Dur d’être pris en étau entre ces deux Alliances que sont les 8 et 14 Mars qui tombent en panne dès lors qu’il s’agit de trouver un consensus autour de chacune de ces questions qui fâchent ; dur de gérer un Liban exsangue dans lequel presque sans répit se succèdent grèves et manifestations. Et comme si la kyrielle de problèmes internes ne leur suffisaient pas, les Libanais ont grandement hérité des tensions voisines, venues tout droit de Damas. 

Nagib Mikati apparemment inapte à redresser le navire qui tangue dans tous les sens, a décidé tout bonnement de le quitter plutôt que de rester là, à tourner dans la roue comme un hamster. Jamais deux sans trois : après l’échec de ses deux précédentes tentatives de démission, suite à l’arrestation de Michel Samaha et à l’attentat qui a coûté la vie à Wissam el Hassan, la troisième est la bonne ; le président libanais Michel Sleiman en a pris acte. 

Le motif invoqué est le blocage par le 8 Mars de la reconduction du général Ashraf Rifi, directeur général des Forces de sécurité intérieure, lequel est arrivé au terme de son mandat. A l’échec de cette tentative, vient s’ajouter la polémique autour de l’absence de consensus pour la création d’une commission chargée de superviser les prochaines élections législatives, prévues théoriquement pour le mois de juin prochain.  

Cette version n’exclut  toutefois pas la part non moins influente des pressions étrangères sur cette décision qui est un secret de Polichinelle ; le chef d’un  gouvernement dominé par le 8 Mars, pro-Assad, n’était plus viable pour certains : il fallait l’abattre par tous les moyens. D’ailleurs de Jérusalem, Obama n’a pas manqué, devant la jeunesse israélienne, d’appeler la communauté internationale dans son ensemble de déclarer, de but en blanc, le Hezbollah mouvement terroriste.

Désormais les consultations devraient aller bon train pour permettre au président de nommer le nouveau Premier ministre. Dans ce climat délétère, il est fort à parier que la tâche sera longue, rugueuse, semée de bien d‘embûches. 

Quant au cessez-le feu annoncé entre Bab el Tebbaneh (anti-Assad) et Jabal Mohsen (pro-Assad), les deux quartiers rivaux de Tripoli, ville natale de Nagib Mikati, il aura été de bien courte durée : les violences ont repris à l’annonce de cette démission surprise de Mikati. 

D’aberration en aberration,  la débâcle devient générale dans ce climat où chaque incident se doit systématiquement d’être exploité dans un esprit sectaire et agressif ! Dans cette mosaîque confessionnelle, rien de plus simple que de rallumer les braises qui sommeillent sous la cendre : il suffit juste de titiller la fibre religieuse pour que reparte le feu qu‘entretiennent sciemment ces mauvais esprits !

Il en est un en particulier parmi d’autres, qui déjà pavoise à l’idée de tirer parti de cette situation catastrophique. Mais au regard de ces turbulences récurrentes qui ponctuent la vie de ce pays, il est dur de croire que le salut passera par  Saad Hariri ou quelqu‘un d‘autre, à moins d’un miracle.

La machine institutionnelle est tragiquement abîmée ; elle semble nécessiter une révision pour ne pas dire un remplacement. Encore faut-il être prêt pour le remplacement quand on n’est même pas capable de trouver de consensus nécessaire sur la période de guerre, pour construire l’Histoire collective du Liban. 

Paris s’est inquiété et a déclaré que la continuité des institutions politiques doit être assuré afin d’éviter un vide gouvernemental et législatif. L’UE, Washington se sont mis au diapason…