Les larmes d’un entraîneur

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 La coupe du monde vient de se finir et avec elle, c’est la page Lievremont qui se tourne à la tête du XV de France. Les All Black ont peut-être remporté leur second titre mondial mais les français n’ont pas démérité en finissant sur la seconde place du podium après une défaite sur le fil, 8 à 7. L’entraîneur quitte donc son poste avec les honneurs où l’émotion fut palpable lors de sa dernière conférence de presse. Marc Lievremont est né à Dakar en 1968 dans une famille bien remplie, 6 frères et 1 sœur, et où le rugby est roi, tous l’ont pratiqué à un assez haut niveau. Lui-même a tâté du ballon en tant que défenseur et notamment en 3ème ligne, il était connu pour être habille quand il fallait gratter et plaquer, aussi bien sur le terrain que dans sa façon de parler. Il commence à jouer Argeles sur Mer et arrive à Perpignan à peine âgé de 20 ans. Six années plus tard, en 1994, ses efforts sont récompensés lorqu’il gagne la coupe de France. Ses performances attirent les grands clubs et c’est ainsi que le Stade Français jette son dévolu sur lui, il rejoint l’équipe en 1997. Là, son palmarès s’étoffe encore davantage, il connait de nouveau la joie que procure le fait de soulever la coupe de France en 1999, ainsi que le bonheur de terminer premier du championnat en 1998 et en 2000. Sa prochaine destination le mène à Biarritz où il va retrouver son frère, Thomas, et une fois de plus, il connait les honneurs du championnat de France. Tout se passe bien pour lui jusqu’au terrible jour, en 2002, où sur une blessure au genou, il doit mettre une fin précoce à sa carrière pourtant très promettante. Parallèlement à son parcours en club, il revêt le maillot national orné du coq doré, de 1995 à 1999. Il fait, notamment, partie de la fabuleuse épopée du mondial malheureux de 1999 ponctuée par une victoire par KO des australiens sur des français pourtant valeureux. Il aurait pu en rester là, blessé, et tirer un trait sur sa passion. L’homme est tenace, un vrai tempérament fougueux et dévoré par son amour pour l’ovalie, il continue à tutoyer les terrains en tant qu’entraîneur. Il reste à Biarritz et transmet son savoir à la jeune génération en coachant l’équipe des juniors. Il fait de même avec l’équipe de France des moins de 21 ans. De Biarritz, il passe à Dax, ses compétences permettent de faire monter l’US Dax dans le très convoité Top 14, l’équivalent de la Ligue 1 pour le football. En 2007, après une nouvelle défaite de l’équipe nationale en finale de la coupe mondiale, Bernard Laporte rend son tablier. Le président de FFR ne voit personne d’autre que Marc Lievremont pour préparer les bleus à la prochaine compétition qui aura lieu en 2011 dans le sanctuaire du ballon ovale, la Nouvelle Zélande. Entre temps, il mène la France à la victoire, le moral dans les chaussettes après une coupe du monde de foot sud-africaine complétement ratée, il a su redonner le moral aux supporters français. En effet, le XV parvient à s’imposer lors du Tournoi des VI Nations et effectuant, au passage, un Grand Chelem. La plus grande compétition commence et la bonne humeur n’est pas toujours au rendez-vous, les relations vont être compliquées, aussi bien avec les joueurs qu’il traite de « sales gosses » et avec les journalistes, son «  tu m’emmerdes avec tes questions ! » restera dans les annales. Il n’a pas sa langue dans sa poche et il n’a qu’une parole, la moustache qu’il revêt devient un emblème alors qu’elle résulte d’un pari perdu. Marc part auréolé de gloire argentée même si l’or était à portée de main.