Le but de l’engagement en Libye des occidentaux ce week-end est la chute de Mouammar Kadhafi, ce qui est plus ou moins avoué.

Si on écoute ce dernier, il a déclaré ce matin, que ce sera une longue guerre, n’hésitant pas à affirmer dans un message audio, diffusé ce matin par la télévision officielle de son pays « tout le peuple libyen porte des armes et il va vaincre" (on ne voyait pas son image, pour qu’on ne puisse pas identifier où il se trouve…).

Hier soir, au JT de France 2, le Ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré : « ce n’est pas inscrit dans la résolution du Conseil de sécurité qu’il doit s’en aller. Mais il est bien évident, ne racontons pas d’histoires, que le but de tout cela est de permettre au peuple libyen de choisir son régime ».

On sait qu’en avril 1986, Kadhafi avait quand même survécu au déluge de bombes que les américains lui avaient déversé et tout le monde se souvient des photos de sa fille adoptive tuée qu’il faisait circuler dans les média… Cette fois, il semble plutôt avoir choisi une fuite en avant !  Alors, la guerre sera-t-elle longue ou rapide ? On a pu observer ses dernières années que le départ des chefs d’Etats confrontés à une rébellion pouvait être subit, sans qu’il y ait d’ailleurs d’explication précise. Les occidentaux sont prudents et paraissent indécis sur l’issue de ce conflit. Les propos du Président Obama ne sont pas faits pour lever cette incertitude, lorsqu’il parle « daction militaire limitée » et de « protection des civils en Libye ». Militairement, l’adversaire des occidentaux paraît faible, mais ce n’est pas suffisant pour remporter une victoire rapide, l’objectif semble difficile à éteindre. La meilleure solution serait qu’après quelques jours de frappe, les insurgés parviennent à reprendre les principales villes et que, de guerre lasse, Kadhafi annonce qu’il renonce au pouvoir. Bien qu’on ne soit pas du tout sûr que le « Guide » de la Lybie soit prêt à mourir les armes à la main, on a aussi du mal à croire qu’il abandonne tout à la suite des lourdes pertes qui lui seraient infligées ! Reste aussi l’hypothèse d’une mort de sa propre main ou par l’intermédiaire d’un proche…  Evidemment, la coalition occidentale éviterait de passer à l’étape 2, qui serait une intervention au sol, dont personne ne semble vouloir. Sans trop rêver, on peut imaginer aussi qu’après la destruction complète de son armée et de ses moyens militaires, Le chef de La Lybie demande un cessez-le feu et une négociation, en vue d’une transition « pacifique ». Cela ferait écho au Président Sarkozy lorsqu’il dit dans son discours d’explication de l’intervention « la porte de la diplomatie se rouvrira lorsque les agressions cesseront ». Il ne faut bien sûr pas oublier que le Chef d’Etat Lybien est réaliste et que s’il voit toutes ses infrastructures détruites, il comprendra peut-être, ce qu’est alors le rapport de force… Dans ce cas, le Conseil National Libyen serait probablement le mieux placé pour prendre la relève. Quant’à Kadhafi, il ne lui resterait plus qu’à se faire héberger chez son ami Vénezuélien Hugo Chavez ! Sait-on jamais ?  On peut penser aussi à un enlisement de ce conflit qui menacerait de s’éterniser. Dans ce cas, les forces armées de Kadhafi ne seraient pas complètement écrasées, les rebelles ne parviendraient pas à s’organiser et à prendre le dessus… Le conflit durerait et le pays serait peut-être divisé en deux… Tout dépend alors de ce qu’il est convenu d’appeler « l’intensité des frappes aériennes » de la coalition. Si elles restent, disons « homéopathiques », ou plutôt insuffisantes, la situation peut s’éterniser. On sera alors dans une sorte de « rééquilibrage » des forces en présence en Lybie. Si en plus les forces de Kadhafi réussissaient à reprendre certaines villes, il s’en suivrait certainement quelques bavures dues au bombardement de civils par la force aérienne internationale et Khadafi saurait vite exploiter le filon dans les média ! Hasni Abidi, un politologue, spécialiste du monde arabe, considère que Kadhafi s’accommoderait plus « d’une partition du pays en deux que d’une capitulation » ! En plus, il pourrait crier « à l’occupation du pays par les étrangers »  Enfin la dernière hypothèse pour une sortie de ce conflit pourrait être, la généralisation du conflit avec l’ONU qui autoriserait la coalition à intervenir par « voie terrestre ». On imagine que dans ce cas, Kadhafi aurait préalablement écrasé les rebelles ! Dans ce cas, il aurait avec ses fils, décidé de jeter toutes ses forces dans la bataille… Il le ferait certainement avec l’aide de ses 20.000 hommes des unités spéciales et de ses 30.000 gardes révolutionnaires qui lui sont totalement dévoués. Cela donnerait raison à ceux qui pensent « qu’il est capable de tout ». Reste que tous les pays membres de la coalition sont pour le moment hostiles à une intervention terrestre. Ils ont en tête « l’engrenage de l’Irak » et ne veulent pas se retrouver dans une situation similaire.   Tout dépendra finalement de l’attitude de  Mouammar Kadhafi. La coalition semble donc condamnée à réussir rapidement, cat les spécialistes militaires n’hésitent pas à dire que si les opérations durent longtemps, il faudra alors une intervention au sol.  Impossible donc de dire si ce conflit sera long ou rapide. Disons qu’aujourd’hui son issue est incertaine, mais on préférerait que cela ne dure pas trop longtemps !