Au temps de l'Egypte ancienne, les ouvriers des pyramides étaient des esclaves construisant des tombeaux pour la gloire de pharaons qui ne mettaient jamais les pieds sur le chantier… 

Le travail, avec Rousseau, devient une vertu pouvant libérer l'homme.

Robespierre a fait de cette idée un modèle de société.

Pourtant, depuis la Rome Antique et la République (La Cité), la liberté est de ne pas travailler : ce sont les praticiens, ceux qui sont exemptés du Travail, qui conduisent et organisent la société.

Le praticien romain est libre : il légifère ou fait la guerre.

Mais jamais il ne travaille comme l'artisan qui doit faire partie d'une corporation.

Certains estimeront que la guerre est un boulot dès lors que l'on est payé pour ça.

Dans toute l'histoire de l'Europe depuis la disparition de Rome, et jusqu'au XVII s, la guerre est le divertissement de ceux qui ne travaillent pas !

Le serf ne chasse pas (le droit de chasse est réservé au Seigneur sur ses Terres), il ne se défend pas et n'est pas initié au maniement des armes. Véritablement, la chasse et la guerre font partie des prérogatives de l'élite.

D'ailleurs, on se bat pour des absurdités comme « l'honneur »…

Le paysan qui doit une partie de sa récolte à son maître n'a pas le temps de faire la fête ni la guerre, de tirer plaisir ou gloire de quoi que ce soit. Sa durée de vie est d'ailleurs trop courte.

Le travail est et reste le fait de tous ceux qui ont un statut de sous-humain même dans la société moderne où la fiction passe par l'affirmation des droits de l'homme comme idéologie.

Le travail, c'est souffrir sa condition.

Déjà, la mythologie judéo-chrétienne a fait du travail la conséquence de la chute : le travail c'est pour ceux qui sont soumis à la survie, les Adams et Eves qui n'ont pas obéit aux commandements divins.

"tu enfanteras dans la douleur,

tu gagneras ton pain à la sueur de ton front"

Dans la société patriarcale, l'homme libre est celui qui ne travaille pas : le noble possède des privilèges, le sol, et bien sûr droit de vie et de mort sur ses gens.

Le serf, l'esclave est au contraire condamné au travail.

L'idée moderne du travail comme ascenseur social résulte de la pensée de Rousseau : issu du peuple (les possédés), aigri de ne pas être lui-même un de ces possédants qu'il combat, il développe une philosophie de l'homme exclusivement liée à l'activité pour mettre fin aux privilèges.

A la suite du Siècle des lumières préparant la Révolution, le legs fait au peuple par les grands penseurs est cette idée moderne que l'homme inactif est un parasite, un vaurien.

Le mythe judéo-chrétien survit donc à la disparition de l'influence de l'Eglise sur la société, parce qu'il est repris par tous les utopistes, les marxistes…

Au XIX s le travail ne manque pas, mais il est esclavage pour l'ouvrier et enrichissement pour le capitaliste qui met les autres au travail et se paie sur leur sueur.

Le travail est d'ailleurs perçu comme le seul moyen de garantir l'ordre lorsqu'on tire les ficelles de la société : des soldats pour faire la guerre et des hommes au travail, pas de jours de vacances ni chomés, c'est ainsi que l'autorité maintien la société selon la pensée Napoléonienne qui sera ensuite développée par les grands économistes comme Keynes.

La division du Travail n'est pas seulement l'occasion d'une rationalisation des tâches : elle répond au besoin de maintenir les travailleurs séparés entre eux en les plaçant chacun sur des postes individualisés, de les priver de tout esprit critique en leur faisant exécuter des tâches identiques et sans intérêt heure après heure, ce qui ne permet pas d'embrasser une vision entière de l'usine et du processus de fabrication…etc…

Toujours l'autorité se sert du travail comme solution pour garantir l'ordre, la discipline, l'autorité, perpétuer les droits de quelques uns (droit de propriété).

Le monde n'a pas besoin non plus de millions de travailleurs au temps actuel de l'automatisation succédant à la période d'industrialisation massive du pays : il faut simplement occuper les individus pour les empêcher de penser, rêver, lire, être de véritables citoyens libres, n'ayant plus besoin du système car capable de s'organiser en autarcie et de s'associer..

Le chômage est là pour justifier une pauvreté de fait qui oblige de recourir à l'emploi pour simplement survivre.

Les tâches consistent à produire toujours plus de voitures, de maisons…dont on n'a pas besoin.

Le travail réel est seulement accompli par une minorité d'hommes et de femmes qui vendent chèrement leurs compétences aux détenteurs du capital et de la gouvernance.

Dans cette chaîne idéologique menottant l'humain au travail rémunéré, le fameux « travailler plus pour gagner plus » est le tour de force d'une pensée du XIX s réapparu au XXI s : elle ne signifie pas que c'est véritablement la même personne qui travaillera plus et qui gagnera plus, mais simplement que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets… 

L'élite représente les fonctions nobles du corps : le cerveau ;

le peuple représente les restes d'un corps réputé inconscient, sorte de magma humain fait de briques aveugles qu'illumine un oeil unique au sommet où léviterait l'élite : en somme, le peuple est assimilable aux "petites mains", le vulgaire, dans le monde comme dans l'usine.  

Pour l'élite ou l'homme (faussement) supérieur, travailler (tout le temps, ou pour survivre) est donc vulgaire ou preuve de condition vulgaire. L'élitisme, c'est le mépris inconditionnel de la masse.

Source d'inspiration : http://icietmaintenant.info/index.php