Les possibles et nécessaires concessions iraniennes sur le dossier nucléaire

 Assassinats, cyberattaques, mesures de rétorsion économique, isolement diplomatique. Face à la pluie de contraintes et de coups qui se multiplient, Téhéran semble, désormais, ne plus pouvoir faire d’autre choix que celui de la négociation.

 Le 29 novembre 2010 deux scientifiques iraniens, Majid Shahriari et Fereydoun Abbassi Davani, étaient visés par des attentats, et ce en raison de leur implication dans le programme nucléaire de la république islamique.

Passé inaperçu quelques semaines avant une rencontre prévue entre le groupe des Six (les cinq pays permanents de Conseil de Sécurité plus l’Allemagne) et les iraniens, l’évènement semble participé à un ensemble d’agressions visant l’Iran dont l’accumulation pourrait à terme forcer le régime islamique à se montrer plus conciliant sur le dossier nucléaire.

Dans cet esprit la batterie de sanctions économiques et commerciales allant vers toujours plus de sévérité à l’encontre de l’Iran, semble incontestablement devoir forcer le régime à se montrer moins intransigeant et extrême.  Ciblant prioritairement les entreprises et personnages très impliqués dans le programme nucléaire ces mesures de rétorsion portent des coups bien plus décisifs à l’économie iranienne que ce que la propagande du régime se montre prête à accepter.

Et de fait le Guide Suprême, Ali Khamenei,  ainsi que le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, ont beau chercher à faire croire que l’ensemble de ces sanctions reste sans trop de conséquence sur le quotidien et l’économie du pays, la réalité semble bel et bien être contraire.

Des voix se sont récemment élevées en Iran pour qu’émerge à l’extérieur du pays cette vérité. Celle des députés et des religieux de la ville sainte de Qom apparaissant sans conteste comme parmi les plus prestigieuses et crédibles  sur la question. Ces derniers n’ont, en effet, de cesse de pointer l’impact réel des sanctions et de prêcher publiquement pour une mesure objective de leur cout économique et social.

Plus grave pour le Régime se trouve devant l a contrainte d’avoir à réformer  l’ensemble du système de subventions alimentant l’activité économique. Asséché économiquement le gouvernement, par le biais du président Ahmadinejad lui-même, a annoncé son intention de faire baisser le système d’aide qui jusque là permettait de faire artificiellement baisser le prix des biens de consommation, et ce au prétexte qu’il augmente les déficits.

De même l’isolement international de l’Iran ne cesse d’aller en se confirmant et en s’accentuant. Les dernières révélations de Wikileaks, plus que d’avoir écornées les Etats-Unis, ont en réalité montrées  l’étendue des haines que l’Iran suscite chez ses voisins limitrophes et immédiats.

Pour preuve de cette perte d’influence de l’Iran à l’international il y a le vote, à la mi-novembre, d’une résolution, au sein de l’ONU,  dénonçant les atteintes aux droits de l’homme en Iran. Et puis n’en déplaise aux tenants de la ligne dure du régime les traces de l’élection volée d’Ahmadinejad, restent toujours vivaces.

A cela s’ajoutent en plus l’ensemble des difficultés techniques que le régime rencontre dans son programme nucléaire et balistique. Ses capacités réelles sont largement exagérées, tout à la fois en ce qui concerne le versant de l’enrichissement nucléaire qu’en ce qui concerne celui des missiles. De même toutes les cyberattaques qui incessamment visent et ralentissent les opérations nucléaires constituent un handicap de plus. Ce front purement informatique, virtuel et « viral » constituant, sans conteste, une nouvelle arme à coté des attentats purement physique visant les scientifiques en charge du programme.  Car il est évident que de telles attaques ne peuvent qu’émaner d’autres Etats et absolument pas de simples particuliers férus de hacking.  Le Mossad, plus spécifiquement, apparaissant comme le impliqué dans ce type d’opération, eu égard à la proximité géographique du danger pour Israël.

Ainsi s’esquisse un Iran rendu solitaire et réellement affaibli à la suite de son entêtement nucléaire et en réponse à l’ensemble des mesures prises pour l’en dissuader.

Il semble de plus en plus évident que cette suite de coups qui lui est portée devrait pousser la diplomatie iranienne à reconsidérer sa stratégie. Car un autre allié semble de plus en plus devoir faire défaut à l’Iran : le temps, jusqu’alors plus sûr atout du jeu de cache-cache et d’évitement des autorités diplomatiques perses.  A l’avenir il ne sera plus guère possible pour elles d’accepter de négocier qu’à l’unique et implicite condition de pouvoir négocier en position de force et sans trop de concession à accepter. Désormais l’Iran va devoir négocier sans trop de certitude quant aux gains, concessions et points d’accord à trouver.

Mais que Téhéran soit de plus en plus dans l’impossibilité de pouvoir refuser d’avoir à négocier ne présage pas d’un sortie de crise imminente, bien au contraire. Toutes les hypothèses rationnelles concluant à son incapacité, à terme, d’ainsi pouvoir tenir une ligne dure n’ayant sens qu’en présence d’acteurs politiques iraniens ayant fait le choix du bon sens et non de l’extrémisme.