Ils partaient confiants et certains de leur victoire en vue de l’attribution de la coupe du monde 2018. Et pourtant les anglais ont échoué, vraissemblablement pour d’autres raisons que celles que la presse anglaise répètent en boucle. Car échec est bel et bien celui d’un loobying en panne d’efficacité neuve.
Les médias britanniques n’y sont pas allés de main morte pour exprimer leur déceptoin suite à la décision de la FIFA de confier l’organisation de la coupe du monde de football 2018 à la Russie. Convaincus de leurs forces et de leur probable victoire les anglais se sont montrés d’une mauvaise foi, parfois insultante, et souvent chauvine vis-à-vis de la FIFA, qu’ils accusent, non sans arguments convainquants à l’occasion, de décision partiale.
En effet un rapide tour d’horizon de la presse anglaise suffit pour se convaincre du manque de fair play évident des sujets de sa gracieuse majesté. Apparemment ces derniers ne peuvent se montrer tel que lorsque l’Angleterre triomphe. Bref pour eux seule la victoire de l’Anglettre est gage de décision juste. Rapellons nous pour info que le Daily Telegraph parle de « coup monté » derrière la décision de la FIFA, là où The Sun parlait et parle encore « d’injustice ».
Tous oublient que les reproches qu’ils sont promptes à adresser à la FIFA en 2010 pour la question de l’attribution des coupes du monde 2018 et 2022 auraient pu s’appliquer au CIO, qui en 2005 attribua l’organisation des JO de 2012 à la ville de Londres. Mais lorsque l’Angleterre gagne les rumeurs de corruption ou de fonctionnement cooptatif au sein des grandes instances du sport mondial ne valent pas la peine d’être relayées.
Car si la Russie a gagné en 2010 c’est bel et bien pour avoir réussi à se montrer tout aussi efficace dans son loobying que pu l’être l’Anglettre en 2005. Car chez les anglais de 2010 on trouvait le même excès de confiance que chez les français présentant la candidature de Paris en 2005. Cette fois ci ce sont les Russes qui ont pu profiter de l’excès de confiance de leur adversaire, en l’occurrence les anglais.
Car rétrospectivement il semble clair, qu’au-delà de la sous-estimation, parfois hautaine et méprisante, de leur adversaire, les anglais aient échoué en raison d’un loobying, certes toujours aussi agressif qu’en 2005, mais d’une efficacité en bien des points très inférieure. Avec le recul le loobying anglais semble bel et bien avoir échoué sur cinq points.
Tout d’abord les personnalités anglaises convoquées pour promouvoir la candidature anglaise se sont finalement avérées être un casting raté, voire caricatural et pathétique (David Cameron, le Prince Williams et David Beckham). L’arrivée presque inextrémiste de Sebastian Coe, le grand artisan de la victoire au finish de 2005, n’y aura rien fait.
David Cameron n’a pas réussi là où Blair s’était montré redoutable. Le premier ministre anglais reste un archétype de l’upper class anglaise beaucoup plus férue de Tennis et de Rugby que de football, sport certainement trop populaire pour un Tory.
De même le prince Williams peut paraitre convainquant sur certaine question, mais souffre cruellement d’épaisseur et de crédibilité sur la scène internationale, comme l’atteste sa faible conviction auprès de la FIFA. Que ceux, en Angleterre, qui veulent le voir accéder au trone directement après sa grand-mère se rassurent. Le petit est encore un peu léger pour exister à l’international.
Enfin le choix de David Beckham semble, là aussi, être un mauvais choix. Footballeur depuis longtemps engagé entre le sport de haut niveau, le manquinnat, les ragots people, les obsessions de nouveaux riches, Beckham est assurément sympathique, mais très moyennement convainquant lorsqu’il parle de sport.
Si on ajoute à ce tableau fait d’arrogance , d’erreur de casting et de lobbying qui sent le rechauffé dans ses méthodes, la question de la révélation, par certains médias britanniques, d’un scandale de corruption au sein de la FIFA, alors on obtient une deuxième raison à l’échec anglais.
De même refroidis par le coup prohibitif des JO pour un pays officiellement en phase de rigueur, nombre d‘anglais ne soutenaient cette candidature que du bout des lèvres. Autre problème : le manque de prestige grandissant du championnat anglais, jadis assurément apte à postuler au titre de meilleure championnat du monde, mais qui récemment peine de plus en plus à tenir la concurrence avec celui d’Espagne, par exemple.
Enfin il est incontestable que le particularisme anglais agace la FIFA qui n’oublie pas l’insularité des dirigeants du football anglais. Car au fond il semble évident que le bon vieux temps de la quasi exclusivité anglaise dans les décisions concernant le football soit un souvenir tenace dans les mentalités des instances décisionnaires du football anglais, qui, rappelons le, n’ont rejoint la FIFA qu’après 1945 ; c’est-à-dire lorsqu’elles n’avaient plus réellement le choix de faire autrement.
Ainsi émergent les vrais raisons de l’échec anglais. Et à rassassés les mêmes explications touchant à l’arbitraire du pouvoir russe, à la corruption au sein de la FIFA, ou autre explications, les médias anglais se privent de l’essentiel de leur devoir d’explication. Certes leurs arguments ne manquent pas de pertinence (la FIFA n’étant pas un modèle de transparence et de propreté) ; mais ils sont inaptes a totalement se montrer pertinents par rapport à ce qu’il s’est réellement joué dans cet échec anglais. Car celui-ci incarne, plus que tout, l’échec de l’aggressivité du lobbying anglais, qui jadis fonctionnait à merveille.