Les opérateurs ont-ils vraiment besoin de s’entendre pour profiter de leur monopôle ?

Le conseil de concurrence a condanné les trois opérateurs pour entente illicite, les accusant d'échanges d'informations entre 2000 et 2002.

Que ces faits soient avérés ou non, il faut bien avouer que les tarifs n'ont pas baissé, et restent équivalents chez les trois opérateurs.

Pouquoi ?

Supposons que les opérateurs aient cessé de s'échanger des informations, ce qui les met dans la légalité.

On se demande pourquoi la concurrence ne joue pas en faveur d'une diminution des tarifs. Mais peut-être devrait-on se demander pourquoi les prix devraient baisser.

 

Mettons-nous à la place d'un opérateur, par exemple bouyges télécom.

Bouyges possède environ 33% des parts de marché, comme ses deux concurrents. Il a deux solutions :

La première est de ne rien changer.

La segonde est de déclencher une guerre des prix en vue d'augmenter ses parts de marché. Mais que se passerait-il dans ce cas ? Il s'en suivrait une bataille commerciale dans laquelle chacun alignerait ses prix sur le concurrent, le tout accompagné de campagnes coûteuse pour les trois opérateurs.

Comme aucun des trois concurrents n'a d'atout particulier qui lui donnerait un anvantage décisif sur les deux autres, il est à prévoir que chacun garderait finalement ses 33% de parts de marché. Sauf que… les tarifs ayant baissé, les marges de chacun seraient réduites.

Résultat des courses : aucun intérêt. Le but d'une entreprise étant de gagner de l'argent, la première solution est de loin la meilleure.

 

Ce que cet article montre, c'est qu'il est totalement inutile pour Mr bouyges de contacter Mr SFR pour se mettre d'accord sur quoi que ce soit : la loi du marché le fait pour eux.

Pourquoi voulez-vous que Mr Bouyges lance une offre plus avantageuse que les autres alors qu'il sait que Mr SFR et Mr Orange proposeront l'équivalent dans les 10mn qui suivront ?

La téléphonie mobile est un des exemples d'échecs de ce système "tout libéral" sans aucune intervention des pouvoirs publics.

Si la justice peut sanctionner  une entente illicite, qui se caractérise par des échanges d'informations, ou au moins par une discussion entre deux concurrents, elle ne peut pas imposer à une entreprise privée de baisser ses prix si elle juge que ce n'est pas dans son intérêt.

 La solution : un nouvel opérateur privé ?

On verra bien, mais le plus logique est encore de penser que celui-ci va bien vite voir où est son intérêt : se contenter de ses 25% de parts de marché et se faire les marges les plus hautes possibles.

 

Une solution plus efficace serait de créer un opérateur sous contrôle de l'état, ce qui donne aux pouvoirs publics un moyen d'imposer indirectement des tarifs raisonnables. Évidement, pour cela, le mieux aurait été de ne pas privatiser France télécom…

5 réflexions sur « Les opérateurs ont-ils vraiment besoin de s’entendre pour profiter de leur monopôle ? »

  1. effectivement,
    Même si je n’ai pas donné le nom (que je ne connaissais pas), c’est ça. Ce que j’ai voulu montrer, c’est qu’il n’y a pas, pour le moment, de voie légale pour empêcher un tel phénomène, car, si je ne m’abuse, seul le monopole est interdit.

  2. Les abus des opérateurs
    Il est une émission de TV qui pourrait en intéresser quelques-uns. Le 2 mai dernier, Paul Amar a accueilli dans son émission Revu & Corrigé (France 5 ) Stéphane Dubreuil, Directeur Télécom et Médias de Sia Conseil, Marie-Jeanne Husset, Directrice de la rédaction de 60 millions de consommateurs et Gaëlle Patetta, Directrice du service juridique d’UFC-Que choisir. Le thème fut : les abus des opérateurs télécoms.

    Pour ceux qui auraient loupé le débat, ils peuvent le visionner sur le site

    http://telecom.sia-conseil.com/index.php/services-et-produits/revu-corrige-avec-stephane-dubreuil

  3. Je réinstalle correctement ce lien pour qu’il apparaisse entièrement en bleu, ce, de façon à ce qu’on puisse cliquer desssus !

    [url]http://telecom.sia-conseil.com/index.php/services-et-produits/revu-corrige-avec-stephane-dubreuil[/url]

  4. Pas initeressant (la vidéo),
    En fait, dans cette article, je mets en doute la thèse d’une [b]entente formelle[/b] entre les opérateurs.
    Pour tout ce qui est de leurs méthodes de facturation abusives, et de leur système de relations avec le client scandaleux, j’ai peut-être trouvé une solution.
    Il existe un système de forfait, « simpleo » (filiale de SFR), qui offre la possibilité de payer par chèque, comme une facture ordinaire.
    Pas de prélèvements automatiques = pas d’abus possibles.
    Si ils essaient d’arnaquer, je déduis purement et simplement le montant de leur arnaque du montant du chèque que j’envoie…

    En revanche, le reportage a, me semble-t-il un défaut (à vérifier).
    Il ne remet pas en doute l’affirmation des opérateurs selon laquelle les Européens seraient tous autant volés que nous.
    Il est vrai que le type ne parle que d’une moyenne. Mais certains de nos voisins (pays du nord, si je ne m’abuse), ainsi que les Américains ont des associations de consommateurs puissantes, et très soutenues par la population.
    Avec des associations puissantes la solution est toute trouvée. Explications.

    Les assoc appellent au boycott de SFR (au hasard), et annoncent qu’elles lèveront leur appel que si SFR propose les tarifs qu’elles exigent.
    Si le boycott est suivi, SFR est obligé de s’exécuter, et les deux autres doivent s’aligner, sous peine de perdre leur clientèle.

    Et dans le nord ou aux USA, les boycotts sont suivis !

    Naturellement, en France, ça n’arrive jamais…

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