Les paradoxes de la peine capitale

 

C’est à la limite de l’hypocrisie que la droite politique appuie la peine de mort.

 

Les États-Unis sont le seul pays occidental à utiliser la peine de mort dans leur système de justice. Cette idée est défendue aussi bien par les Démocrates d’Obama, plus à gauche, et les Républicains, plus à droite. Un récent sondage au Canada indique que 68% des Canadiens sont favorables à cette mesure. Ici aussi, c’est la droite, rassemblée au Parti Conservateur, qui popularise cette idée.  En somme, les gens plus conservateurs appuient cela.  Là réside pour moi un grand paradoxe. Quand ces gens vous diront indignés à quel point l’intervention de l’État dans la société est malsaine et qu’elle rapproche le pays du communisme ou du fascisme, rappelez-leur qu’il n’y a pas plus grande ingérence du gouvernement que lorsque celui-ci condamne à mort un criminel.  Rappelez à ces partisans que lorsque qu’ils crient liberté face à  toute mesure du gouvernement, qu’il n’y pas moins libre que cet homme  mort sur une table d’injection. Rappelez à ces pro-vies qu’ils sont aussi pro-morts.  Ces conservateurs sont plus outrés face à une hausse de taxes qu’à une sentence injuste.

 

La peine de mort est pour moi une injustice. Le comble de l’injustice survient cependant lorsqu’une cour condamne à mort un innocent. Les exemples sont nombreux. Le fait est que lorsqu’on ouvre une porte aussi grande que celle de pouvoir tuer un humain, les erreurs peuvent survenir. Au Bangladesh, le 28 Août 2006, la Haute Cour a ordonné la libération immédiate de Shah Alam Babu condamné, à tort, pour un meurtre survenu en 1998. La Haute Cour a aussi démis de ses fonctions le juge ayant prononcé illégalement le jugement en l’absence d’un témoignage et une moindre preuve. Une affaire semblable est survenue aux États-Unis le 23 Juin 2006. Ces genres d’erreurs arrivent aux États-Unis, alors imaginez combien de fois cela peut arriver dans des pays où la démocratie est fragile ou inexistante et l’indice de corruption plus élevé? On compte aussi par centaine les erreurs pour des peines d’emprisonnement. Somme-nous assez naïfs pour nous croire infaillible avec la peine capitale?

 Un meurtre d’État, voilà ce qu’est la peine de mort.  Il a été démontré que cette peine n’est pas dissuasive  pour les criminels. Mais l’élément le plus inacceptable est probablement  le couloir de la mort. Cette dernière étape avant la peine capitale constitue une angoisse terrible et inhumaine pour le détenu. Comme l’écrivait Albert Camus, dans ses Réflexions sur la peine capitale,  pour qu’il y ait  justice et que le meurtre prémédité équivaut à  la peine capitale, «il faudrait que la peine de mort châtiât un criminel qui aurait averti sa victime de l’époque où il lui donnerait une mort horrible  et qui, à partir de cet instant, l’aurait séquestrée à merci pendant des mois. Un tel monstre ne se rencontre pas dans le privé.» La droite politique ne fait pas que croire en Dieu, elle veut aussi jouer à Dieu.

2 réflexions sur « Les paradoxes de la peine capitale »

  1. Excellent article dont je ne peux QUE partager le point de vue profond et éclairé. 😉

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