L’ombre terroriste plane de nouveau sur la Maison Blanche

Alors que les derniers sondages donnent Barack Obama gagnant avec près de six points de pourcentage d'avance sur son concurrent John McCain, le camp républicain décide de contre-attaquer, en jetant le trouble sur le passé du sénateur démocrate. Est'il coupable d'avoir eu une maîtresse cachée ou d'avoir planqué un cadavre dans son placard? Non, bien pire que cela,le prétendant à la Maison Blanche est accusé de copinage terroriste!

L'accusation, relayée samedi dans le Colorado par Sarah Palin, colistière de John McCain, a évidemment fait grand bruit dans le pays, tant la peur terroriste y est palpable depuis l'effondrement des Tours Jumelles. De quoi "le pittbull au rouge à lèvres" fait-elle donc allusion?

Selon la gouverneure de l'Alaska, plus en verve qu'à l'accoutumée, Obama n'aurait pas la même conception quelle de l'Amérique et n'hésiterait pas à embrasser la cause terroriste. En effet, le candidat démocrate compterait parmi ses amis un certain Bill Ayers, ex-dirigeant de l'organisation gauchiste des Weathermen, qui avait revendiqué, au début des années 70, des attentats dans le cadre du mouvement contre la Guerre du Vietnam. A titre de parenthèse, précisons que cette révélation est d'autant plus fracassante que John McCain fait figure de vétéran du Vietnam et de farouche défenseur patriotique.

Même si le scoop, lâché par Miss Barracuda, a provoqué un véritable raz-de-marée médiatique, en jouant sur les angoisses américaines et la connotation infamante du mot "terroriste", une question se pose : le vice-présidente a-t-elle eu le nez fin en remuant la boue?

L'Oncle Sam semble émettre des avis pour le moins partagés.

Du côté des partisans républicains, la stratégie Palin a eu un succès mitigés pour différentes raisons. D'une part, des enquêtes sérieuses démontrent que Barack Obama et Bill Ayers n'entretiennent à ce jour que de simples rapports superficiels. Jugeant que cette relation sentait la poudre, le sénateur démocrate avait par-ailleurs déjà dénoncé les agissements antérieurs des Weathermen.

D'autre part, le tacle opéré par la Vice-Présidente pourrait préjudicier le camp républicain! A J-30 du scrutin ,John McCain commence à montrer des signes d'essoufflement, sa seule porte de sortie serait-elle la remise en cause personnelle de son concurrent. En crachant son venin, sa colistière ne se montre pas sous son meilleur jour et pire, ne tire guère la campagne vers le haut ni ne l'alimente de débats sur le fond, pourtant essentiels en cette période de crise financière. Grand nombre d'observateurs redoutent ainsi, de replonger dans un des travers des campagnes présidentielles amércaines, celui des attaques ad hominem et des provocations d'un goût douteux.

Du côté de la population, le discours de Sarah Palin a eu l'effet d'une bombe. En cette fin de marathon électoral, 13% des votants doutent encore de l'egagement de Barack Obama contre les "terroristes islamistes". Certains jugent qu'il n'a pas la carrure pour lutter contre l'ennemi public numéro 1 de la Maison Blanche pendant que d'autres croient qu'il est musulman, donc "pas tout à fait comme nous", pour reprendre les termes entendus.

Entre déclarations fallacieuses, argumentaires contestables et coups de poignard, la campagne présidentielle est tout sauf un long fleuve tranquille. Le prochain rendez-vous est fixé mardi soir à Nashville (Tennessee), pour le seuxième débat télévisé entre les deux hommes. McCain se laissera aller au jeu de la provocation facile?