Pour que l’humanité puisse continuer à se développer, il est très important que chacun de nous s’enrichisse de jour en jour. Nous devons nous enrichir intellectuellement, culturellement et émotionnellement. Cependant, le verbe « s’enrichir » a pris une tout autre connotation depuis le 16e siècle. En effet, l’humanité a fait un virage assez important. Nous voulions nous enrichir d’esprit et maintenant nous voulons nous enrichir monétairement. Nous devons attribuer ce changement de cap au capitalisme, concept économique, politique et sociologique. Bien que la montée du capitalisme a fait plusieurs heureux, il est de plus en plus contesté par plusieurs personnes d’influence. Avant de rentrer dans les détails, nous allons d’abord dresser une courte histoire du capitalisme, ensuite nous dépeindrons les bases de ce concept pour en comprendre plus. Nous verrons, par la suite, quelques auteurs plus qu’intéressants et leurs pensées sur ce système économique.
D’où vient le capitalisme?
Avant tout, permettez-moi de dresser une courte histoire du capitalisme. Comme il en est question plus haut, la première forme de capitalisme a eu lieu en Europe au cours du 16e siècle. Il a ensuite connu sa plus forte expansion suite à la chute du féodalisme. Ce modèle économique a fourni le moyen principal pour introduire l’industrialisation en Europe. Sous l’impulsion de la mondialisation et de la chute des régimes communistes, principale alternative du capitalisme, ce concept s’est étendu au-delà de l’Occident pour devenir le modèle économique dominant sur notre planète. Ce modèle a connu une montée fulgurante en popularité en raison d’un changement de pensée et de culture sur la totalité de la surface du globe. L’humain qui, avec certaines avancées technologiques, s’est mis à ne plus craindre pour sa vie et s’est mis à penser à plus long terme. Nous nous sommes mis à nous organiser de façon rationnelle et méthodique dans un but de croissance. Le modèle économique s’est évidemment développé au fil des ans pour devenir celui que nous connaissons aujourd’hui : « un système de production dont les fondements sont l’entreprise privée et la liberté du marché »[1] ou encore : « un système économique dont les traits essentiels sont l’importance des capitaux techniques et la domination du capital financier »[2]. Comme vous pouvez le voir, il existe plusieurs définitions pour ce terme, nous en verrons une autre plus tard.
Qu’est-ce que le capitalisme?
Comme vous le savez, le capitalisme est un concept à la fois économique, politique et sociologique. Il est donc très complexe et quasi impossible d’en faire le tour dans un exposé de seulement quelques pages. Nous allons donc nous concentrer sur les bases du modèle économique dominant la planète. Premièrement, le fondement principal du capitalisme est la recherche du profit. Comme vous le savez sans doute, le profit se définit comme étant la : « différence entre les dépenses occasionnées par la production ou la vente de biens et services et les recettes obtenues par l’entreprise qui les produit ou les livre sur le marché »[3]. Alors, dans un système capitaliste, le but premier des entreprises, ainsi que les particuliers, est de faire du profit, ce qui nous amène au deuxième point important à ne pas contourner. À force de faire du profit, les entreprises et même les individus font de l’accumulation du capital. Ce phénomène économique possède deux fonctions distinctes, un au niveau macroéconomique et l’autre au niveau individuel. Au niveau macroéconomique, l’accumulation du capital permet d’augmenter la production totale de l’économie. Pour un individu, cette accumulation se fait en épargnant par exemple, et permet d’obtenir plus de biens sur une période à long terme. Le troisième aspect du capitalisme est la dissociation de la propriété, du capital et du travail. La propriété, c’est-à-dire les biens, appartient à une ou plusieurs personnes. La distinction de ce qui est à moi et ce qui ne l’est pas relève directement de l’idéologie capitaliste. Le capital est un montant d’investissement fait à la recherche du profit. Le travail est quant à lui, l’activité rémunérée effectuée par quelqu’un. Nous pouvons donc dire que l’humain travail pour pouvoir accumuler du capital qui lui permet d’avoir des biens à lui seul. Après cette distinction, qui peut sembler évidente pour nous, mais qui est en soi assez complexe, l’existence du mécanisme du salariat est apparue. Le salariat est un lien qui existe entre le salarié et l’employeur. Pour les libéraux, le salariat est un droit obtenu par le salarié qui est de recevoir un salaire. La dernière base du capitalisme à savoir est la régulation par le marché d’où le concept de la « main invisible ». Cette régulation permet de maintenir l’état stable et conforme à ce qui est prévu par l’entremise du marché économique. Pour se faire, les différentes entités de puissance dans le monde (les pays forts économiquement) ont le choix d’intervenir dans l’économie ou, le plus souvent possible, de ne pas intervenir dans l’économie est de laisser la « main invisible » faire son effet. Nous y reviendrons plus tard. Tous ces éléments du capitalisme peuvent sembler évidents et « normaux » pour nous qui sommes nés dans ce système, mais il faut savoir que tout ça a été inventé par l’humain et que plusieurs autres méthodes de fonctionnement peuvent s’offrir à nous.
