Stanley Milgram est un psychologue social américain, une personnalité marquante du XXème siècle.
De 1960 à 1963, Milgram mène des expériences visant à déterminer ou finit la soumission à l’autorité, et où commence la responsabilité de l’individu. Comment concilier les impératifs de l’autorité avec la voix de la conscience…
En menant des investigations sur les atrocités menées par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, Milgram met en avant le fait que ces pratiques peuvent parfaitement se retrouver dans la vie courante sous différentes formes.
Cette expérience eut d’énormes retentissements…
A l’heure actuelle les mécanismes sont les mêmes, une méthode qui ne varie pas. Le virus H1N1 met l’accent sur cette intimidation, exacerbe nos angoisses, et finit fatalement par une forme de soumission aveugle….
L’homme a une propension naturelle à se soumettre à l’autorité, à se décharger sur elle de sa propre responsabilité.La disparition du sens de la responsabilité individuelle est de très loin la conséquence la plus grave de la soumission à l’autorité…
Stanley Milgram – Soumission à l’autorité.
Ce livre fait référence à des expériences datant du début des années 60. Elles eurent un énorme retentissement, et l’on doit se rappeler, pour le comprendre, qu’Adolf Eichmann fut condamné à mort le 15 décembre 1961.
Pourquoi cet émoi ?
Stanley Milgram décrit le protocole qui lui a permis de prendre, au hasard parmi ses concitoyens américains, des "naïfs" (c’est le terme académique) et de les asseoir devant un pupitre portant une trentaine de manettes, chacune dûment légendée de 15 à 450 volts et, pour certaines, de mentions comme "très fort" ou "dangereux". Le prétexte est expliqué lors de l’accueil par un scientifique en blouse : une expérience destinée à évaluer l’action de la contrainte sur la mémoire. Le naïf doit aider le scientifique en testant un troisième personnage, l’étudiant, qui est joué par un complice.
L’expérience.
L’étudiant est censé avoir appris une liste de couples de mots. Le naïf doit lui donner un mot et l’étudiant donner l’autre mot. A chaque erreur, le naïf doit infliger une décharge électrique à l’étudiant en augmentant le voltage à chaque fois. Le scientifique supervise. Au fur et à mesure, l’étudiant proteste de plus en plus contre les punitions, au point de finir en suppliant qu’on le laisse partir (il est attaché sur sa chaise) et même de refuser de répondre.
Question : Combien de naïfs iront jusqu’à infliger à un homme qu’ils n’ont jamais rencontré, et qui hurle (l’étudiant), un traitement mettant explicitement sa vie en danger simplement parce qu’une autorité (le scientifique) le leur demande ?
Réponse choc : 60 %…
Bien sûr il faut relativiser. Les résultats varient significativement lorsqu’on fait varier les conditions : présence ou absence directe de l’autorité, environnement luxueux ou industriel, rencontre ou non du naïf et de l’étudiant avant l’expérience, etc… Mais dans un Monde qui se pose la question de la responsabilité individuelle des gardiens de camps de concentration nazis, auxquels Stanley Milgram fait explicitement référence, le chiffre jette un froid. La théorie
A partir de ses observations, l’auteur développe dans une seconde partie, une théorie de la mécanique de l’autorité. Il la construit autour du concept d’état agentique (l’individu se considère comme l’agent d’une volonté extérieure), dans lequel le sujet délègue la responsabilité de ses actes à l’autorité, ou, pour employer le langage de la psychanalyse, substitue le surmoi de l’autorité au sien.
Comment entre-t-on dans l’état agentique, pourquoi y demeure-t-on, comment en sort-on et que se passe-t-il dans la structure de la personnalité pendant qu’on y est, l’exercice est bien mené. C’est pourtant un passage qui est plus daté que le précédent, où perce cette surprise qu’ont parfois les pragmatiques américaines devant leur nature humaine.
Sources : Soumission à l’autorité. Stanley Milgram.
