Tout d’abord, écartons un malentendu : l’homéopathie est peut-être une panacée… Mais ceux qui en font commerce ne sont pas des philanthropes !
Même s’il est juste de dénoncer les super-profits des usines à molécules chimiques, la prétention de certaines de leurs "innovations", et leur collusion avec les politiques… Les laboratoires homéopathiques vendent des produits moins chers mais ceux-ci ne leur coûtent presque rien à fabriquer… Et, surtout, leur efficacité non démontrée dans le cadre de protocoles scientifiques repose sur des phénomènes de croyance. Légitimes mais fragiles car subjectifs.

Des concepts du XIXème siècle

Pour le fondateur de cette discipline Samuel Hahnemann : "les semblables guérissent les semblables".
C’est déjà l’expression explicite du principe magique d’interaction par analogie sympathique. Les éléments dits actifs des médicaments homéopathiques seraient efficaces contre une maladie déterminée parce qu’ils produisent en miniature chez le bien portant des symptômes apparents semblables  à ceux de la maladie !
Ainsi l’homéopathie serait-elle en accord avec des principes établis par la science, utilisant pour les besoins de la démonstration la vaccination et la mithridatisation qui obéissent à d’autres lois…

Hahnemann, médecin du XIXème siècle, était conscient que sa théorie serait raillée et assimilée à de la pure  magie. Aussi essaya-t-il de lui attribuer des explications rationnelles, du moins en conformité avec les présupposés scientifiques de son époque.
Il justifia les effets de l’homéopathie en se référant au concept de "magnétisme animal" de Franz Anton Mesmer (pour qui les maladies  résultaient d’une mauvaise répartition des fluides cosmiques qu’il redistribuait à ses patients lors de bains collectifs, en fait des séances d’hypnose) et au "dynamisme vital" de Friedrich Schelling pour qui  la matière serait infiniment divisible, ce qui induirait ce principe : "plus la matière devient infime par dilution, plus sa substance intrinsèque et ses fonctions dynamiques seront pures et efficaces".

Hahnemann soutenait que si les dilutions successives de la substance active dans l’eau en réduisaient forcément la quantité jusqu’à zéro, l’eau transportait néanmoins "l’essence" de la substance active avec laquelle elle avait été en contact, celle-ci  agissant sur la force vitale du patient.

Modus operandi

Au départ, la dilution CH s’articule sur un mélange d’ un centième de produit actif en guise d’unité de base pour 99% d’eau. A 2 CH, c’est un centième du premier mélange prélevé à la pipette qui est dilué à son tour.
La quantité de matière active ne représente plus que 1 pour 10.000 (100 au carré) par rapport au mélange initial. Difficile de trouver une trace physique autre qu’infinitésimale des molécules initiales… Mais que dire de dilutions plus importantes, pourtant valorisées et préconisées par les homéopathes ?
A 12 CH, la totalité du "remède" ne peut plus contenir, matériellement, une seule trace de produit curatif !

Il en va de même avec l’autre technique dite korsakovienne qui se mesure en unités K. On remplit un flacon du mélange souhaité, puis on le vide, considérant qu’il reste environ 1% du produit
sur les parois. Ensuite on recommence l’opération en remplissant à nouveau le flacon, cette fois avec de l’eau, avant de le vide à nouveau, et de le remplir une nouvelle fois, chaque opération
constituant un K.
A 12 K, il est physiquement impossible qu’il subsiste la moindre molécule active dans la préparation. On vous vend de l’eau sucrée, ou des granulés de sucre mouillé d’eau puis séché, sans rien dedans. Sinon l’affirmation que les cristaux liquides d’origine induiraient et maintiendraient
une structure particulière de l’eau ainsi traitée, ce qui n’a jamais été démontré par la voie expérimentale. Sinon par Benveniste et sa très contestée théorie de la mémoire de l’eau, que ses détracteurs ont accusé d’avoir présenté des résultats fantaisistes ou délibérément fraudés.

Malgré ces réserves, force est de constater que sur certains sujets, la médecine homéopathique a un réel effet curatif. Suggestion, hypnose, autoguérison ou maladies psychosomatiques ?
A suivre…