Un anonyme (ils sont toujours anonymes, on se demande pourquoi…) m’a écrit "retourne dans ton égout et oublie moi". Le commentaire a été censuré, ce en quoi la censure, qui ne me connaît pas encore et qui veut garder une certaine "tenue" sur ces pages où il ne me semble pas qu’un groupe dévolu à l’injure ait été créé, a bien raison.

Cependant, l’égout me fait penser qu’on m’assimile à un rat. "Retourner à mon égout" me serait difficile, je n’y suis jamais allée. Je pourrais donc aller y faire une première incursion, mais vu la raideur de l’échelle d’accès, même si j’arrive à descendre, il faudra appeler les pompiers pour m’en sortir, pas très sympathique pour les pompiers qui sont vraiment gentils et serviables. Et souriants. Et qui seraient obligés, à la Strauss-Kahn, de me pousser aux fesses pour que je grimpe (elle est forte, celle-là).

Le rat est un animal très intelligent donc, si on m’y assimile, je vais crever, pire que la grenouille de La Fontaine, de vanité gonflante. Par contre, j’ai une solide réputation de rat de bibliothèque, réputation bien méritée et, comme je suis, de vocation familiale, sur plusieurs générations, une tête chercheuse acharnée, il est certain que je suis un gros, très gros rat… Récemment, j’ai rencontré un rat domestiqué dans un escalier. Je lui ai dit "mais je t’en prie, descends donc, et GROUILLE-TOI!" Il a protesté, visiblement peu habitué à se qu’on lui parle sur un ton agressif. Je le voyais arriver droit sur moi. Horreur. Alors, je l’ai (un peu) menacé du bout d’une de mes cannes et là, il a pris la poudre d’escampette en couinant son mécontentement, je crois qu’on peut dire qu’il m’a injuriée. Oui, oui… J’avais vraiment honte vis-à-vis de lui, puisque la seule chose que je lui reprochais, c’était d’être là, là, en ma présence.

Après tout, il y a plein d’animaux chez moi. C’est chouchouté, poupoulé. M’avait rien fait, ce rat. À la réflexion, il était assez sympathique devant ma trouille viscérale en me clamant visiblement : "non, mais, dis-moi, tu as quoi de plus que moi ?" Rien. Rien de rien. À part le fait de pouvoir l’embêter parce que je suis plus grande… Je n’irai pas dans l’égout. Non, Monsieur ou Madame. Ce rat là avait raison. Il habitait le premier étage, palier que j’occupais précisément donc, il était chez lui. Maintenant, si cela m’amuse de parler de la déesse Kabanon et de dire que je suis féministe et qu’il n’a jamais fait bon de me mettre la main aux fesses, je n’importune personne (sauf ceux qui ont tenté l’expérience… Z’ont sans doute pas oublié, ça laissait des cicatrices).

Voilà. Entre rats, nous nous comprenons. Mais vous n’êtes pas un rat. Dommage…