Une réflexion d’une profondeur remarquable sur le processus de perte de conscience morale dès lors que l’homme se trouve en situation de maillon d’un organisme dont il respecte l’autorité…
Cette expérience sonne comme un avertissement pour tout un chacun. Elle nous rappelle que face à une autorité qu’il perçoit comme légitime, l’être humain a une tendance naturelle à obéir qui l’amène à mettre sons sens critique en sommeil et favorise le réveil des monstres…
Une vidéo pour conclure :
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[b]Michel[/b],
Sujet intéressant ! J’en avais déjà entendu parler et vu la vidéo, c’est tout de même incroyable ce qu’est capable de faire l’homme en obéissant…
[b]Amitiés,
Benjamin[/b]
[b]Cher Michel, pour faire « court » je dirai comme Jean-Jacques Rousseau
[u]Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir[/u].
Exactement adapté à ton article et transposable à ceux qui nous Gouvernent
Je t’embrasse
Sophy[/b]
Bonsoir Benjamin.
L’homme par ses faiblesses ne fait que légitimer l’autorité, insidieusement, sans s’en rendre compte nous vivons dans un conformisme qui nous conduit vers une forme d’esclavage de l’esprit, abdiquant (pour beaucoup…) notre confiance dans la soumission à la dite autorité, ce qui comme le passé l’a démontré, à fait d’hommes normaux…des bourreaux impitoyables, certains de leurs faits car prisonniers de cette obéissance aveugle..
Amitiés
Michel
Chère Sophy.
Eh oui le grand Jean-Jacques Rousseau avait parfaitement le droit de s’inviter sous ce modeste article.
J’aime beauoupc cette citation de Bernard Grasset:
« L’autorité n’est peut-être que de faire de ses buts un idéal pour les autres… »
Je t’embrasse bien fort.
[url=http://www.imagehotel.net/?from=iqxrtguv7g.jpg][img]http://images.imagehotel.net/iqxrtguv7g.jpg[/img][/url]
[b]Ce sujet est très intéressant, qui démontre jusqu’où on peut faire en sorte qu’un être humain obéisse en allant jusqu’à ses bas instincts ; mais, il montre aussi que des êtres humains savent désobéir, ce, même si cela va à l’encontre des ordres reçus…
Jusqu’où peut aller la conscience qui interdit toute soumission ?
Je ne sais pas trop quoi dire, ne connaissant pas bien le sujet…
Cependant, Michel, ton article devrait interpeller beaucoup de monde…
Avec toute mon amitié,
Dominique[/b]
Hello Michel.
Avant que d’être un travailleur social,j’ai fais nombres de jobs.J’étais jeune et con forcément,c’était le début,c’était le printemps et comme tous les copains je n’avais pas mangé tout mon pain !!! Cela me rappelle les paroles d’un grand monsieur habiller par M.Audiard;bref !!!
Je me tirais de ces pièges a bagnards quand j’étouffais,je ramenais ma tronche quand un larbin comme ma pomme se faisait flinguer par un boss etc… La liste est exhaustive !!!
Et aujourd’hui,les jours ou j’me retourne,j’regarde la terre ou j’ai quand même fais les cent pas,je suis resté le même un peu plus sage mais détestant être sans le vouloir comme monsieur ou madame untel.J’ai toujours eu et encore actuellement,ça m’arrive de me plier et suivre le troupeau.Je n’écoute pas les ordres a la con qui ne sont pas dans mes principes,ma façon de voir les choses !!! Faut reconnaitre qu’il m’arrive tout de même de m’exécuter,fais chier !!!
On n’est pas toujours apprécier c’est sur,question de tempérament !!
Punaise je suis en train de faire le brouillon de ma biographie,ou de répondre a Mireille Dumas,là,bref,stop !
Si les individus étaient trop cultivés,trop évolués,trop réfléchis,l’autorité n’aurait pas ensemencée l’univers.L’autorité est signe de peur pour qui y est soumis elle est très loin d’être un signe de reconnaissance et de respect…
Tout ce qui est l’ autorité me donne envie d’injurier ( Paul Léautaud 1872-1956 ).
Bonne soirée Michel,bye.
Amitiés.
Bonsoir Dominique.
Un sujet permettant un vaste débat, et par la même occasion de nous interroger nous même. Il serait facile d’être certain de ne se sentir pas concerner par cette expérience, en se persuadant d’échapper à ce système…
Pourtant tous nos gestes quotidiens ne sont-ils pas mécanisés ?
