L’exposition Village d’Azerbaïdjan ou comment réveiller ses sens en plein Paris

 Du 19 au 28 septembre 2014, la place Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement parisien, s’est mise à l’heure azerbaïdjanaise, à l’occasion du Village d’Azerbaïdjan organisé par la ville de Paris. Alors que les relations franco-azerbaïdjanaises sont de plus en plus étroites, les expositions de la place devaient permettre aux visiteurs de découvrir les richesses culturelles et traditionnelles du pays.

 

 

 Le mois de septembre a gratifié les Parisiens d’un temps bien plus que clément pour une fin de saison estivale. Il n’était pas rare d’apercevoir ainsi dans les artères de la capitale l’été se poursuivre au détour d’une ribambelle de bermudas et de manches courtes. Aux abords de la place Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement, un promeneur se hasardant au gré de son instinct aurait été frappé par le bruit et les senteurs inhabituels que l’on y trouvait alors. Même l’imposante fontaine aux trois bassins octogonaux qui siège au centre semblait disparaître, tant l’insolite accaparait la vue. Au loin, dans l’un des coins de la place rectangulaire, surplombant un amoncellement ordonné de petits chalets, une grande affiche renseignait : « Village d’Azerbaïdjan ».

 
Une culture aux origines aussi variées qu’anciennes
 
Egalement appelé Pays de feu, en raison des feux naturels qui surgissent lorsque le gaz sortant du sol s’enflamme, l’Azerbaïdjan est l’un des trois pays du Caucase du Sud avec la Géorgie et l’Arménie. Doté d’une histoire et d’un patrimoine très riches, le pays organise à travers le monde de nombreuses manifestations culturelles, afin de lui faire découvrir ses traditions et son mode de vie.
 
La culture azerbaïdjanaise, issue du patrimoine turc, bénéficie d’une histoire mouvementée qui, au fil des siècles, au gré des vicissitudes géopolitiques, l’a étoffée d’éléments persans, islamiques et européens. Depuis le XVIIIe siècle et la mainmise de l’Empire russe – puis l’URSS – sur l’Azerbaïdjan, sa culture est fortement influencée par celle de la civilisation occidentale. Ces nombreuses origines ne doivent cependant pas occulter le savoir-faire ancestral azerbaïdjanais, célèbre pour ses productions textiles, de laine et de soie, et pour ses tapis de haute qualité.
 
La France entretient avec l’Azerbaïdjan des relations commerciales et diplomatiques très serrées depuis l’accession de l’Etat caucasien à l’indépendance en 1991. L’organisation du Village devait contribuer à renforcer la connaissance mutuelle des deux peuples dans les domaines culturels et traditionnels.
 
« Les valeurs culturelles de l’Azerbaïdjan : Perle du Caucase »
 
Sur les deux expositions trônant au centre de la place Saint-Sulpice – la deuxième étant dévolue au grand poète azerbaïdjanais du XIIe siècle Nizami Gandjavi –, la première, intitulée « Les valeurs culturelles de l’Azerbaïdjan : Perle du Caucase », était sans doute la plus marquante d’un point de vue historico-culturel.
 
Le promeneur curieux n’avait qu’à déambuler entre les divers chalets de fortune délimitant la place s’il voulait découvrir l’art, l’artisanat et la gastronomie azérbaïdjanais. Et afin que l’immersion soit totale, les sons de la musique traditionnelle l’accompagnaient dans sa marche pédagogique ; les cordes pincées du saz – sorte de luth à manche long – soutenaient le timbre émotionnel des chanteurs d’épopées, le tout rythmé par le bruit métallique du doyre, petit tambour muni de clochettes et d’anneaux.
 
Très vite, le plaisir de l’ouïe laissait place à ceux de l’odorat et de la vue, tandis qu’on arrivait à hauteur des barnums présentant au tout-Paris la cuisine azerbaïdjanaise.
 
Les premières effluves émanant de grandes marmites témoignaient en premier lieu de l’omniprésence de plats à base de viande et de poisson. L’Azerbaïdjan, dont près de la moitié du territoire est considérée comme montagneuse, produit en effet essentiellement de la viande bovine et de mouton, et a toujours pratiqué la pêche, tirant profit de sa frontière à l’est avec la mer Caspienne. Non loin des premiers récipients, de grandes poêles contenaient des œufs en omelette mélangés à des morceaux de poulet, et l’on devinait de la vapeur qui s’en échappait, que du riz était en train de bouillir dans des casseroles en retrait. Le tout était servi dans les plats qui seyaient, la gastronomie azerbaïdjanaise se savourant avec les yeux autant qu’avec les papilles. Les récipients étaient de larges ronds de terre cuite creusés et bariolés d’ornements multicolores, à la manière des plats traditionnels arabes.
 
Les chalets du textile et des tapisseries venaient ensuite. Outre les foulards de soie fine décorés et les grandes étoles aux multiples couleurs, le velours et la fourrure des vêtements typiques azerbaïdjanais saillaient çà et là sur divers mannequins. Souvent parés de dentelles très travaillées, ils comportaient parfois des produits de joaillerie plus ou moins importants. Perles, pierres précieuses et autres petits anneaux métalliques, pouvaient alors s’ajouter à la soie et aux motifs ornementaux que l’on trouvait sur le textile azerbaïdjanais. Autrefois, le style de l’habit reflétait la vie et la situation familiale de son porteur. La tenue des femmes célibataires se distinguait ainsi de celle des femmes mariées.
 
Enfin, le promeneur pouvait satisfaire entièrement sa curiosité en assistant à quelque spectacle de danse et de musique traditionnelles azerbaïdjanaises, monté sur une estrade au milieu de la place. Extrêmement mélodieuses et souvent rapides, les danses folkloriques azerbaïdjanaises, accompagnées par des musiciens en costumes traditionnels, parachevaient d’entrainer le touriste parisien ou l’itinérant étranger aux confins de l’Europe et de l’Asie.
 

Au beau milieu d’une place parisienne où, d’habitude, se tient seule et triomphante la « fontaine des quatre points cardinaux », la boussole semblait en cette mi-septembre ensoleillée indiquer l’est et les plaines caucasiennes.