Alors qu’on pensait en avoir fini avec le débat sur le voile islamique, une affaire pourtant close vient relancer le débat.

En 2008, Fatima, une marocaine embauchée depuis 2007 dans une crèche d’une cité de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), revient travailler après deux congés maternité. Ce retour est un choc pour nathalie Baléato, directrice de la crèche associative, car cette employée arrive couverte de la tête aux pieds, ne laissant entrevoir que son visage. Fatima revendique alors de ne travailler qu’en portant le hijab. Mme Baléato lui rappelle alors le réglement intérieur:

 « Obligation de respecter une neutralité confessionnelle, philosophique, politique. »

Mais l’employée ne désire pas en rester là. La crèche essaie pourtant de trouver une solution à l’amiable, que Fatima refuse. Son licenciement pour faute grave lui est alors signifié le 20 décembre 2008. Mais Fatima ne désespère pas et saisi les prud’hommes pour licenciement discriminatoire. Elle porte même l’affaire devant la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (Halde). A l’époque présidée par Louis Schweitzer, la Halde condamne la crèche pour discrimination.

Il faut bien rappeler que cette crèche est unique en France: c’est une crèche expérimentale pour aider à l’émancipation des femmes par l’insertion professionnelle. Fatima a d’ailleurs bien profité de ce projet ambitieux: alors qu’elle n’avait aucune qualification, elle a toujours été soutenue et aidée afin de pouvoir obtenir un diplôme d’auxiliaire puéricultrice avant de devenir directrice adjointe, un beau parcours pour une jeune femme des cités qui n’a pas vraiment fait d’études. C’est donc un véritable coup de poignard dans le dos de la directrice qui l’a toujours soutenue et qui se sent véritablement trahie.

Fatima réclame maintenant 80 000 € de dommages et intérêt. Si le tribunal de grande de Versailles lui donne raison, l’association sera lourdement condamnée et devra disparaître, incapable de payer les sommes réclamées. Mais Fatima a la loi pour elle.

Le dossier a été rouvert le 13 octobre. Jeannette Bougrab, nouvelle présidente de la Halde, continue de soutenir Fatima car, pour elle, le problème est de savoir si la crèche Baby Loup, ouverte 24h/24 et 7j/7, est une activité de service public et donc est astreinte à la neutralité. Ce n’est pour l’instant qu’une crèche associative, donc légalement pas soumise au même régime que le service public, d’où l’acharnement de la marocaine.

Au delà de cette nouvelle affaire de voile, on peut se demander si ce n’est pas une volonté d’acharnement contre les structures aidant les femmes à s’intégrer et à s’émanciper. On peut se demander si Fatima n’est pas manipulée afin de faire disparaître les associations luttant contre l’oppression de la femme. Il est donc malheureux que la loi fasse le jeu des fondamentalistes en luttant contre leurs détracteurs.

Si la crèche Baby Loup ferme, cela sera aussi défavorable aux familles des cités qui devront trouver un autre lieu d’accueil des enfants, ce qui n’est pas évident.