Alors que la guerre fait rage en Syrie, ses débordements vers le Liban vont grandissant. Dans tout ce cafouillage ambiant, le cheikh salafiste Ahmad el Assir qui doit sa réputation en particulier au conflit syrien, n’en finit pas de s’agiter au nom du soit disant sunnisme libanais. La mise à mal du projet de l’opposition syrienne par la résistance alaouite, chiite, chrétienne des villages syriens  frontaliers du Liban y serait pour quelque chose dans cet activisme : à leur grand désespoir, les rebelles  auraient  échoué à relier la région d’Ersal à celle de Homs et de Tripoli, ce qui aurait pu consolider leur base arrière. 

Depuis Ahmad el Assir ne décolère plus. Et comme toujours, inscrit dans le sillage de la provocation, il improvise. Quand il ne transporte pas sa troupe de partisans pour aller prier dans les montagnes de Faraya, il l’incite à l’incivilité par le blocage des rues de Saïda, par des manifestations quasi-quotidiennes. Quand  les autorités, au nom de l’ordre public, tentent de circonscrire le désordre que génèrent ses mots d‘ordre, les alternatives fusent à la rescousse, palliant tant bien que mal le manque à gagner. 

Le cheikh semble s’être définitivement  intronisé défenseur du sunnisme qui pense-t-il, serait en passe de devenir quelque chose, comme la cinquième roue d‘un carrosse. Empruntant une posture de victime à qui l’on refuserait la parole, il continue de s’égosiller laissant croire que « l’armée et les FSI » seraient à la solde des intérêts iraniens. Son prêche du vendredi n’est qu’un amas d’allégations visant à semer la discorde entre chiites et sunnites : emprise iranienne sur le pays via le Hezbollah et les appareils d’Etat. 

Contrairement à son ennemi juré, Hassan Nasrallah, coqueluche des médias, les journalistes  ne se sont jamais bousculés devant ses portillons pour recueillir ses sentiments, malgré sa propension à la surenchère ! Résultat des courses, à son grand mécontentement, son butin reste maigre car même le courant du Futur tient à se démarquer de son radicalisme, soulignant qu’il ne cautionne pas le mouvement « Ahmad el Assir porté sur  le recours à la rue et aux armes pour imposer son opinion ». 

Alors qu’hier à la cour de la mosquée Bilal Ben Rabah à Saïda se tenait une manifestation, aujourd‘hui c‘était au tour du rond point Karamé de servir de point de départ. Il n’en a pas été ainsi, l’armée libanaise et les forces de sécurité s’étant massivement déployées en ce dimanche dans le secteur afin d’interdire cette mascarade devenue quotidienne. Deux bus avec à bord des partisans du salafiste ont été interceptés par les Forces de l‘ordre. Ils n’arriveront pas à destination, ne fouleront pas le pavé et le cheikh s‘il tient à demeurer ce féru de politique, devrait repenser ses méthodes. 

La Fitna instillée par l’un est quelque peu contrebalancée par les appels au calme en provenance de l’adversaire en question. Je te tiens, tu me tiens par la barbichette lance Ahmad el Assir à l’intention de son ennemi qui n’en a cure !