Tout d’abord, permettez-moi de vous souhaiter à tous et à toutes, une bonne et heureuse année 2011.

Comme vous le savez, depuis pas mal de temps, je m’intéresse de très près au traitement médiatique des affaires judiciaires en France ; j’y ai même consacré un ouvrage, « Justice : mise en examen », paru aux éditions Underbahn il y a près de deux ans.


 

Sur les évènements de ces dernières semaines, j’aurai bien des choses à dire.

 

Les réactions du ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux et de nombreux policiers suite à la condamnation à des peines de prison ferme de sept de leurs collègues par le tribunal de Bobigny le 10 décembre : bien évidemment, on peut estimer, à l’instar de la gauche, que tout ceci tombe sous le coup de l’article 434-25 du Code pénal, qui sanctionne le discrédit jeté sur une décision de justice. 

Mais bon, quand Martine Aubry s’exclame : « Laissez les magistrats faire leur travail ! » ou encore « quand on doute de sa justice, la République n’existe plus », je serais tenté de lui rappeler que, lorsqu’il s’agit de contester une décision juridictionnelle qui ne lui convient pas, la gauche française n’est point en reste. Exemple : lorsque un policier est acquitté au terme d’un procès où celui-ci était accusé d’avoir tiré sur un voyou banlieusard (affaire Pascal Hublot, décision de la cour d’assises de Versailles, 29 septembre 2001). J’ajoute que les policiers ne vont pas déclencher des émeutes quand un verdict ne leur plait pas, contrairement aux voyous de banlieue qu’une partie de la gauche s’évertue à victimiser de manière scandaleuse.

 

Carton rouge au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui achève son mandat en refusant l’extradition vers l’Italie de Cesare Battisti. Evidemment, le fan-club français de ce dernier ne cache pas sa satisfaction. Rappelons ici le pedigree de cet ancien terroriste gauchiste transalpin : assassinat – dans le dos – du gardien de prison, Antonio Santoro, père de trois enfants, le 6 juin 1978,  et du policier milanais Andrea Campagna le 19 avril 1979 ; revendication de deux assassinats par téléphone, tous deux commis le 16 février 1979 : le boucher Lino Sabbadin et le bijoutier Pierluigi Torregiani. Des faits gravissimes qui lui ont valu d’être condamné deux fois à la prison à vie par la justice italienne en 1988 et 1990… par contumace. Je comprends que les admirateurs de ce triste individu aient sablé le champagne ce 31 décembre ; cela n’a pas été mon cas, il faut bien le dire !

En revanche, coup de chapeau à Bill Richardson, le gouverneur démocrate du Nouveau-Mexique, qui a refusé la grâce posthume au célèbre desperado du Far West Billy the Kid, qui avait tout de même selon les historiens 21 meurtres à son compteur !

Et l’année 2011, que va-t-elle nous réserver ? Voilà ce qui nous attend :

 

* Nouveau procès d’Yvan Colonna pour l’assassinat du préfet Claude Erignac prévu en mai. On peut espérer que les audiences se dérouleront dans une atmosphère plus sereine qu’en février/mars 2009 ; ce qu’on peut légitimement craindre, c’est une fois encore une mise en cause radicale de la justice antiterroriste, accusée d’être une institution antidémocratique. Quoi qu’on en dise, la législation antiterroriste française mise en place par le gouvernement Chirac (loi Chalandon n° 86-1020, 30 décembre 1986) est une nécessité : il est préférable que ce soient des magistrats professionnels, et non un jury populaire, qui se chargent du jugement des terroristes.

 

 

* Deux affaires judiciaires retentissantes adaptées au cinéma : l’affaire Omar Raddad (« Omar m’a tuer », de Roschdy Zem, avec Sami Bouajila dans le rôle-titre) et l’affaire Outreau (« Présumé coupable » de Vincent Garencq, consacré au cas de l’huissier Alain Marécaux, qui sera interprété par Philippe Torreton). Il va sans dire que je regarderai ces films avec intérêt. 

 

 

Ce qui me fait d’ors et déjà tiqué, ce sont les sources d’inspiration des scénaristes : « Omar La construction d’un coupable », de l’académicien Jean-Marie Rouart (Paris, Editions de Fallois, 1994) et « Chronique de mon erreur judiciaire Victime de l’affaire d’Outreau » d’Alain Marécaux (Paris, Flammarion, 2005).

 

 

J’observe pour ma part que le premier ouvrage ne saurait être pris au sérieux, la culpabilité d’Omar Raddad ne faisant pas l’ombre d’un doute (consulter le site de l’ancien directeur d’enquête et capitaine de gendarmerie Georges Cenci : http://omarlatuee.free.fr/) ; du reste, M. Rouart a été condamné pour diffamation envers la famille de la victime (Ghislaine Marchal) par la XVIIe chambre du Tribunal correctionnel de Paris le 19 février 2002 (jugement confirmé en appel le 10 octobre 2002).

Du reste, l’ex-épouse d’Alain Marécaux Odile Polvèche a émis des réserves sur le livre de souvenirs de celui-ci ; pour ma part, j’ajouterai qu’il existe des contradictions entre le contenu de cet ouvrage et celui de documents relatifs à l’enquête de l’IGSJ (Inspection Générale des Services Judiciaires) sur le dossier Outreau datée de 2006.

 

 

En clair, il y a fort à parier que la justice médiatique que j’ai brocardée sévèrement dans mon dernier ouvrage va s’en donner à nouveau à cœur joie durant les prochains mois. Affaire à suivre…

 

A nouveau une bonne année à tous et à toutes !