Habitude ou tout simplement les conséquences d’une « autorité » routinière, qui malgré nos esprits « libres » nous dictent une forme de conduite, même si cela se fait à contre-coeur…
Vaste sujet..
Toute mon amitié.
Michel
Mon cher Humaniste.
Tu m’aurais avisé avant, j’aurais eu tout loisir de t’installer confortablement sur un divan, mais je n’ai pas cette prétention, bien futile d’ailleurs !
Une jolie démonstration, comme d’habitude colorée…
Et finalement la constatation est que nous faisons bien des choses à contre-coeur, avec bien évidemment en toile de fond le labeur nous permettant de vivre et de faire vivre notre famille.
Cette autorité insidieuse, qui peut transformer un être humain, lui révélant tous ces plus bas instincts est une leçon à méditer..
Bye Humaniste.
A plus sur l’une des dernières fréquences libres…
Michel
Merci MICHEL pour cet excellent article, vous avez su fort bien synthétiser les travaux de Milgram pour nous en donner l’essentiel. Ce fut en effet une démonstration effrayante des phénomènes psychiques conduisant à la soumission parfaite à l’autorité sans que l’esprit critique, la conscience, la responsabilité empêchent l’obéissance même nuisible, cruelle, immorale…
on comprend mieux pourquoi le nazisme, le stalinisme, Pol pot et les autres ont pu conduire leurs compatriotes à des horreurs sans nom !
c’est bien de nous le rappeler car nous ne sommes pas à l’abri, comme vous le dites !!!
un vote super … en amicale reconnaissance!
merci pour ce partage de vérités en tout cas…….
Bonjour Mum.
Merci du passage et de permettre à ce type d’articles de vivre, qui permet d’ouvrir nos consciences et de mieux comprendre certains processus, et qui prouve bien qu’en chaque être humain sommeille un barbare…
[url=http://www.imagehotel.net/?from=iqxrtguv7g.jpg][img]http://images.imagehotel.net/iqxrtguv7g.jpg[/img][/url]
Michel, de quel film est tiré cet extrait ? Ma mémoire me joue des tours…
Petite question sur l’expérience: a-t-elle été pratiquée sur des femmes et si oui, y a-t-il une différence de résultat ?
Mon intuition me dit que les femmes obéiraient moins facilement, pour ce type d’expérience.
Siempre.
Avec toutes mes excuses, une omission de ma part.
Il s’agit de : « I comme Icare » d’Henri Verneuil 1979.
Les statistiques de Milgram sur les 636 « cobayes », des deux sexes, et il s’avère qu’aucune différence significative n’apparait.
Bonjour Michel.
I comme Icare,faut faire gaffe,plus on s’approche de là vérité,plus on brule!
D’ailleurs dans ce film,Yves Montand se fait dessouder,simple anecdote!
Cependant depuis l’enfance et au nom de l’éducation,des principes de fonctionnement de notre société telle qu’elle est conçue,nous sommes déjà apte a nous soumettre !!!
Dans nos types de société,tout n’est qu’en fait basé sur l’autorité,le pouvoir,la place que nous occupons afin que le système ne déraille pas.Aucune défaillance si les sanctions,répressions sont appliquées et cela quel qu’en soit là raison puisque c’est là raison de cette autorité qui tranche,qui prime !!!
Au travers des siècles ce phénomène se maintien,et oui pour se réconforter actuellement en se disant que nous avons évolués et entretenir notre univers dans le bon sens! Une sorte de moralité consentie et respecter dans presque toutes les civilisations.Marrant cette sorte de conditionnement et pour quoi ???
Pour se distinguer du règne animal,par respect de l’ordre du bon fonctionnement des lois,des droits et des cerveaux qui pensent pour les individus de manières générale !
Bref,la terre des hommes n’est qu’une fourmilière et qui ne s’exécute pas est banni de notre système,ne pas vouloir se conformer,disposé,amène a l’exil ou a sa propre perte.
Tout ici bas dans le fond ne relève que de l’arbitraire et qui plus est on nous gave avec ce mot insensé (LIBERTÉ ), pathétique n’est-ce pas Michel ???
Bye Michel a plus sur canal libre 4.
Amitiés.