L’espace, poubelle radioactive de satellites…

A 790 km au-dessus de la Sibérie, la collision n’a fait aucun bruit. Pour la première fois dans l'histoire spatiale officielle, deux satellites sont entrés en collision. Kosmos 2251, un satellite militaire russe, hors service depuis 1995, et Iridium 33, un satellite de télécommunications américain, encore en fonctionnement, ont été pulvérisés par l'impact, propulsant autour du globe une nuée de débris. Et polluant pour des siècles une des régions de l'espace les plus utilisées.

 Cette collision n’est pas tout à fait une première. Dans les annales des collisions spatiales, on connaît les chocs entre et avec des débris, petits ou gros, provenant d’étages supérieurs de fusées. En juillet 1996, le satellite français Cerise était endommagé lors d’une collision avec un débris provenant d’un étage d’Ariane.

 Ce type de collision à ces centaines de kilomètres de la Terre est très peu probable. L'accident a provoqué deux nuages de débris, dont la Nasa, l'agence spatiale américaine, suit de près l'évolution.

Le risque pour la station spatiale internationale (ISS) serait faible, son orbite étant plus basse que celle de l'accident (430km). De même, le prochain vol de la navette spatiale, avec sept astronautes à son bord, ne serait pas menacé. Discovery doit décoller dans 10 jours et apporter de nouveaux panneaux solaires à l'ISS. Le risque serait en revanche réel pour le télescope Hubble, situé à 600km d'altitude et qui décrypte l'espace, ainsi que pour certains satellites d'observation de la terre.
Près de 6.000 satellites ont été envoyés dans l'espace depuis que l'Union soviétique a mené pour la première fois en 1957 un vol habité autour de la Terre avec Spoutnik 1. Environ 3.000 sont toujours opérationnels, selon la Nasa, mais le chiffre précis d'engins en activité est difficile à déterminer.

La quantité totale des objets découverts et surveillés dont le diamètre dépasse 10 cm frôle les 14.000. 950 d’entre eux sont des appareils spatiaux actifs de différents pays. Le nombre des corps dont le diamètre est inférieur à 10 cm varie entre 200.000 et 250.000, ceux dont le diamètre est de 0,1 à 1 cm sont entre 70 et 80 millions, alors que les objets qui se mesurent en microns sont de l’ordre de 10 puissance 13 ou 14. Il s’agit cependant d’évaluations purement théoriques, car ces particules ne sont pas visibles au télescope ni au radar, et ne peuvent ainsi être cataloguées.

Le secteur spatial a pris conscience que de tels accidents vont se multiplier. "Il n'y a malheureusement pas beaucoup de solutions, constate Fernand Alby. Récupérer ces débris serait techniquement difficile et extrêmement coûteux. Le mieux est de prévoir dès leur lancement la fin de vie des satellites, dans l'atmosphère."

La seconde solution envisageable, «la plus réaliste», est d'agir en prévention. «Il s'agit par exemple de désorbiter ou ré-orbiter les satellites afin de protéger certaines zones d'intérêt», explique le CNES.

Quoi qu'il en soit, l’accumulation sur les orbites d’objets d’origine humaine suscite par ailleurs de sérieuses inquiétudes sur le plan de la situation radioactive dans l’espace. L’URSS a lancé 33 appareils spatiaux à propulsion nucléaire. Après avoir achevé leurs missions, les propulseurs ont quitté les satellites pour passer à une orbite « cimetière » (700-1000 km d’altitude). Là, les propulseurs se sont séparés de leurs noyaux qui n’étaient rien d’autre que des cartouches de combustible nucléaire.

 

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