Cela faisait 10 ans lundi qu’Eric Harris et Dylan Klebold massacraient treize personnes dans leur lycée de Littletown, Colorado. A l’époque, l’Amérique traumatisée par la plus grave tuerie scolaire de son histoire, s’était posé la question du libre accès aux armes, en particulier chez les plus jeunes. En 2009, le débat en est toujours au même point et malgré d’autres drames, les propriétaires d’armes ont réussit à protéger leur passion. 

 

Détenir une arme pour pouvoir se protéger est un droit immuable aux Etats-Unis. La Constitution prévoit dans son deuxième amendement que les citoyens puissent s’organiser en milices, détenir et porter des armes afin d’assurer leur sécurité. Cet argument a toujours permis aux lobbys favorable au port libre d’armes à feu de justifier le maintien de cette pratique. Les différents partis ne sont cependant pas d’accord sur l’interprétation de cet amendement. S’agit-il d’un droit individuel justifiant l’achat d’une arme personnelle ou d’un droit collectif qui pourrait permettre de limiter le port d’armes aux forces de l’ordre ? Suite à la tuerie du lycée Columbine de Littletown, le débat s’est fait plus houleux et quelques hommes politiques du parti démocrate ont décidé de s’y intéresser. En 2000, Al Gorre, alors candidat à la présidence, a perdu de nombreux points dans les sondages en évoquant la suppression de la liberté d’achat d’armes à feu. Barack Obama avait à la même époque alerté les propriétaires d’armes en proposant d’augmenter les taxes de 500%. 

 

Cette prise de position a peut être participé à la défaite d’Al Gorre en 2000 et a failli ralentir Barack Obama en 2008. Posséder une arme à feu fait partie intégrante de la culture américaine. Si certains Etats sont prêts à évoluer, d’autres, dans lesquels la police fédérale est très peu représentée, craignent une véritable augmentation de la criminalité si les citoyens ne pouvaient plus se défendre. Près de 300 millions d’américains détiennent 270 millions d’armes à feu aujourd’hui. L’importance économique de ce marché pour le pays est également un facteur non négligeable. Les Etats-Unis produisent 30% des armements exportés dans le monde.

 

Sur les 10 principales entreprises de production d’équipements de défense, 7 sont américaines et généraient un chiffre d’affaires cumulé de 144 milliards de dollars pour cette activité en 2007. Depuis 1927, 40 000 lois fédérales ont été appliquées concernant cette question et ont progressivement augmenté les barrières à l’achat et à la détention d’armes. Aujourd’hui, il est plus difficile d’acheter des armes d’assaut ou des armes automatiques. N’importe quel Américain peut cependant acquérir, si son casier judiciaire n’implique pas le contraire, un fusil de chasse dés l’âge de 18 ans et une arme de point dés l’âge de 21 ans. 

 

Les ventes explosent 

Les ventes d’armes à feu n’ont jamais été aussi élevées. Malgré l’action plus active que jamais des associations anti-armes, les américains se précipitent pour acheter armes de poings et de chasse. Selon le FBI, les ventes ont augmenté approximativement de 42% au second semestre 2008 et de 27% au premier trimestre 2009.

Il existe deux raisons principales à cette augmentation. La première, c’est l’opposition du nouveau président  à cette coutume. De nombreux américains craignent que Barack Obama ne durcisse plus que jamais l’accès aux armes à feu. En prévision d’une éventuelle législation, ils se précipitent et stockent un maximum d’équipements de défense tant qu’ils le peuvent. M. Obama reste cependant relativement discret sur cette question qui pourrait soulever toute une partie de l’opinion.

 

Remettre en cause la détention d’armes est particulièrement complexe et délicat. La crise a également joué en faveur des ventes d’armes. Avec l’augmentation des situations sociales critiques et du chômage, le sentiment d’insécurité augmente en flèche. Les citoyens ont peur de ce dont seraient capables les désespérés. Le climat particulièrement tendu incite de nombreux particuliers à s’armer pour protéger leurs domiciles ou leurs magasins. L’achat d’armes à feu a été compliqué par le président Clinton avec l’instauration de la loi Brady en 1994 qui devait permette d’empêcher les citoyens dangereux d’acheter des fusils.

 

Depuis, la mise en place de foires et de salons a littéralement explosé et permet à tout un chacun de venir acheter rapidement et sans rien justifier les armes de son choix. Il n’existe toujours pas de réglementation efficace limitant ce phénomène qui permet à presque n’importe qui d’acquérir une arme. Depuis le début de l’année 2009, une soixantaine de personnes ont été tuées au cours de fusillades.  Illustration : Françoise Bessières