Il y a une vingtaine d’années, Walter Bonnatti, 1er (ou presque) à avoir conquis le K2,  disait déjà que l’alpiniste avait perdu de son prestige, de son sens même, avec les évolutions technologiques autour de ce sport (chaussures, vêtements,  sac à dos, piolet, crampons,  tente, et plus tard mobile, GPS…). Il y a 20 ans,  je ne comprenais déjà pas les détracteurs du «on savait ce que c’était souffrir à notre époque » ou « c’était l’homme qui comptait et pas ses outils… », les alpinistes ayant simplement adapté leurs exploits aux évolutions des équipements. Et d’ailleurs, le nombre de victimes est un baromètre de cette prise de risque qui a surpassé les évolutions technologiques.


 

Les polémiques, poussées par l’indéboulonnable progrès, sur les évolutions et la véritable essence du sport se sont amplifiées. La télévision, le business et leurs corolaires, le sport spectacle ont fait évoluer les règles du jeu, éclore une nouvelle profession indispensable dans les équipes : le médecin et, sujet qui nous intéresse,  évoluer considérablement les équipements.

A travers une interview récente du charismatique Philippe Lucas, faut-il le rappeler ex-entraineur de l’ex-nageuse Laure (ou l’Or -OK, déjà vu !) Manaudou, sur les fameuses combinaisons en polyuréthane dont leur performance passerait avant celle des nageurs, je me suis reposer la question du véritable sens sportif et voici mes conclusions.

Est-ce que la « route du rhum », le tour de France, l’alpinisme, le championnat du monde de ski, ont perdu de leur superbe ? Est-ce que les aventuriers, les sportifs d’aujourd’hui sont moins méritants que les pionniers de la discipline ? Non ! Est-ce que les combinaisons en polyuréthane nuisent à l’exploit sportif ? Oui ! Quelle est la différence entre les deux questions ? Elle est essentielle. Les premiers sont des sports ou « mécaniques » ou qui évoluent dans un environnement dont l’équipement est indispensable (bateaux, vélo, chaussures, skis). La natation, comme l’athlétisme, dépendent à 100% de l’homme. C’est le sens de ces sports! Et le matériel et surtout les écarts d’équipement entre athlètes, ne doivent pas perturber leur évaluation.

Je finirai ceci par une phrase de Philippe Lucas sur la valeur de l’effort dans le sport. Il affirme que le sport, c’est comme le boulot : « Si vous ne travaillez pas, vous ne pouvez pas réussir et si vous travaillez beaucoup, vous n’êtes pas sûr de réussir ».