A peine son lancement annoncé, le Cloud Player d’Amazon suscita de vives réactions et une certaine défiance de la part de la concurrence et de l’industrie du disque.

 

Le 29 mars dernier, Amazona dévoilé son nouveau service de lecture de musique en ligne : l’Amazon Cloud Player.

Ce nouveau service permet l’écoute de fichiers musicaux mis en ligne sur un espace de stockage. L’utilisateur peut librement y déposer des morceaux achetés sur Amazon MP3 ou issus de sa propre bibliothèque musicale (à l’image d’iTunes) et y accéder de n’importe quel ordinateur.

Pour l’instant disponible uniquement aux USA, en le catapultant, il y a un mois de celasur la toile sans s’inquiéter des éventuelles licences des musiques en streaming, Amazon s’est attiré les foudres de Sony BMG. Et pourtant, l’industrie du disque est loin d’être la plus lésée dans cette affaire.

A l’annonce de son lancement, le Cloud Player d’Amazon a également coupé l’herbe sous le pied aux principaux concurrents d’Amazon : Google et Apple. Tandis que le premier était encore en test sur son projet de musique en ligne : Google Music, le second avait acheté, fin 2009, un site de morceaux musicaux en streaming : lala.com

 

Depuis lors, Apple et Google se sont lancés dans une véritable course contre la montre pour tenter de combler au plus vite leur retard sur Amazon. Pendant que le premier tente de profiter de la méfiance de l’industrie du disque envers Amazon pour rallier tous les Majors à sa cause, le second cherche, depuis la semaine dernière, à conclure une alliance avec Spotify, plateforme suédoise de musique en streaming.

Une chose est sûre, ces deux géants ne s’attendaient pas à une sortie si rapide voire si précipitée du nouveau produit du célèbre e-commerçant et ont donc très vivement répliqué en conséquence. D’autant plus que la méthode employée par Amazon, en ne se souciant pas des droits d’auteurs, est plus que contestable.

 

Depuis lors, l’entreprise Amazon est en proie à d’ardentes critiques qui semblent pourtant ne pas la déstabiliser d’une once. Si la firme de commerce électronique paraît si sûre d’elle, dans sa démarche, c’est que celle-ci s’est avérée indispensable.

En effet, la crainte d’être distancé par les deux firmes de la Silicon Valley a poussé Amazon à prendre les devants. Alors que le service musical de Google était en finalisation et qu’Apple avait investi un milliard de dollars dans l’ouverture d’un nouveau centre de serveurs, Amazon se devait de réagir et de réagir vite. Inévitablement l’entreprise créerait la polémique et se risquerait à des menaces judiciaires, cependant l’objectif serait atteint. Pour la direction du groupe, le jeu en valait la chandelle !

En devançant tous ses concurrents, Amazon se présente sur ce marché comme le seul et unique acteur majeur. Sans aucune concurrence frontale, le site d’e-commerce a donc la primeur de cette nouvelle offre et se retrouve temporairement en situation de monopole (jusqu’à la sortie en mai du service de Google, puis de celui d’Apple le mois suivant).

Malgré son caractère éphémère, Amazon a la possibilité pendant cette courte période de ravir de nombreux consommateurs. De s’assurer, pour le futur, de solides parts de marché. Bien plus que si le marché comptait, à son lancement, trois acteurs majeurs au lieu d’un.

 

Il est encore trop tôt pour mesurer la réussite de ce coup de poker ambitieux. Mais à en vouloir démesurément trop, espérons qu’Amazon n’y brulera pas ses ailes. Car, si l’e-commerçant a balayé d’un revers de main la pluie de critiques qui s’est abattue au lendemain de l’annonce du Cloud Player, le risque judiciaire est, lui, loin d’être écarté.

Tout l’enjeu pour Amazon sera de prouver que son nouveau service ne requiert aucune licence. Et cet argument est largement défendu par le commerçant en ligne qui rappelle que son Cloud à la même fonctionnalité que celle d’un disque dur externe en ligne permettant certes l’hébergement de fichiers musicaux mais de tout autre type de fichiers mis en ligne par l’utilisateur qui, ont le suppose, a acquis ses fichiers légalement (incluant le paiement d’une licence).

Toutefois, s’il s’avère que la justice impose à Amazon de s’acquitter de droits, ce dernier se retrouvera dans une très mauvaise posture. Il devra alors entamer des négociations auprès de maisons de disques indignées et agacées par les méthodes de l’e-commerçant. De quoi refroidir au possible d’éventuelles négociations et mettre le n°1 du commerce électronique dans une fâcheuse et très embarrassante situation.