Qui est pour le capitalisme?
Adam Smith est considéré comme le père de l’économie telle que nous la connaissons aujourd’hui. En effet, il est le fondateur de l’analyse libérale du système économique. Il a passé plus de 10 ans à écrire un texte intitulé La richesse des Nations, texte qui inspire encore aujourd’hui plusieurs économistes libérales. Dans ce fameux texte, Smith explique que selon lui, la richesse d’une Nation n’est pas l’or ou la monnaie qu’elle possède, mais bien l’ensemble des produits qui facilite la vie de la Nation entière. La monnaie n’est donc qu’un moyen d’échange afin d’obtenir ces produits. Cette monnaie s’obtient par le travail de l’Homme, c’est pourquoi nous devons tous travailler. Cependant, ce qui nous intéresse particulièrement, c’est son concept de la « main invisible ». La « main invisible » n’est en fait qu’une métaphore par laquelle Adam Smith explique que les marchés sont autorégulateurs et qu’ils conduisent à l’harmonie sociale. En effet, selon lui, les lois du marché en ajout avec les intérêts personnels des entreprises, des gouvernements et des individus conduiraient à l’harmonie sociale, résultat surprenant. Ce résultat provient en fait de la concurrence naturelle qui se créer entre les agents économiques du monde, qui offre alors ce dont la société a besoin. « La recherche de l’intérêt personnel d’un individu seul peut être nuisible, mais la confrontation des intérêts personnels mène à l’intérêt général. »[4] Cette citation s’explique bien avec l’exemple suivant : si on producteur de lait est trop attiré par son intérêt personnel et qu’il monte ses prix en flèche, des dizaines de concurrents tout aussi avides de profits en profiterons pour prendre en main le marché en le vendant moins cher. Les acheteurs achèteront donc le lait le moins cher selon leurs propres intérêts personnels et le producteur qui a monté ses prix sera bien obligé de les descendre s’il ne veut pas faire faillite. C’est ce qu’on appelle le phénomène de la « main invisible ». L’Homme n’a guère eu besoin d’intervenir dans le marché pour que celui-ci retrouve l’équilibre. L’analyse libérale croit donc que la « main invisible » règle le marché pour qu’il soit le plus utile à tout le monde dans la société ce qui crée l’harmonie sociale. L’analyse libérale est donc l’essence pure du capitalisme que nous connaissons aujourd’hui. Même si le résultat espéré de cette analyse est l’harmonie sociale, nous pouvons constater aujourd’hui que le résultat du capitalisme n’est pas tout à fait celui espéré par les libéraux. Plusieurs ont contesté cette vision dans l’histoire et encore de nos jours, le capitalisme libéral est loin de plaire à tout le monde.
Qui est contre le capitalisme?
