A quel jeu joue-t-on à la télé ? Les reportages d’information sont-ils en train de devenir des auxiliaires de la police ? Deux affaires récentes pourraient le faire penser.

A Tremblay-en –France tout d’abord.

Le nouveau magazine d’information de TF1, Haute définition, parle du trafic de drogue dans le quartier. Or le matin même de la diffusion de cette émission, les policiers ont saisi un million d’euros au cours d’une opération antidrogue.

Ce n’est bien sûr pas une coïncidence. La police a reconnu qu’elle avait avancé cette opération prévue depuis longtemps à cause de l’émission.

Résultat : représailles, dans la nuit de mercredi à jeudi, des jeunes ont attaqué deux bus à coup de cailloux, avant d’en brûler un. Les forces de l’ordre ont réinvesti le quartier.

Voilà ce que dit un jeune du quartier à un journaliste de Libération :

«De toute façon, vous, les médias, vous n’êtes là que pour mettre de l’huile sur le feu. »

Le ministre de l’intérieur est venu « rouler des mécaniques » et les bus font leur parcours sous escorte. Pendant combien de temps ? Le temps que ça intéressera la télé !  

Deuxième affaire : France 2, cette fois avec son émission « les infiltrés » de David Pujadas. Une enquête sur « les prédateurs sexuels » qui passera le mardi 6 avril fait débat car les journalistes, après avoir infiltré des réseaux pédophiles en caméra cachée, sont allés à la police pour dénoncer les personnes qu’ils avaient rencontrées. Est-ce bien le rôle d’un journaliste ? Oui répondront certains, comme tout citoyen, pas de cadeau pour ces criminels !

Le journaliste a fait son devoir. D’autres objecteront que la non-révélation des sources est pour les journalistes un dogme absolu. Le trahir pourrait créer un précédent préjudiciable pour d’autres enquêtes, car la discrétion des journalistes pourrait être mise en cause.

La télévision a-t-elle quelque chose à gagner en étant auxiliaire de police ?