Je ne voudrais pas toujours jouer les rabat-joie de service mais encore une fois, les illusions perdues prennent le dessus, alors que je viens de recevoir un courriel qui affiche le résultat décevant d’une pétition à laquelle je m’étais joint il y a quelques temps. Pour celles et ceux d’entre vous n’auraient pas entendu parler de la loi ESR "Fioraso", celle-ci vient d’être votée, impliquant,entre autres choses, que les universités pourront désormais dispenser leurs cours en anglais au nom d’une certaine compétitivité. Bien entendu, la levée de bouclier ne s’est pas fait attendre, diantre, nous sommes encore en France et notre langue, patrimoine international, ne peut souffrir cette rebuffade au nom de la sacro-sainte mondialisation. Mais, débattre de cette loi n’est pas le sujet de cet article mais parlons plutôt du "comment" une poignée d’irréductibles Gaulois ont tenté de s’y opposer.
Le Français, cet irascible et éternel mécontent passe une large part de son existence à se plaindre et râler contre tout et n’importe quoi… Tout et n’importe quoi, oui, et plus au nom du principe de précaution, habitué à se faire allégrement entuber à chaque fois qu’on lui a proposé de s’exprimer par les urnes, que par conviction réelle. Savoir bien râler s’exerce à divers niveau, d’abord au niveau du couple lorsque les horaires de boulot permettent à madame et monsieur de passer quelques minutes à parler d’actualité ou simplement de la hausse de la dernière facture d’électricité, ou encore à l’occasion du repas dominical auquel ont été conviés tonton et tata, pépé et mémé pour ne citer qu’eux, mais aussi entre potes, dans la chaude ambiance du bar chez gégène ducoin, surtout après que soient passés par là quelques petits jaunes rafraîchissants pour le gosier mais échauffant surtout pour les esprits qui se débrident. Râler, aux yeux de nos pays voisins, est un sport génétiquement incontournable comme l’est le football pour les Espagnols aux gosses desquels on offre le premier maillot "Messi 10" dès le plus jeune âge. Bref, souvent à raison, il faut bien, de toutes façons, défendre chaque centimètre carré de liberté que les lois scélérates tentent de nous enlever au quotidien, question d’honneur.
Il y a plusieurs catégories de râleur. Ceux qui ne font que s’exprimer, d’abord dans la première essence qu’est le monologue ou le dialogue, tel que cité plus haut. Pour certains autres, un peu plus affûtés, cela va de la revendication écrite, presque toujours via internet sur les réseaux et blogs, sous forme de simples commentaires en réponse à un article défini, ou encore, et là, pour les moins timides, par la rédaction de pamphlets ou d’article dans certains support tel l’excellent C4N, pour ne citer que lui parmi tant d’autres. Puis vient l’autre classe de râleur, plus radical, revendicatif, qui passe à l’action et qui sait prendre le temps, au lieu de regarder téléfoot le dimanche, de rejoindre une bande de joyeux drilles qui ont décidé de clamer leur mécontentement par une manifestation dans la rue, quel que soit le temps qu’il fait ce jour là, arpentant, le trajet autorisé par la préfecture, scandant, dans la gaieté ou la colère, selon l’humeur du jour, les slogans que les Gentils Organisateurs, souvent organisés eux même, ont pensé à leur préparer auparavant. Arrive enfin le dernier type de râleur, le pétitionnaire, celui qui ose utiliser le carcan légal et politique pour s’exprimer, qui est certain que sa doléance sera mieux entendue puisque portée par un moyen qui ne trouble pas l’ordre public, savamment préparé, rédigé dans un Français intelligible et sans faille aux yeux du destinataire présupposé d’une culture infiniment plus évoluée que le prolo cromagnonesque de base que constitue, selon l’avis de ce même destinataire, la majorité de la population.
Alors, nous savons tous ici, par expérience personnelle ou par oui dire, que la revendication par les trois premières méthodes ont tendance à ne pas porter les fruits escomptés, sauf parfois, peut être, les marrons lors d’une manif qui tourne mal… Attention, je ne me moque ni n’ironise sur le choix de porter son mécontentement, chacun fait, à son niveau, avec les moyens et la motivation dont il dispose à ce moment là. Simplement, à entendre certains cadres ou responsables de certaines organisation, qu’elle soient syndicales, associatives ou politiques, dans un monde civilisé et démocrates tels que celui dans lequel le progrès a porté notre civilisation occidentale instruite, il est de mauvais ton de se comporter tels des sauvages en scandant, d’autant qu’il existe ledit moyen égal et lui aussi démocratique qui s’appelle la pétition. Et pour suivre, j’illustrerai mon propos par l’exemple que je citais en préambule de ce papier, au sujet de la pétition contre la loi "Fioraso" : Il se trouve que mon appétit de savoir et d’information m’entraînent chaque jour sur les chemins, parfois savonneux, de bien des sites internet, aussi divers que variés, de confessions qui le sont tout autant, ce afin d’avoir, tout le temps, le maximum de sons de cloche pour m’aider à me forger une opinion sur tel ou autre sujet de notre quotidien. Je suis donc tombé accidentellement sur le site de l’UPR, mené par François Asselineau, que je lis de temps à autre, et ça n’engage que moi, tant j’apprécie globalement la synthèse qui y est développée face aux maux sociétaux que vit notre pays. Et parmi les dits maux, il en est un qui semble ronger notre bel orgueil gaulois, c’est laisser place, encore une fois, à l’anglois qui nous a tant pourri la vie au long de notre histoire officielle.
