L’implantation d’al Qaeda et, en parallèle, la progression de l’islam politique sont les conséquences de la guerre de Washington.

La chute du régime de Saddam et l’occupation américaine de l’Irak ont de fait légitimé le djihad de Ben Laden et d’al Qaeda contre les États-Unis auprès d’une grande partie de l’opinion arabe et musulmane, y compris en Turquie. Pis : elles ont boosté comme jamais un islamisme radical alors sur la pente du déclin. Les sites djihaddistes relatant les combats contre les forces US se sont multipliés, passant de quelques dizaines en 2003 à plus de 5 000 à fin 2007.

Dans les cybercafés des grandes villes arabes et du Maghreb, les vidéos montrant les exploits des djihaddistes irakiens ainsi que les discours théologico-politiques fustigeant les régimes arabes « impies » sont téléchargés et circulent sous le manteau dans les quartiers populaires. Les images montrent des attaques de véhicules militaires, des exécutions de « traîtres », des explosions de bombes au passage de convois militaires, des attaques au mortier contre des bases militaires américaines, le tout salué par des « Allah ouakbar ».

C’est via Internet qu’al Qaeda informe au quotidien de la situation militaire irakienne, fait passer son discours. La toile a remplacé de manière beaucoup plus efficace les mosquées et les prêches des imams islamistes. Plusieurs jeunes algériens et marocains ont été recrutés via Internet pour aller en Irak. Plusieurs réseaux de recrutement pour l’Irak ont d’ailleurs été démantelés en Algérie (région d’El Oued) au cours de l’année 2007. Et les jeunes – j’en ai été témoin à Alger et Casablanca (sans doute ailleurs) – raffolent de ces vidéos montrant des marines, soldats de la première puissance de la planète, tués au combat.

La passivité des pays arabes, dont certains ont appuyé tacitement l’invasion américaine, le fait que certains d’entre eux abritent les bases US à partir desquelles l’Irak a été bombardé, sur fond d’aggravation de la situation en Palestine, ont donné (et donnent) du crédit au discours des djihaddistes et de l’islam politique en général. Ce dernier a vite compris le profit à tirer de cette situation. Partout, l’islam politique a le vent en poupe : il est présent dans les Parlements élus en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, en Égypte, au Koweït, en Jordanie, au Soudan, et pèse sur la vie sociale et les politiques locales.

Tandis qu’en parallèle al Qaeda s’implante : c’est le cas au Liban dans la région de Sayda et Tripoli, au Maroc où il fait peser une sérieuse menace, en Tunisie où deux touristes autrichiens ont été enlevés et où, comme c’est le cas en Algérie, les djihadistes locaux (l’ex-GSPC) combattent désormais sous le label de la Branche d’al Qaeda du Maghreb islamique. Ce double mouvement au sein de la mouvance islamiste et sa traduction dans les sociétés arabes (regain de la religiosité et progression du voile islamique) est l’une des résultantes parmi les plus remarquables de l’invasion de l’Irak.

Hassane Zerrouky – L’HUMANITÉ le 20 mars 2008

L’implantation d’al Qaeda et, en parallèle, la progression de l’islam politique sont les conséquences de la guerre de Washington.

La chute du régime de Saddam et l’occupation américaine de l’Irak ont de fait légitimé le djihad de Ben Laden et d’al Qaeda contre les États-Unis auprès d’une grande partie de l’opinion arabe et musulmane, y compris en Turquie. Pis : elles ont boosté comme jamais un islamisme radical alors sur la pente du déclin. Les sites djihaddistes relatant les combats contre les forces US se sont multipliés, passant de quelques dizaines en 2003 à plus de 5 000 à fin 2007.

Dans les cybercafés des grandes villes arabes et du Maghreb, les vidéos montrant les exploits des djihaddistes irakiens ainsi que les discours théologico-politiques fustigeant les régimes arabes « impies » sont téléchargés et circulent sous le manteau dans les quartiers populaires. Les images montrent des attaques de véhicules militaires, des exécutions de « traîtres », des explosions de bombes au passage de convois militaires, des attaques au mortier contre des bases militaires américaines, le tout salué par des « Allah ouakbar ».

C’est via Internet qu’al Qaeda informe au quotidien de la situation militaire irakienne, fait passer son discours. La toile a remplacé de manière beaucoup plus efficace les mosquées et les prêches des imams islamistes. Plusieurs jeunes algériens et marocains ont été recrutés via Internet pour aller en Irak. Plusieurs réseaux de recrutement pour l’Irak ont d’ailleurs été démantelés en Algérie (région d’El Oued) au cours de l’année 2007. Et les jeunes – j’en ai été témoin à Alger et Casablanca (sans doute ailleurs) – raffolent de ces vidéos montrant des marines, soldats de la première puissance de la planète, tués au combat.

La passivité des pays arabes, dont certains ont appuyé tacitement l’invasion américaine, le fait que certains d’entre eux abritent les bases US à partir desquelles l’Irak a été bombardé, sur fond d’aggravation de la situation en Palestine, ont donné (et donnent) du crédit au discours des djihaddistes et de l’islam politique en général. Ce dernier a vite compris le profit à tirer de cette situation. Partout, l’islam politique a le vent en poupe : il est présent dans les Parlements élus en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, en Égypte, au Koweït, en Jordanie, au Soudan, et pèse sur la vie sociale et les politiques locales.

Tandis qu’en parallèle al Qaeda s’implante : c’est le cas au Liban dans la région de Sayda et Tripoli, au Maroc où il fait peser une sérieuse menace, en Tunisie où deux touristes autrichiens ont été enlevés et où, comme c’est le cas en Algérie, les djihadistes locaux (l’ex-GSPC) combattent désormais sous le label de la Branche d’al Qaeda du Maghreb islamique. Ce double mouvement au sein de la mouvance islamiste et sa traduction dans les sociétés arabes (regain de la religiosité et progression du voile islamique) est l’une des résultantes parmi les plus remarquables de l’invasion de l’Irak.

Hassane Zerrouky – L’HUMANITÉ le 20 mars 2008

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