En l’absence notamment de loi électorale consensuelle, le parlement libanais nous a rejoué in extremis le coup de la prorogation juste avant le 20 novembre, date d’expiration de la précédente. Une chance inespérée que cette reconduite de fonctions pour l’ensemble des prétendus élus de cette république bananière. Les députés Kataëb et CPL, habitués ces derniers temps à se démarquer pour la galerie, se sont abstenus lors du vote sans toutefois rechigner à cautionner le verdict, gage de pactole jusqu’en juin 2017.
La faute à pas de chance, "des entraves sécuritaires" sont désormais tenues pour responsables du torpillage des élections législatives, histoire de faire avaler la pilule ! User de ses prérogatives en contournant vaillamment les obstacles ou opter pour le boycott, choix aisé indexé sur les retombées personnelles d’après la logique de ces députés de fortune, adeptes de l’école buissonnière, comme en atteste le déplorable état des lieux couronné par le vide présidentiel.
Postés hier sur la Place de l’Etoile, quelques manifestants appartenant à la mouvance du "Mouvement civil pour la sanction politique" ont crié haro sur l’inconstitutionnalité de cette prorogation ; ils ont balancé sur les députés se mouvant allègrement en direction du parlement tout ce qui leur tombait sous la main dont des tomates. Des gesticulations éparses sans effets secondaires.
Au même moment, on apprenait que saisie par un certain député, la Cour suprême libyenne avait invalidé le parlement issu des élections car jugé anticonstitutionnel. Scénario à exclure au Liban car "la loi de prorogation est considérée comme exécutoire de plein droit et doit être publiée" si le délai (de cinq jours), prévu à cet effet, arrive à expiration sans qu’elle soit promulguée, accords de Taëf obligeant. Alors qu’au nez et à la barbe de tous, le péril intérieur gangrène la famille libanaise, on agite en fanfare la menace des Daechiens lesquels à côté vont finir en enfants de choeur. Comment envisager la construction quand enfermés hermétiquement dans des bulles mitoyennes on refuse d’aborder le gigantesque chantier de la déconstruction…