Alors, oui, je sais, UPR, c’est encore du politique, et ça va aussi contre mon principe de croire que les partis ne sont là que pour mieux diviser et contrôler la populasse "citoyenne" et votante mais, bon, François Asselineau a l’air d’un bougre assez honnête, qui semble de pas trop traîner de casseroles, à l’instar de tant d’autres politicards dont je ne m’aventurerai pas à donner une longue liste mais vous en savez autant que moi, pour sûr… Sur ces critères, donc, je me dis que, finalement, même si je suis certain dès le départ que les solutions à nos problèmes ne viendront pas par la politique telle qu’on la conçoit aujourd’hui, l’idée de participer à une pétition, ça ne mange pas de pain et si effectivement, ma signature permettait de gagner cette cause à laquelle j’adhère toutefois aussi, ce serait dommage de priver cette belle initiative de mon effort. D’autant que, pour avoir suivi, dès le départ, cette fantastique épopée, sous les encouragement régulier de son initiateur qui semblait certain de la portée de cette action, j’admirais la motivation et les certitudes de celles et ceux qui ont propagé le message salvateur. Pris avec un sérieux inégalable, du reste, l’équipe organisatrice se fendait pour publier tout aussi régulièrement le nombre croissant de signataires, dans une certaine liesse d’être sûr de son affaire, vaille que vaille… alors que le dit nombre, ayant atteint sur la fin, plus de onze milles paraphes électroniques, le doute n’était donc plus permis, la loi ne passerait pas, c’était déjà entendu, et l’on pouvait déjà ouïr, au loin, les trompes de la victoire pour une future marche triomphale populaire.
Et là, ce matin, alors que je commençais ma journée dominicale dans la même angoisse habituelle que les jours précédents depuis au moins cinq ans, ouvrant ma boîte de réception de courriers électroniques : Crac ! La mouche dans le lait, la bérésina, confirmée par le site internet qui avait supporté la dite pétition qui n’avait pas abouti. Bon, j’avoue, je triche un peu pour donner un ton un tantinet dramatique à ce texte puisque j’avais pu lire quelques jours auparavant que la fameuse loi avait d’ores et déjà été adoptée. Le message, dont voici un extrait, est assez explicite :
"Madame, Monsieur, Le cabinet du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ainsi que le Secrétaire général de la Francophonie, ancien Président de la République du Sénégal, Abdou Diouf, ont répondu aux courriers que François Asselineau, Président de l’Union Populaire Républicaine (UPR) leur avait adressés dans le but de leur remettre la liste des signataires de la pétition. La lettre envoyée par Matignon n’est pas signée par Jean-Marc Ayrault en personne, ni par son directeur de cabinet mais par un collaborateur de rang inférieur. Le contenu de la lettre est court et ne tient aucun compte des plus de 11.000 signatures qui se sont élevées contre l’article 2 du projet de loi « Fioraso » au travers de la pétition."
Ce qui veut dire que, malgré tout le baratin sur la démocratie, le poids de la sacro-sainte pétition, celui d’être initiée par un parti politique en bonne et due forme, propre sur lui, les gougnafiers d’en haut n’ont même pas levé un sourcil sur les 11000 signatures mécontentes que comportait le document ? Mais quelle surprise !!! Alors, bien entendu, ne surtout pas rester sur un échec, la lutte continue, réunions, conférences, colloques, alors même que, d’après le législateur, une loi votée démocratiquement ne peut plus être contestable ni contestée, je ne peux que constater que, même au niveau intellectuel le plus élevé, celui d’un chef de parti, les illusions vont toujours bon train et la croyance qu’à un moment, le peuple puisse avoir la parole, c’est faire preuve d’une étonnante naïveté, soit, encore, nous prendre pour de parfaits abrutis… Et c’est peut là que François Asselineau, entre autre opposant au gouvernement actuel, devrait repenser son mode d’action et reconnaître que, finalement, les pétition, ceux d’en haut, les oligarques qui nous enfument, ils s’en foutent bien, ma bonne dame… !
[b]De quelque coté qu’on puisse se tourner le gigantisme d’un état fait qu’une voix même amplifiée par une pétition bien préparée mais somme toute peu significative au plan du nombre de signataires n’atteint pratiquement jamais son objectif. Cela signifie que nos états sont trop gros pour qu’un individu puisse exprimer un mécontentement ou bien mieux une suggestion (les râleurs à tous bouts de champs professionnels sont les mal-venus et c’est normal !) Alors que faire ?[/b]
Bonjour zelectron, heureux de lire votre commentaire pertinent.
Que faire ? Eh bien, tout ou rien…
Peut être admettre à grande échelle que la gouvernance par représentation, sans outil indépendant de contrôle, n’est pas la démoratie.
Se demander ensuite si « le peuple » est vraiment d’accord pour faire l’EFFORT d’une vraie démoratie.
Déterminer une nouvelle consitution qui empêcherait tout conflit d’intérêt au niveau des « appelés à gouverner » etprévoierait des vraies sanctions adéquates (autrement que par les urnes, en tout cas…)
Savoir que l’oligarchie en place ne rendra pas les clés du pouvoir sans se défendre…
Ne rien faire, c’est accepter un retour progresif vers l’injustice sociale et l’esclavage pour une majorité d’entre nous.
Tout faire, c’est envisager que le peuple doive PRENDRE le pouvoir, présumément par la force, vu l’absence de moyens politiques.
Aujourd’hui, il nous manque une vaie force d’interposition insoumise et insurrectionnelle, dirigée par un chef de guerre, vers laquelle (guerre) nous allons de toutes façons inévitablement.