Les familles tunisiennes continueront de célébrer la naissance du Prophète Mahomet en 2008, en dépit des nombreux appels de certaines autorités religieuses à mettre un terme à cette pratique. Certains leaders musulmans qualifient d’hérésie l’observance de ce jour férié.
De nombreuses familles tunisiennes se préparent à célébrer la naissance du Prophète Mahomet, malgré l’opposition à cette tradition affichée par certains intellectuels religieux de renom, tels que l’Egyptien Youssef al-Qaradawi. Les préparatifs sont lancés dans les maisons tunisiennes pour célébrer le Mouled, l’anniversaire de la naissance du Prophète Mahomet, en dépit des fatwas lancées par de nombreuses chaînes de télévision par satellite du Golfe, spécialisées dans les questions islamiques.
La plupart des opposants aux célébrations du Mouled basent leurs arguments sur des fatwas lancées par des intellectuels musulmans, tels que l’EgyptienYoussef al-Qaradawi. Sur le plateau d’une émission sur Aljazeera, « La Sharia et la Vie« , al-Qaradawi a qualifié la célébration du Mouled de « acte de jahiliya [ignorance pré-islamique]« . Mais les fatwas les plus virulentes à l’encontre de ces célébrations ont été lancées par des intellectuels religieux saoudiens tels que le grand moufti Abdelaziz Ibn Baaz et Ibn Alothaimeen, ce dernier allant même jusqu’à dire que la célébration de cette journée serait interdite dans le royaume.
En dépit de cette nouvelle controverse, ce jour férié se fonde sur une longue tradition. Selon les historiens, les Fatimides furent les premiers à célébrer le Mouled, apportant avec eux cette pratique au Maghreb lorsqu’ils gouvernèrent la région en 1102. Le professeur Iqbal Gharbi, de la Faculté Tunisienne de la Shariah, a fermement critiqué cet appel à interdire la célébration. Dans un entretien accordé à Magharebia, elle a qualifié les auteurs de ces fatwas « d’ennemis de la joie« . Elle les a accusés de « créer la culture de la mort qui réfute le bonheur et la joie et tue les instincts de la vie », affirmant qu’ils « tentent de provoquer un schisme intellectuel et doctrinal entre la société et son patrimoine psychologique et culturel, ses habitudes et ses coutumes.«
Pour Mme Gharbi, la célébration du Mouled est « une occasion importante pour les gens de se rassembler pour écouter la vie du Prophète, que la paix soit sur lui, d’écouter des prière, de distribuer de la nourriture, de renforcer la solidarité et le tissu social, et d’apporter joie et bonheur au coeur de cette nation. » Bien que ces célébrations puissent être une « nouveauté » jamais célébrée durant la vie du Prophète, Mme Gharbi ajoute que c’est une bonne nouveauté. « Toute nouveauté n’est pas synonyme d’aberration, comme l’affirment les extrémistes. Nous avons une tradition prophétique qui dit: ‘celui qui lance une bonne pratique dans l’Islam, que les gens observent pendant et après ce temps, celui-là aura la même récompense que ceux qui l’ont observée, et leur récompense ne diminuera point.' »
Le débat entre les ménagères de Tunisie ne porte pas sur le point de savoir si les célébrations du Mouled sont ou non autorisées – il porte plutôt sur le type de porridge, ou asida, qu’elles prépareront pour leurs familles. Certaines familles s’en tiennent encore à la tradition de la farine asida, avec du beurre ou de l’huile et du sucre. D’autres préfèrent varier la recette selon leur budget et leur envie. Certaines le préparent à la manière turcque, assez chère, avec du zaqouqou (cône de pin, ou graines noires de l’Orient), ou des noix.
Nejiba Wartani a expliqué à Magharebia que chaque année, elle se retrouve face à un vrai casse-tête. « Mon mari préfère l’asida traditionnelle, mes enfants la version plus moderne. Pour finir, j’en prépare toujours deux sortes. » Interrogée sur les fatwas condamnant la célébration du Mouled, elle affirme avec étonnement: « Qui a lancé une telle fatwa ? Nous célébrons cette fête depuis très longtemps. Je me rappelle ma grand-mère qui se faisait une joie de le célébrer. Si cela avait été une pratique interdite, elle n’aurait pas duré jusqu’à aujourd’hui. On connaît parfaitement ce qui est haram. Je doute que des millions de Musulmans ne puissent faire la différence entre halal et haram.«
Par Jamel Arfaoui – Magharebia – 18/03/08
Les familles tunisiennes continueront de célébrer la naissance du Prophète Mahomet en 2008, en dépit des nombreux appels de certaines autorités religieuses à mettre un terme à cette pratique. Certains leaders musulmans qualifient d’hérésie l’observance de ce jour férié.
