Au lendemain de la chute de Ben Ali de la Tunisie et de Hosni Moubarak de l’Egypte, les Libyens ont cru eux-aussi pouvoir renverser leur leader qui les régentait sans partage depuis près de 42 ans. Seulement, la tâche s’annoncera très difficile, au regard de la farouche riposte avec laquelle le guide libyen répondra à ses détracteurs. Une riposte sanglante qui va pousser de nombreux proches de Mouammar Kadhafi dont Moustapha Abdeljalil (l’actuel chef des insurgés) à changer de camp. Jusque là,  tout jouera en faveur du roi des rois d’Afrique. Même les condamnations de la communauté internationale ne suffiront pas à faire fléchir un guide libyen prêt à tout,  pour conserver son pouvoir. Sous l’impulsion du président Français, le conseil de sécurité des Nations Unis va alors voter en mars de cette année la résolution 1973 qui officiellement mandatait certains Etats à intervenir militairement en Libye,  pour protéger la population civile. Mais, dans les faits, la coalition ne se limitera pas à la protection des manifestants. Elle ira plus loin, en combattant ostentatoirement aux côtés des insurgés. Plus loin, Sarkozy et ses complices n’hésiteront  pas à larguer sur les toits des libyens des armes, pour les inviter à aller combattre les forces restées loyales à Mouammar Kadhafi. Ce qui n’était alors au départ qu’une simple révolution doit alors devenir une quasi-guerre civile.

Avec le soutien de l’OTAN, les insurgés finiront par faire tomber Tripoli, qui restait jusqu’ici le principal symbole du pouvoir de Kadhafi. Le principal enjeu restait alors à présent pour les insurgés à prendre la ville de Syrte (ville natale du guide) et surtout la capture de Kadhafi. Il a donc fallu attendre ce 19 octobre, pour que le roi des rois d’Afrique soit assassiné dans des circonstances qui restent jusqu’ici non élucidées. Après ce grand coup, de nombreux libyens ont naïvement crié à la victoire, voyant en la mort de Kadhafi la victoire de la démocratie sur la dictature. Pourtant !

Il est presque certain maintenant que le Conseil National de Transition libyen (CNT) avec leur soutien ont réussi à renverser Kadhafi. Mais, nul ne devrait se leurrer que cette révolution libyenne n’est en réalité qu’une opération improvisée, non planifiée, mort-né, et condamné pour échouer. Ceci, au regard de l’influence qu’ont désormais les grandes puissances sur les futures autorités libyennes, et surtout, compte-tenue des énormes disparités qui caractérise ces révolutionnaires. D’ailleurs, leur récente incapacité à mettre sur pied un gouvernement d’union nationale est un signe suffisamment perceptible de l’hétérogénéité dont souffrent ces subversifs ! Il ne suffit pas donc à présent d’être un quelconque spécialiste pour voir que le chemin reste  suffisamment long pour les libyens. Car, il est fort probable qu’ils aient quitté le bateau de la dictature pour emprunter celui de l’anarchie totale !