Depuis le début de sa filmographie, Steven Spielberg s’est souvent adonné aux films historiques. Des réalisations motivées par une volonté personnelle à vouloir mettre en images des périodes ou des thèmes qui lui sont chers. Cette année, après Cheval de guerre, Munich, Il faut sauver le soldat Ryan ou encore la Liste de Schindler, le réalisateur s’intéresse au 16ème président des Etats-Unis, le bien nommé Abraham Lincoln. Spielberg voue un culte à cet illustre homme depuis des décennies et réaliser son hommage est une chose qu’il désirait depuis de nombreuses années. 

 

Le film est sorti sur nos écrans le 30 janvier dernier et connait une bonne popularité, plus de 700.000 spectateurs sont allés le voir depuis. Pourtant l’oeuvre n’est pas destinée au grand public, les amateurs de cascades, d’actions, de fusillades en tout genre et de filles aux formes généreuses, peuvent passer leur chemin. Ici, nous avons un film long, 2h30, autant le savoir pour éviter des sorties de salles inopinées. Film fleuve qui a le mérite d’être d’un grand intérêt pour qui souhaiterait en savoir plus sur le long cheminement du 13ème amendement de la loi de 1865, celle abolissant l’esclavage. Le président Républicain Lincoln a du batailler ferme pour que cette décision exemplaire, l’une des plus marquante de l’Histoire américaine, soit enfin adoptée. Une lutte de tous les instants, sur deux fronts. Parallèlement aux joutes législatives, la Guerre de Sécession rentre dans sa quatrième année et les deux camps sont exaspérés de voir leurs enfants perdre des membres, bras et jambes, quand ce ne sont pas des fils et des maris aimants et aimés. Il est nécessaire de mettre un terme à la guerre, toutefois c’est prendre le risque de perdre des alliances éphémères, celles des députés du camp Démocrate, afin d’obtenir les 2/3 des voix du Congrès. L’issu des enjeux qui nous sont narrés dans le film ont des fins bien connues de tous, cependant la réalisation est telle qu’elle parvient à nous maintenir en haleine, on se demande s’il va pouvoir mener à bien ses ambitions. 

 

La grande force du film est la performance de Daniel Day Lewis, l’acteur britannique crève l’écran et on devient esclave de son talent. Nous ne voyons pas l’interprète mais réellement le président fraîchement réélu, c’est comme une résurrection le temps d’un instant apposé sur de la pellicule. Il donne un côté humaniste, sympathique et bonhomme à ce grand monsieur d’1m93. On le perçoit comme un père aimant, un époux fidèle et un homme politique sachant se faire respecter en haussant la voix au moment opportun. Il occupe tellement la place que les rôles secondaires, pourtant campés entre autre par Joseph Gordon Levitt ou encore Tommy Lee Jones, en deviennent très obscurcis. 

 

Lincoln est l’un des film les plus aboutis de Steven Spielberg. Nous retrouvons tous les éléments typiques de sa griffe telles que les musiques de John Williams, celles qui nous font verser une larme aux moments tristes et faire battre les cœurs à l’unisson aux moments clés. Bref, une leçon d’Histoire que l’on aimerait en voir plus souvent.