Antoine Gallimard, le patron de la maison d'édition du même nom, s'était attelé à la rédaction d'un rapport remis le 10 septembre 2007 au Ministère de la Culture. Où l'on a, semble-t-il, un peu de suite dans les idées puisqu'une loi est parue ce 10 avril au Journal officiel sur le même sujet: la création d'un label de librairie indépendante de référence (LIR).
Quand Jérôme Lindon et quelques autres bataillaient, au début des années 80, pour le prix unique du livre, le combat était déjà mené en faveur des libraires, menacés par les prix cassés pratiqués dans les grandes surfaces. Combat plutôt gagnant, d'ailleurs: les libraires ont mieux résisté que les disquaires, et probablement grâce à la loi qui faisait du livre un produit marchand pas comme les autres. Dommage pour le disque, ceci dit…
Antoine Gallimard ne faisait, au fond, que prolonger la réflexion de Jérôme Lindon (et il reconnaissait cet héritage) quand il écrivait, dans son rapport: "Le libraire a pour vocation de soutenir la diversité et la richesse de l'offre éditoriale." Il note que les autres réseaux ne défendront jamais des fonds réputés marginaux, comme la poésie, le théâtre, ou les catalogues d'éditeurs qui échappent aux grands distributeurs. Quant à la question du fonds lui-même, c'est-à-dire les ouvrages qui sont sortis du circuit des nouveautés, elle est résolue par les marchands sur Internet et par quelques libraires, des vrais, qui lui accordent toute leur attention. Pas du tout par la grande distribution .
Au passage, lisez un roman qui raconte la vie d'une merveilleuse librairie comme, sans doute, il n'en existe pas, mais qui fait rêver: Au bon roman, de Laurence Cossé, paru, comme par hasard, chez… Gallimard.
Les recommandations d'Antoine Gallimard portaient, en vue de la création du label LIR, en partie sur des données qualitatives. Et notamment sur la présence d'une moitié d'assortiment composée d'ouvrages de fonds, c'est-à-dire publiés depuis plus d'un an.
La loi, malheureusement, n'a pas retenu ce critère. Il n'y reste que du quantitatif. Au moins 3000 titres pour une librairie d’assortiment spécialisé, au moins 6000 ou 10000 titres pour une librairie d’assortiment général, selon les cas.
Le label est assorti d'avantages sur lesquels les librairies élues ne cracheront pas. Mais qui ne semblent pas précisés dans le texte de loi.
Une demi-mesure, par conséquent. Mieux que rien, mais les bonnes intentions n'apparaîtront peut-être pas dans la liste des librairies LIR…
« Au bon roman » est de Laurence Cossé
Il y a une erreur dans le billet sur le nom de l’auteur de « Au bon roman » : c’est Laurence Cossé, non pas Catherine Cusset (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Au_bon_roman).
Bien sûr
Vous avez évidemment raison. J’avais un livre de Catherine Cusset près de moi, mais je ne suis pas pardonnable pour autant.
je corrige l’article, les commentaires seront là pour montrer du doigt mon erreur coupable.
Merci d’avoir rectifié.