, à partir de là, essayer de comprendre ce que cela va entraîner… »
Mais ce qui est le plus incompréhensible dans cette escalade d’égos, outre d’assister à une guerre des chefs pour asseoir l’hégémonie d’une université sur toutes les autres, est le fait que l’étude initiale, diligentée par Matthew E. Pritchard et Mark Simons, sur la base de mesures géodésiques satellitaires, et réalisée sur les années 1992 à 2002, porte sur environ 900 volcans des Andes centrales dont 50 classés comme potentiellement actifs, et se suffit à elle-même. Cette enquête établit le constat qu’une déformation, quasi-axisymétrique, affecte quatre centres volcaniques, les stratovolcans Uturuncu, en Bolivie et Hualca-Hualca, – complesxe Nevado Ampato-Sabancaya-Nevado Hualca-Hualca -, au Pérou, la caldeira Robledo, et son dôme de lave Cerro Blanco, au Nord-Est de l’Argentine, et, à la frontière entre le Chili et l’Argentine, le domaine Azufre en périphérie des complexes potentiellement actifs Cordon del Azufre et Lastarria, mais, du moins en apparence, ne leur étant pas associé.
Même si deux d’entre eux se localisent en périphérie immédiate, environ 10 kilomètres, d’édifices volcaniques ayant une activité connue, aucun de ces centres, affectés par une déformation de surface couvrant des emprises de plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre, n’est classé « comme volcan potentiellement actif. »Les profondeurs de ces déformations, inférées à partir des modèles, se situent entre entre 5 et 17 kilomètres de profondeur.
L’enquête menée par Matthew E. Pritchard et Mark Simons, professeurs de Géophysique à l’Institut de Technologie de Californie, et publiée sous le titre « A satellite geodetic survey of large-scale deformation of volcanic centres in the Central Andes » est axée sur la déformation de la surface du sol dans les zones volcaniques, une déformation qui indique, généralement, un mouvement du magma, ou de fluides hydrothermaux, en profondeur. En effet, les stratovolcans ont tendance à présenter une relation complexe entre la déformation et le comportement éruptif. Et comme l’une des caractéristiques éruptives, dans ce type d’édifice volcanique, est une période d’inactivité vulcanienne plus ou moins longue entre deux épisodes éruptifs, il est nécessaire, dans le cadre de leur surveillance, d’observer les stades de déformation, l’inflation ou la subsidence, au niveau de leur bâti, afin de déterminer l’imminence ou non d’une éruption pour un volcan donné.
Le Hualca-Hualca.
Le Hualca-Hualca, culminant à 6.025 mètres d’altitude, est le plus imposant des trois stratovolcans qui forment le complexe Nevado Ampato-Sabancaya-Nevado Hualca-Hualca, mais le Nevado Ampato atteint les 6.288 mètres tandis que le Sabancaya n’excède pas 5.976 mètres de hauteur. Le complexe volcanique est situé dans la Cordillère Occidentale des Andes du Sud péruviennes, à environ 60 miles au nord-ouest d’Arequipa. Le Hualca-Hualca est chapeauté par une grand caldeira sommitale hérissée de nombreux dômes de lave dont une « tour de pierre » impressionnante.
Si le Sabancaya, – langue de feu en langue quechua -, est le plus jeune édifice composant le complexe volcanique et le seule à être rentré en éruption dans les temps historiques, le plus ancien des trois est le Nevado Hualca-Hualca qui peut être daté de la fin du Pliocène ou du début du Pléistocène, 2,5/2,3 Millions d’années BC environ. L’Ampato et le Sabancaya ne sont que légèrement affectés par l’érosion glaciaire et se composent d’une série de dômes de lave alignées le long d’un axe Nord-Ouest/Sud-Ouest
Des trois stratovolcans, le Sabancaya est le seul à avoir une activité éruptive au cours de l’Holocène, une activité principalement de type plinien et/ou phréatique, d’Indice d’Explosivité Volcanique VEI 1 à 3, générant l’émission de volumineuses coulées de laves andésitiques et dacitiques qui forment un large tablier autour du bâti volcanique, et, parfois, des lahars.
Les relevés InSAR ont révélé une déformation dans la zone du complexe volcanique Nevado Ampato-Sabancaya-Nevado Hualca-Hualca de Juin 1992 à mi 1997. Une inflation a été détectée à ~ 2,5 kilomètres du cône Hualca-Hualca et à 7 kilomètres au Nord de Sabancaya. Le taux de déformation maximale a été de ~ 2 centimètres par an. Cette inflation dont la base source se localise entre 11 et 13 kilomètres de profondeur, semble s’être arrêtée à la mi 1997, et semble être liée à l’éruption, en Mai 1997, du Sabancaya.
La caldeira Robledo.
Le Cerro Blanco, sur les cartes argentines, ou la Caldeira Robledo, dans la base de données de l’Institut Smithsonian, – Global Volcanism Program -, qui répertorie, en outre, le dôme de lave rhyolitique localisé dans la partie Sud-Ouest de la caldeira, comme étant le Cerro Blanco, – ou Cerro Blanco del Robledo -, se situe au Nord-Ouest de l’Argentine, proche de la frontière avec le Chili et la Bolivie, dans le secteur oriental de la Cordillère de San Buenaventura, province de Catamarca. Il ne faut pas le confondre avec le Cerro Blanco, dans le centre du Chili, le plus grand stratovolcan andésitique dominant, de ses 3.212 mètres de haut, le complexe volcanique Nevados de Chillán.
La caldeira Robledo, culminant à 4.400 mètres d’altitude, d’âge holocène mais à la date de sa dernière éruption inconnue, 6 kilomètres de diamètre, est située à 80 kilomètres au Sud-Ouest de la caldeira, beaucoup plus ample et mieux connue, Cerro Galán. Elle appartient au complexe volcanique Cerro Blanco posé sur un sous-sol d’âge néo-Protérozoïque-Paléozoïque inférieur et un sol datant de l’époque tertiaure. Les flux pyroclastiques récents proviennent du complexe de caldeiras imbriquées du Cerro Blanco.
La caldeira Robledo se localise au Nord du col de Robledo et au Nord-Nord-Est de La Hoyada. Ses bords topographiques, lui donnant une géométrie en demi-cercle, présentent des signes d’érosion. Partiellement comblée par des flux de ponce et de cendres, la caldeira Cerro Blanco, au différent, a toutes ses arêtes très bien conservées. Les relevés par satellite, réalisés entre le 2 Mai 1992 et le 12 Octobre 2000, montrent une subsidence de la caldeira Robledo, passant d’environ 2,5 à 2 centimètres par an
15 Mars 2013 © Raymond Matabosch
Notes
(1) La Caltech, créée en 1891, est l’une des universités des États-Unis les plus connues dans le monde. Située à Pasadena, dans la banlieue de Los Angeles, elle est à l’origine de plus de trente prix Nobel, de quatre prix Crafoord, et de nombreuses prix américains dans les domaines de la science, de la technologie et de l’ingénierie.
Elle compte près de 500 professeurs et chercheurs, un campus de 2.700 étudiants et le Jet Propulsion Laboratory de la NASA . Elle est impliquée dans la recherche fondamentale, les problèmes scientifiques et techniques dans un esprit interdisciplinaire et collégial et sa mission est d’étendre, en formant des étudiants à fort potentiel créatif, les connaissances humaines par le biais de la recherche intégrée à l’enseignement.