Ce matin, au départ pour mon travail, j’ai consulté  le site de l’INSEE.
Si vous ne le saviez pas, cet organisme  «  L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) est une direction générale du ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi. Il s’agit donc d’une administration publique, dont les salariés sont des agents de l’État, qu’ils aient ou non le statut de fonctionnaire. L’Insee est soumis aux règles de la comptabilité publique ; les crédits dont il dispose figurent au budget général de l’État. ». Ces renseignements sont pris sur le site : http://www.insee.fr/fr/themes/

Ma curiosité m’a poussé à aller fureter du côté des statistiques de la justice. Les chiffres ont été mis à jour cette année, ils concernent donc l’année 2009 (ainsi que certains faits de 2007 et 2008).

Avec les évènements de cet été concernant la délinquance des Roms et l’obsession médiatique à leur sujet, j’ai voulu moi-même me rendre compte de la réalité. J’ai essayé de lire et comprendre les données mises à notre disposition et j’ai fait deux constatations essentielles :
– pour communiquer sur des chiffres,  il faut être un spécialiste. Vous le verrez, j’ai mis en relation plusieurs résultats différents, selon le thème des infractions constatées en France au cours des trois dernières années. J’ai fait ma propre analyse, elle vaut ce qu’elle vaut, mais j’estime que c’est également le cas des pseudo-analyses publiées par les médias français cet été. Surtout qu’ils se sont plutôt penchés sur les résultats d’ organismes privés, dont on peut mettre en doute l’impartialité (ne serait-ce que par les conflits d’intérêts entre les clients et leurs commanditaires, qui ont parfois les mêmes actionnaires.)
– il n’y a pas de statistiques officielles concernant les Roms en particuliers, pas plus qu’il y en a sur les Italiens, les Sénégalais, les Suisse ou les Allemands. Les critères sont la population française et la population étrangère vivant en France.

Pour que vous compreniez mes conclusions, je vous donne les liens des différentes enquêtes.

Condamnés selon l’âge, le sexe et la nationalité :

On y apprend qu’en 2007, sur l’ensemble des infractions constatées, les étrangers (« étrangers » et « nationalités non déclarés » confondus) représentaient 21,5% (donc 78,5% des infractions émanent des « français »). Cela représente une augmentation de 1,13% de 2006 à 2007. Il faut nuancer ce chiffre, car le nombre de condamnés étrangers a augmenté de 14,56%, alors que les condamnés de nationalités non déclarés ont diminué de 14,31%. Le nombre de condamnés français a lui augmenté de 5,8 %.
Part des condamnés pour une peine supérieure à 5 ans selon la nationalité :
On lit que la part des condamnés qui reçoivent une peine de plus de 5 ans est de 2,6% pour les français, et 3,2% pour les étrangers.
Faits constatés :
On note que les vols (avec ou sans violences), les destructions et dégradations et  les violences crapuleuses ont baissé d’environ 5% de 2007 à 2008. Difficile de faire un commentaire, sans connaitre la définition de « vol », de « violence crapuleuse » et de « dégradation ». A contrario, les violences non crapuleuse, les violences sexuelles, les menaces ou chantages, les atteintes à l’intégrité physique ont augmenté dans des ratios allant de 2% à 6%.
L’ augmentation la plus importante provient des escroqueries et infractions économiques et financières, qui frôlent les 11%, ainsi que celle des infractions révélées par l‘action des services (de police) qui est de plus de 8% . Voici une petite précision fourni sur le site « Entre 2007 et 2008, le nombre d’escroqueries et d’infractions économiques et financières a augmenté de 10 %. Il s’agit de la troisième et plus importante hausse enregistrée sur les cinq dernières années. Neuf fois sur dix, ces faits sont des escroqueries et abus de confiance ou des infractions de falsification et d’usage de cartes de crédit et de chèques. »
Part des mineurs dans la criminalité et la délinquance  :
C’est de loin l’enquête dont les résultats font le plus frissonner. On voit que 18 personnes sur 100 mises en cause dans des délits sont des mineurs. Avec 55 % de mineurs mis en cause dans les vols de deux roues (donc 1 personne sur deux) et 47% dans les autres vols avec violences, 25,5% dans des viols (1 personne sur 4) et enfin, 51% pour les incendies volontaires.

Quelle conclusion peut ressortir de tout ça ? Certainement pas que les Roms sont les délinquants du pays et que la solution passe par leur expulsion. Rien dans ces chiffres ne permet une telle assertion. En fait, sans culture spécifique on ne devrait même pas avancer un quelconque commentaire. Pourquoi ?

Je vais prendre l’exemple du taux d‘infraction à la législation des stupéfiants, qui est en augmentation de 13%. Doit-on conclure qu’il y a de plus en plus de drogués, ou de plus en plus de personnes revendant de la drogue ? Ou plutôt qu’il y a de plus en plus de contrôle ou une répression spécifique accrue, qui ont pour résultat logique l’augmentation de ces chiffres ? Pour une même donnée, sans avoir pris de renseignements précis (existe-t-il une nouvelle loi, les forces de l’ordre ont-elles eues des consignes spéciales, y-a-t’ il eu un évènement extraordinaire dans l’année, lequel, etc.) il est difficile d’en tirer des affirmations.

Ma petite démonstration pointe un autre problème : celui de l’orientation de l’information. Pourquoi, quand les médias lancent le débats sur la sécurité du bon peuple, ne parlent-ils pas de l’augmentation des infractions financières ? Vous allez me dire que vous avez dû voir tel ou tel reportage sur la question. Certainement, mais pas cet été, quand tout le monde montrait du doigt une population facilement identifiable. Si on suivait la logique du gouvernement, il faudrait virer tout les voleurs de chéquiers, les escrocs à la carte bleue, les « faux commerciaux » malins qui ont extorqué de l’argent à vos grands-parents, et de fil en aiguille les agents commerciaux spécialisés en produits financiers loufoques, etc… je vous laisse compléter la liste, je suis sûre que vous aurez des choses à dire sur le sujet.

Tout ceci pour démontrer qu’il ne faut plus accepter les informations prédigérées qu’on nous étale sous le nez comme vérité absolue. Pas plus les données chiffrées, commentées par des pseudo-experts dont on ne sait pas grand-chose, que les paroles lancées à la cantonade sur les grandes ondes aux heures d’écoute massive. Rappelez-vous que votre intelligence doit faire la différence. Il suffit, quand un sujet vous choque de chercher les informations qui s’y rapportent… et de ne pas oublier à qui appartiennent les médias traditionnels (et les institut de sondage privé)

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