Ite missa est, croit-on lire de l'élection américaine, dans la plupart des journaux. Tout juste si quelques réserves se font entendre sur la victoire présumée de Barack Obama, tandis que les sondages, qui le donnaient largement gagnant, révèlent à présent un fléchissement de sa campagne, que le candidat tente de renverser par une couteuse publicité télévisuelle, couteuse et envahissante, puisqu'elle déplacera aussi un match de baseball, sport fort prisé outre atlantique sur les chaines de télévision.

Mais si le ralentissement est constaté aux Etats-Unis, en France, "l'obamania" ne connait, en revanche, pas de fléchissement. Un récent sondage proclame que 81% des français lui sont favorable et que seul 7% d'entre eux seraient prêts à voter pour Mc Cain.

 

Ce n'est certes pas sans rapport avec le fait qu'Obama soit "noir". N'être pas dans son camp reviendrait presque à être raciste en notre pays, dont les journaux n'ont eu de cesse de titrer à l'accession du premier noir à la Maison blanche, gage d'espoir pour une partie du monde, tout comme lors de la dernière élection, le principal atout de Ségolène Royal était d'être femme et d'être la première en position d'emporter l'élection.

Les personnes sondées ne connaissent naturellement que bien peu de chose du programme et de la personnalité du candidat de ce pays lointain, c'est donc bien sur son aspect physique que celui-ci est jugé et le sondage ne dit pas autre chose : plus de 30 % d'entre eux mettent la couleur de peau en avant pour leur choix.

On ne saurait d'ailleurs blâmer ces réponses. Ce serait le premier "noir" à la Maison blanche, perspective historique selon les journaux (!). Les américains voteront-ils pour un noir, se demande-t-on, l'Amérique en a-t-elle finit avec ses vieux "démons" racistes? Autant de questions qui suggèrent que l'américain moyen (et par extension les "blancs") est un imbécile foncièrement raciste qui ne saurait se dédouaner qu'en votant pour un noir…

Et vous? Oseriez-vous voter contre un noir?

Le fameux effet Bradley, que toute la presse évoque, ne dit pas le contraire. De peur de paraitre raciste, des électeurs blancs répondent aux sondeurs qu'ils voteront pour le candidat métis, malgré leurs intentions. Quelle est cette contrainte psychologique, qui s'impose aux personnes blanches mais pas aux "noirs", qui de leur côté admettent à plus de 90% qu'ils voteront Obama, sans que cela pose un problème moral?

La proximité historique, liée à l'esclavage? Barack Obama n'est pas un descendant d'esclave…

Quelle est cette contrainte psychologique, qui fait qu'un blogueur noir, favorable à Mc Cain, subit des menaces de mort des autres noirs? Quelle est cette folie "raciale" qui prend nos journalistes, de tant préter attention à la couleur de peau du candidat démocrate?

Les électeurs sont-ils donc si légers pour prendre en compte, avant tout le reste, la couleur de peau d'un candidat, plutôt que son programme?

C'est bien ce qu'il semble et cela laisse mal augurer de l'état de la démocratie en général, toute empreinte de démagogie et de faux semblants, servie par une presse pleine de bons sentiments et qui au cours de la campagne est restée acquise aux démocrates et plus particulièrement à Obama…