De nombreuses familles tunisiennes se préparent à célébrer la naissance du Prophète Mahomet, malgré l’opposition à cette tradition affichée par certains intellectuels religieux de renom, tels que l’Egyptien Youssef al-Qaradawi. Les préparatifs sont lancés dans les maisons tunisiennes pour célébrer le Mouled, l’anniversaire de la naissance du Prophète Mahomet, en dépit des fatwas lancées par de nombreuses chaînes de télévision par satellite du Golfe, spécialisées dans les questions islamiques.
La plupart des opposants aux célébrations du Mouled basent leurs arguments sur des fatwas lancées par des intellectuels musulmans, tels que l’EgyptienYoussef al-Qaradawi. Sur le plateau d’une émission sur Aljazeera, « La Sharia et la Vie« , al-Qaradawi a qualifié la célébration du Mouled de « acte de jahiliya [ignorance pré-islamique]« . Mais les fatwas les plus virulentes à l’encontre de ces célébrations ont été lancées par des intellectuels religieux saoudiens tels que le grand moufti Abdelaziz Ibn Baaz et Ibn Alothaimeen, ce dernier allant même jusqu’à dire que la célébration de cette journée serait interdite dans le royaume.
En dépit de cette nouvelle controverse, ce jour férié se fonde sur une longue tradition. Selon les historiens, les Fatimides furent les premiers à célébrer le Mouled, apportant avec eux cette pratique au Maghreb lorsqu’ils gouvernèrent la région en 1102. Le professeur Iqbal Gharbi, de la Faculté Tunisienne de la Shariah, a fermement critiqué cet appel à interdire la célébration. Dans un entretien accordé à Magharebia, elle a qualifié les auteurs de ces fatwas « d’ennemis de la joie« . Elle les a accusés de « créer la culture de la mort qui réfute le bonheur et la joie et tue les instincts de la vie », affirmant qu’ils « tentent de provoquer un schisme intellectuel et doctrinal entre la société et son patrimoine psychologique et culturel, ses habitudes et ses coutumes.«
Pour Mme Gharbi, la célébration du Mouled est « une occasion importante pour les gens de se rassembler pour écouter la vie du Prophète, que la paix soit sur lui, d’écouter des prière, de distribuer de la nourriture, de renforcer la solidarité et le tissu social, et d’apporter joie et bonheur au coeur de cette nation. » Bien que ces célébrations puissent être une « nouveauté » jamais célébrée durant la vie du Prophète, Mme Gharbi ajoute que c’est une bonne nouveauté. « Toute nouveauté n’est pas synonyme d’aberration, comme l’affirment les extrémistes. Nous avons une tradition prophétique qui dit: ‘celui qui lance une bonne pratique dans l’Islam, que les gens observent pendant et après ce temps, celui-là aura la même récompense que ceux qui l’ont observée, et leur récompense ne diminuera point.' »
Le débat entre les ménagères de Tunisie ne porte pas sur le point de savoir si les célébrations du Mouled sont ou non autorisées – il porte plutôt sur le type de porridge, ou asida, qu’elles prépareront pour leurs familles. Certaines familles s’en tiennent encore à la tradition de la farine asida, avec du beurre ou de l’huile et du sucre. D’autres préfèrent varier la recette selon leur budget et leur envie. Certaines le préparent à la manière turcque, assez chère, avec du zaqouqou (cône de pin, ou graines noires de l’Orient), ou des noix.
Nejiba Wartani a expliqué à Magharebia que chaque année, elle se retrouve face à un vrai casse-tête. « Mon mari préfère l’asida traditionnelle, mes enfants la version plus moderne. Pour finir, j’en prépare toujours deux sortes. » Interrogée sur les fatwas condamnant la célébration du Mouled, elle affirme avec étonnement: « Qui a lancé une telle fatwa ? Nous célébrons cette fête depuis très longtemps. Je me rappelle ma grand-mère qui se faisait une joie de le célébrer. Si cela avait été une pratique interdite, elle n’aurait pas duré jusqu’à aujourd’hui. On connaît parfaitement ce qui est haram. Je doute que des millions de Musulmans ne puissent faire la différence entre halal et haram.«
Par Jamel Arfaoui – Magharebia – 18/03/08
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