Le vieux sage canadien est enfin sorti de sa torpeur pour nous donner un superbe album. On y trouve des ballades comme lui seul sait en faire. Un disque à écouter comme on sirote un bon verre, lentement.

« Old ideas » frappe tout de suite par son épure : la voix grave presque caverneuse, juste quelques instruments, deux ou trois pas plus. La diction est comme toujours impeccable et la lenteur des tempi nous permet de savourer le texte si important chez Cohen. On retrouve les thèmes habituels du « songwriter » : l’amour, bien sûr, le temps qui passe, la mort, cette défaite inévitable. 

Les chansons sont des prières au sens premier du terme, ainsi dans « Show me the place », il supplie « Montre moi l’endroit ou le mot s’est fait homme/Montre moi l’endroit où la souffrance a commencé ». A 77 ans, il sait que le temps lui est compté comme il l’évoque dans  « Darkness » : « I’ve got no future baby

I know my days are few ». 

Mais l’amour peut encore inspirer le poète mais s’il avoue que c’est folie dans « Crazy to love you ». Comme toujours chez Cohen, les chœurs féminins sont somptueux. Mais est-ce un hasard s’il débute cet album en se moquant de lui-même dans « Going home » il se compare à un berger qui se fait passer pour un sage et qui désire rentrer chez lui. Mais ce disque n’est pas mélancolique car il sait apporter une petite pointe d’humour qui caractérise les plus grands.

Plus que jamais Léonard Cohen nous rappelle qu’il est un artiste majeur. Malheureusement, après sa formidable tournée mondiale débutée en 2008, il ne semble pas disposé à remettre ça avec ce nouvel album. Il faut dire qu’il avait entrepris cette tournée parce qu’il avait perdu pas mal d’argent à cause de la crise. Parfois la crise a du bon.  

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