Les Kouchner, diplomates hors paires

Copain de François Hollande du temps de Jospin, ancien ministre des Affaires étrangères du temps de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner vient de rendre un (premier ?) hommage au président à la suite de l’intervention française au Mali. Coïncidence ? Christine Ockrent, compagne de Bernard Kouchner, obtient une émission hebdomadaire, Affaires étrangères, tous les samedis à l’heure de la pause déjeuner, sur France Culture… Un apparentement circonstanciel ?

Dans un entretien avec Le Parisien dont on ne sait qui, de l’ex-ministre des Affaires étrangères de Sarkozy ou de la rédaction du quotidien, l’a sollicité, Bernard Kouchner a rendu un discret, mais net, hommage à François Hollande. Au passage, on s’amusera de la manière dont Le Figaro en a rendu compte, sans relever le satisfecit accordé à l’Élysée…

Or donc, pour B. Kouchner, F. Hollande constitue une bonne surprise et N. Sarkozy n’est plus le phare de la pensée stratégique que campait son ex-ministre des Affaires étrangères.
« François Hollande a très bien fait. Mais l’ingérence, cela se prépare (…) [en Libye] il fallait bien sûr empêcher le massacre de Benghazi.
Mais il aurait fallu rester un peu plus longtemps pour s’assurer que les arsenaux seraient détruits, que les pays voisins contrôleraient les frontières et tenteraient d’arrêter les bandes surarmées qui passent… Rien de tout cela n’a été fait
. ». L’évidence même, mais cela déteint avec le sentiment de Rachida Dati, à fond derrière le chef des Armées, mais estimant que l’heure n’est pas au bilan (donc à la critique des faits antérieurs).

B. Kouchner en remet une couche : «  Il ne faut pas le mésestimer. Lui qui n’était pas réputé pour connaître le monde international, là, il l’apprend. Très vite. (…) Je ne soupçonne pas une seconde François Hollande de s’être engagé dans une guerre de ce genre pour des raisons de politique intérieure.&bnsp;». 

Puis d’ajouter que, si on le lui demandait, il reprendrait du service. Sa compagne, Christine Ockrent, s’en chargera donc sur France Culture, entre 12h45 et 13h30, et elle traitera de politique étrangère. Qu’elle soit ou non écoutée importe assez peu : elle le sera par les agences, et ses petites phrases seront répercutées dans le reste de la presse.

Mais, au passage, l’artiste empochera un cachet. Dont elle n’a absolument nul besoin. Et si elle avait voulu simplement exister, s’exprimer, il y avait assez de sites, Huffington Post ou autres Atlantico, de radios autres que les plus en vue et rémunératrices, pour aboutir au même résultat. Une collaboration gratuite d’Ockrent, même en supputant qu’elle pourrait être intéressée pour d’autres raisons que désintéressées (relayer des éléments de langage, cela se récompense d’une manière ou d’une autre), cela ne se refuse pas.

Déjà, du temps de « l’ouverture », celle ayant bénéficié à B. Kouchner s’était doublée d’une autre, Christine Ockrent devenant la cheffe d’AEF chapeautant RFI et France 24 pour une rémunération mirobolante.

Bref, tandis que Monsieur se faisait des testicules en or au Quai d’Orsay, Madame se voyait offrir des ovaires en platine en ondine télévisuelle, les quatre gonades faisant les paires. Là, peut-être faudra-t-il se contenter de plaqué argent (une petite mission de missi dominici discrète, une petite émission). Mais il n’y a pas de petits profits. 

Déjà, le 31 mai 2012, soit juste après la présidentielle, en dépit de l’évidence et de déclarations antérieures, B. Kouchner assurait sur RTL n’avoir « jamais voté à droite ». Le 23 août, dans Paris-Match, il affirmait avoir été souvent court-circuité par l’Élysée (de Nicolas Sarkozy) sur la Syrie. Par petites touches, il a procédé à sa remise en selle. Il a peut-être même contribué à placer Serge Telle, son ex-dircab adjoint au Quai d’Orsay dès 2007, auprès de Michel Vauzelle et de Jean-Marc Ayrault, à la tête de la Délégation interministérielle à la Méditerranée qui remplace la Mission pour l’Union méditerranéenne.
À présent, voici C. Ockrent à France Culture.

Sacré Nanard, qui ne verrait pas d’un mauvais œil l’autre, Bernard Tapie, à la mairie de Marseille, car le nouveau patron de La Provence et de Var-Matin « pourrait avoir sa place dans la galerie des socialistes marseillais ». Allez, une tribune libre par ci, une autre par là, pour Ockrent dans les journaux Tapie ?
Et puis, pourquoi pas… Attendez-vous (peut-être) à écouter une émission spéciale de Christine Ockrent, pour France Culture, sur le yacht de Bernard Tapie au large de Chypre ou du Liban…

Quel ménage ! Quels ménages ! Pour ce billet, l’hésitation était permise : rubrique People ou Argent et bonnes affaires ? On retrouvera sans doute aussi la reine Christine en rubrique Mode, car son nouveau rôle à France Culture lui permettra de faire des tours d’atours sur les plateaux de télévision, en tant qu’invitée désintéressée, bien évidemment. En compagnie de Rachida Dati ? Ou de Roselyne Bachelot ?

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « Les Kouchner, diplomates hors paires »

  1. En tant qu’actionnaire de France Culture par mes impôts, je demande à connaître les émoluments de Mme Ockrent. Si je me souviens bien, elle touchait 750 000 €  annuels à France 24 !!! démentiel…

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