Les relations entre le Japon et la Russie, c’est un peu comme le jeu du chat et de la souris, on se cherche, on se bagarre et finalement, il y a toujours une rancune latente qui ne demande qu’à être apaisée. Les russes et les japonais ont en commun qu’une partie de leur territoire mais ces quelques lopins de terre constituent un point de discorde subsistant depuis des décennies.  Une querelle territoriale qui serait en phase de se terminer sur une « happy end ».

 

Avant tout, un peu d’Histoire pour expliquer les faits. Nous sommes en été 1945, la Guerre se termine, les "méchants" tombent progressivement, la domination japonaise s’écroule tel un château de carte et les troupes de l’Armée Rouge grignotent du territoire dans le Pacifique Nord. L’empire du Soleil Levant vacille et la majorité des îles conquises lors de sa phase de conquête effrénée du début du XXème siècle, sont repris. Dans ce mouvement de récupération, les soldats communistes posent leurs bottes sur les îles Kouriles. Une vengeance pour les russes qui avaient mal digérés la défaite de 1905. Une débâcle honteuse où l’armée japonaise, jugée arriérée par des européens imbus de  leur supériorité, a mis à mal l’armée tsariste et sa glorieuse réputation.

 

L’occupation se veut provisoire en 1945, en vue d’une invasion de l’empire nippon. Finalement pris de court par l’armée américaine et ses deux bombes nucléaire, ce seront les GI qui pousseront Tokyo à rendre les armes. Le Japon se relève difficilement de la défaite et doit faire un trait sur son empirisme galopant.

 

Les frontières du pays sont bornées par un traité signé à San Francisco en septembre 1951, l’autorité nippone ne s’étend pas plus loin que sur ses 4 îles principales, Hokkaido, Shikoku, Honshu, Kyushu. Cependant,  Tokyo souhaite la rétrocession des îles des Kouriles, notamment Habomai et Shikotan, en prétextant qu’elles font partie de la préfecture d’Hokkaido. Les revendications s’appuient sur deux textes paraphés dans le passé. Le traité de Shimoda de 1855 et et le traité de Saint Petersbourg de 1875 stipulant que ces deux morceaux de terres sortis des flots ne font pas partie des Kouriles mais d’Hokkaido.

 

Pour qu’une position formelle soit prise, selon des accords diplomatiques signés par les deux camps le 19 octobre 1956, il faut que la solution passe par des compromis. Premièrement, la paix doit être officielle entre les deux pays, en effet si les canons se sont tus depuis 1945, ce n’est que par un armistice, aucun accord de paix n’existe. Un manque qui risque bien d’être palier. L’ancien premier ministre et nouveau président russe Poutine est favorable à une résolution du contentieux territorial russo-japonais.

 

Une mesure pour nouer des liens économiques plus forts. La Russie souhaite développer la partie extrême orientale du pays en boostant ses livraisons de gaz et faire du Japon, l’un de ses premiers clients dans la région. Vladimir Poutine et le Premier Ministre japonais, Yoshihiko Nada, doivent se rencontrer en mai prochain, à Chicago, pour évoquer le sujet, dans le cadre du G8. Une seconde discussion aura également lieu lors du sommet de coopération économique Asie Pacifique, à Vladivostok en septembre prochain.

 

Toutefois, le débat risque d’être houleux car deux autres îles, Iturup et Kunashir, elles aussi revendiquées par le Japon, ont été omises de l’ordre du jour. Pour l’instant, l’ours et le sumo se regardent, commencent à résoudre les disputes du passé, enterrer la hache de guerre mais ce n’est pas encore demain qu’ils trinqueront ensemble mélangeant vodka et saké.