Plusieurs économistes, penseurs, philosophes et même hommes d’affaires critiquent le système capitaliste. Nous verrons trois auteurs qui, d’une certaine manière, ont essayé et essaient encore aujourd’hui de changer les choses. Le premier de ceux-ci est Karl Marx avec sa pensée maintenant appelée marxiste. Ce courant de pensée politique, sociologique et économique est totalement à l’encontre du libéralisme. Premièrement, le marxisme se définit principalement par sa contribution à la lutte réelle contre les classes sociales afin d’arriver, un jour, à une société sans classe sociale comme alternative au capitalisme. En effet, Karl Marx croit que : « l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »[5] Ceci signifie que contrairement au capitalisme, système où la valeur ajoutée du travail sur un produit s’en va directement dans les poches du propriétaire de la compagnie dans laquelle le salarié travail, Marx veut que cette valeur ajoutée soit remise aux travailleurs qui ont ajouté cette valeur. Ceci est possible, pour Marx, dans un système sans classe sociale, où tout le monde est égal. D’autres auteurs d’inspiration marxiste qualifient la vision libérale d’idéaliste et qualifie le capitalisme comme un régime économique et social tendu vers la recherche du profit et l’accumulation de capital. Ce système tend inévitablement à réduire le nombre d’individus possédant un capital toujours croissant. En outre, le capitalisme tend inévitablement vers une croissance de production incontrôlable sans corrélation avec la consommation, car le but d’une économie capitaliste n’est pas de répondre à la demande des consommateurs, mais bien de toujours accroître le profit, d’où la surproduction qui force les gens à surconsommer. La solution que proposent les marxismes est d’instaurer la socialisation des biens où toutes les ressources et tous les moyens de production appartiennent à la collectivité ou a un État représentatif de la collectivité. Un autre grand penseur qui est plus qu’intéressant à regarder est l’économiste français Thomas Piketty. Celui qui a reçu le prix du meilleur jeune économiste de France en 2002 critique très ouvertement le système dans lequel nous vivons actuellement. En 2013, il a publié un essai s’intitulant Le Capital au XXIe siècle qui critique la répartition des richesses des pays développés. Pour lui, cette mauvaise répartition des richesses est un problème majeur pour la stabilité des sociétés démocratiques modernes. Selon ses études, la minorité qui détient le capital de la planète en sa quasi-totalité s’enrichit plus rapidement que le reste de la population. Bref, tout indique que l’inégalité va continuer de s’accroître à une vitesse phénoménale. La meilleure solution, a priori, que propose l’auteur pour régler ce problème est l’imposition progressive. Ceci signifie que plus la valeur du montant imposé est importante, plus le taux d’imposition est, lui aussi, élevé. Par exemple, un revenu annuel de 20 000$ est imposé à 10% et celui de 30 000$ est imposé à 15%. En clair, avec ce type de taux d’impôt, une personne payée 3 fois plus qu’une autre, par exemple, paie 5 fois plus d’impôt. Certes, nous sommes loin d’établir une telle proposition, elle est d’ailleurs elle aussi contestée par d’autres économistes, mais Piketty essaie certainement de faire bouger les choses et ne veut pas léguer un système capitalisme aux générations futures. Le dernier homme important à connaître est Georges Soros. Soros est un financier américain maintenant milliardaire. Il est devenu célèbre suite à ses spéculations sur les devises et les actions. En 40 ans, « l’Homme qui fit sauter la banque d’Angleterre » accumule une fortune estimée à 20 milliards de dollars américains. Même si c’est le système capitaliste qui l’a rendu aussi riche, il n’est toutefois pas pour ce système. En effet, pour Soros, se faire une fortune en misant sur des devises et des actions est un moyen pour critiquer les failles de notre système. En 2006, il publia Le grand désordre mondial où il y décrit, selon ses théories, la possibilité de faire une « société ouverte » où l’argent ne serait plus une raison de faire la guerre, mais une raison pour faire la paix. Une société basée sur une répartition équitable des richesses mondiales. Cependant, encore une fois, cet ouvrage a été critiqué par certains économistes. Il est aussi important de mentionner que Soros finance beaucoup d’études scientifiques et aide des pays en difficultés comme l’Ukraine dans des moments de conflits.
Après ce court survole du système capitalisme, nous avons pu observer sur quoi se base ce système, ce que soutienne ceux qui prône ce système et ceux qui le critique. Cependant, ce concept a été un choix que l’humain a fait, il y a de cela plusieurs années, et nous devons collectivement faire un choix. Soit nous continuons de vivre dans ce système, soit nous décidons de le changer. Cette deuxième option n’est certes pas facile à faire, mais nous savons qu’il existe d’autres concepts économiques très intéressants qui s’offrent à nous. Selon moi, se mobiliser pour changer ce système économique serait un grand pas vers l’avant qui nous aiderait par la suite à régler des problèmes plus « essentiels » comme le réchauffement climatique ou la pauvreté.
[1] Entrée « Capitalisme » sur Larousse.fr (lire en ligne [archive])
[2] Idem
[3] Entrée « Profit » sur Larousse.fr (lire en ligne [archive])
[4] Richesse des nations, IV, 2
[5] Statuts de l’association internationale des travailleurs [archive], Karl Marx, 1864.